Trente-trois ans après la publication de cette fatwa, la menace de l’extrémisme et des activités terroristes soutenues par le régime en Iran reste plus présente que jamais. Les derniers incidents soulignent ce fait tout en soulignant le rôle que Raïssi a joué dans l’amplification de la menace depuis qu’il a été installé au poste de président en juin de l’année dernière. De nombreuses personnes familières avec les affaires iraniennes n’ont pas tardé à avertir de l’impact que Raïssi aurait sur les activités malveillantes du régime, mais il y a eu peu de réponse à ces avertissements de la part des dirigeants des États-Unis ou de l’Union européenne à l’époque.
La présence éventuelle de Raïssi à l’Assemblée générale des Nations Unies suggère que les décideurs politiques occidentaux ne prennent toujours pas ces avertissements au sérieux, même s’ils continuent d’être validés par les développements en Iran.
Même avant l’inauguration officielle de Raïssi en août dernier, il était clair que les efforts de répression du régime pour intimider la population s’accéléraient déjà. La première moitié de 2022 a vu plus de deux fois plus d’exécutions que la première moitié de 2021 – un chiffre particulièrement effrayant compte tenu du fait que l’Iran est le leader mondial incontesté en termes d’exécutions annuelles par habitant. Et cela ne tient même pas compte des prisonniers, y compris les prisonniers politiques, qui meurent chaque année en raison de conditions difficiles et du refus délibéré d’accéder à des soins médicaux vitaux dans les centres de détention iraniens.
Il y a eu d’innombrables rapports de ce type de mauvais traitements au cours de l’année écoulée, ainsi que d’innombrables rapports d’arrestations à motivation politique dans le contexte de manifestations antigouvernementales. L’aggravation du climat de répression est exactement ce à quoi on aurait pu s’attendre sous l’administration Raïssi, à la lumière de son héritage en tant que juge clérical, procureur et, plus récemment, juge en chef du système judiciaire du pays.
En 1988, Raïssi a joué un rôle de premier plan dans le massacre de 30 000 prisonniers politiques, faisant partie des quatre membres de la «commission de la mort» de Téhéran chargés d’interroger les détenus des prisons d’Evine et de Gohardasht pour déterminer s’ils avaient des sympathies persistantes avec le principal groupe d’opposition prodémocratie, l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK). Du mandat de la commission de la mort est né une autre fatwa,celle qui serait prononcée contre Rushdie l’année suivante, sauf que dans ce cas, la cible de la condamnation à mort de l’ayatollah Khomeiny était un segment entier de la population nationale qui s’opposait à la théocratie tyrannique.
Raïssi, boucher du massacre de 1988 en Iran
L’application enthousiaste de Raïssi de cette condamnation à mort a été une aubaine à long terme pour sa carrière et a sans doute été l’une des principales raisons pour laquelle le guide suprême du régime, Ali Khamenei, l’a promu d’abord à la tête du pouvoir judiciaire, puis à la présidence. Khamenei cherchait à l’époque à consolider le pouvoir et à intensifier la répression à la suite du soulèvement national qui a secoué le régime des mollahs au début de 2018. Ainsi, lorsqu’un soulèvement encore plus important a éclaté en novembre 2019, le CGRI a ouvert le feu sur les manifestations dans de nombreuses villes, tuant au moins 1 500 personnes, et le système judiciaire de Raïssi a lancé une campagne de torture de plusieurs mois contre bon nombre de ceux qui ont été arrêtés au milieu de la violence.
En mars 2018, les autorités albanaises ont découvert un complot visant à déployer un camion piégé contre le siège du MEK dans le pays. Au mois de juin suivant, un autre attentat est déjoué en Europe occidentale, celui-ci visant un rassemblement international d’expatriés iraniens près de Paris, organisé par le Conseil national de la Résistance iranienne. Le cerveau de ce complot, un diplomate iranien, Assadollah Assadi, a été condamné l’année dernière par un tribunal belge à 20 ans de prison, mais l’enquête sous-jacente a révélé qu’il avait été en contact avec un certain nombre de collègues opérant sur une grande partie du continent.
Le mois dernier, il a été révélé que les autorités albanaises avaient exécuté des mandats de perquisition pour plusieurs propriétés et interrogé plusieurs Iraniens associés au régime iranien qui étaient coordonnés par le régime des mollahs pour cibler les membres de l’OMPI.
L’un des exemples les plus flagrants de cette tendance à la complaisance est la signature d’un traité entre la Belgique et le régime iranien, qui ouvre la voie à la libération d’Assadi dans le cadre d’un échange de prisonniers. Les déclarations de journalistes internationaux et de législateurs américains ont décrit ce traité comme un « échec des efforts de l’Europe pour lutter contre le terrorisme » et ont déclaré qu’il « permet au régime iranien d’établir son centre de commandement terroriste européen en Belgique » en donnant aux agents potentiels une raison de croire qu’ils ne subiront aucune conséquence grave pour leurs opérations terroristes.
Ce message trouverait sans doute écho chez les dirigeants occidentaux, alors que Raïssi reste l’objet d’une invitation à assister à l’Assemblée générale de l’ONU le mois prochain. À moins qu’elle ne conduise à son arrestation, la présence de Raïssi à New York ne peut être considérée que comme un symbole de la volonté américaine de fermer les yeux sur les menaces terroristes qu’il a sans aucun doute supervisées en tant que président du régime iranien.
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