Les journées chaudes et brûlantes du mois d’août nous rappellent les 30 000 personnes massacrées en 1988. Ce furent les jours turbulents et gorgés de sang de l’été 1988, lorsque Khomeini ordonna que 30 000 prisonniers politiques soient envoyés à la potence et exécutés par les pelotons d’exécution. Ce furent les jours et les nuits pendant lesquels personne ne savait ce qu’il était advenu des prisonnières qui soutenaient les Moudjahidin-e-Khalq (PMOI) dans tout l’Iran. Mais l’histoire attestera de leur loyauté envers la liberté.
Qui était Fariba Dachti ?
Fariba Dachti était l’une des femmes courageuses et victorieuses qui ont été exécutées dans la prison d’Evine au cours de l’été 1988. Fariba, ainsi que de nombreuses femmes de l’OMPI, ont été exécutées à la suite de la fatwa de Khomeini.
Fariba Dachti est née à Abadan en 1963. Elle n’avait que 15 ans lorsque la révolution antimonarchique a débuté, et elle a commencé ses activités politiques contre le chah avec d’autres étudiants passionnés. Elle a pris part à l’écriture de slogans contre la dictature du chah sur les portes et les murs de l’école et a participé avec enthousiasme aux manifestations.
Après la révolution anti-chah de 1979, Fariba s’est passionnée pour les opinions et les aspirations de l’OMPI après avoir entendu un discours du leader de l’OMPI, Massoud Radjavi, à l’université de Téhéran.
Cette jeune adolescente éprise de liberté, qui aimait les opprimés et les démunis, a élargi ses activités peu de temps après. Elle se consacre à plein temps à la section étudiante de l’OMPI.
Après le 20 juin 1981, au plus fort de la répression et des exécutions en Iran, Fariba s’est cachée. Bien que le régime ait cherché à arrêter les membres et les partisans de l’OMPI, elle a poursuivi ses activités sans crainte ni hésitation. Elle voulait briser le silence et la tyrannie qui régnaient dans la société.
Une sortie victorieuse de la dure épreuve de la torture et de l’emprisonnement
Fariba Dachti avait 18 ans lorsqu’elle a été arrêtée par le Corps des gardiens de la révolution (IRGC) et envoyée à la prison d’Evine. Elle était rebelle et avait un esprit combatif. Elle a été soumise à toutes sortes de tortures en prison pour avoir défendu l’OMPI et la cause de la liberté du peuple iranien. Le temps passé en prison et la torture n’ont eu aucun effet sur la détermination et la motivation de cette jeune femme ; au contraire, ils ont fait d’elle un phare à suivre pour les autres prisonnières.
Les murs de la prison ne demandaient qu’à entendre son soupir. Le fouet et le lit de torture se sentaient honteux de sa résistance, mais elle avait juré de symboliser le rire glorieux d’un conquérant et de ne prononcer que le mot « liberté ».
Les sourires affectueux de Fariba étaient comme un cri de victoire face aux épais murs de pierre de la prison d’Evine. Même la torture ne pouvait faire taire son rire joyeux.
Fariba Dachti passait des heures à se moquer de ses interrogateurs pour rendre ses compagnes de cellule heureuses. Chaque fois qu’elle entrait dans la salle, elle brisait l’atmosphère silencieuse pour redonner espoir et vitalité à ses codétenues. Tout cela provenait de la foi et de la volonté invincibles de Fariba.
Voici le souvenir que l’une de ses codétenues a gardé de Fariba Dachti : « Fariba Dachti a été continuellement punie, et avant son exécution, ils l’ont emmenée dans une salle fermée. Elle a passé cinq mois dans cette salle. Le quartier contenait de petites pièces, chacune remplie de prisonnières. Les portes de ce quartier n’étaient ouvertes et fermées que trois fois par jour pour servir les repas. Les prisonnières n’avaient pas le droit de se promener dehors et de prendre l’air.
« Chaque jour, la porte principale s’ouvrait et de nouvelles personnes étaient amenées à l’intérieur. La plupart du temps, la porte s’ouvrait avec beaucoup de difficulté car il y avait beaucoup de prisonnières derrière elle. Le quartier dans lequel Fariba Dachti et quelques autres étaient reteneus prisonnières était un appartement typique avec un salon et deux petites pièces. Il possédait une salle de bain et des toilettes et avait été utilisé comme section administrative d’Evine à l’époque du chah. Dans l’une des pièces, il y avait encore un panneau de porte portant la mention « Archive ».
« C’était un petit espace fermé, d’une chaleur angoissante et suffocante, avec des prisonnières entassées dans une petite pièce…. Ces problèmes ne dérangeaient cependant pas Fariba. Elle faisait de son mieux pour faire oublier à tous qu’ils se trouvaient à l’intérieur d’une prison.
« Ainsi, chaque contact avec l’ennemi était un motif pour faire une histoire et une blague pour ridiculiser les gardes. Fariba n’omettait rien, elle avait dit que tout ce qui venait du côté de l’ennemi était une blague pour elle. C’est ainsi qu’elle était toujours de bonne humeur et c’est évidemment la raison pour laquelle tout le monde se rassemblait autour d’elle et l’aimait beaucoup. Ils étaient motivés par son humour et parfois leurs rires pouvaient être entendus pendant des heures. Mais cela a aussi causé beaucoup d’ennuis à Fariba. »
Fariba Dachti a été emprisonnée avec d’autres héroïnes telles que Sousan Salehi, Tahmineh Sotoudeh, Forouzan Abdi,Nahid Tahsili, Roghieh Akbari Monfared, Parvin Haeri, Mahdokht Mohammadizadeh, Azam Attarzadeh, Ashraf Fadaii, Farangis Keyvani, Shekar Mohammadzadeh, Senobar Ghorbani, et bien d’autres encore. Elles étaient toutes des symboles de courage et de résistance en toutes circonstances.
Elles ont souffert de ne pas avoir le moindre moyen de subsistance et de la privation de respirer de l’air frais. Elles ont connu des épreuves et des tortures uniquement pour que le peuple de leur patrie soit libre.
Fariba Dachti, comme toutes les autres femmes héroïques, a ridiculisé la prison, les tortionnaires et la torture elle-même jusqu’aux derniers jours de sa vie.
Après des années de torture, avec la fatwa de Khomeini, elle a été envoyée à la chambre d’exécution au cours de l’été 1988. Fariba Dachti a été conduite à la potence avec un sourire de conquérante et a rejoint la galaxie des martyrs, dont son frère Houman, qui avaient été exécutés avant elle.
Toutes ces femmes mortes pour la liberté, ces âmes aimantes, ont résisté à la fatwa de mort de Khomeiny pour qu’aujourd’hui la gloire de leurs noms incarne le véritable sens de la vie pour chaque Iranien.
Source: CNRI Femmes
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