L’inflation galopante a considérablement réduit le panier alimentaire des familles iraniennes. Le 7 août, le responsable du syndicat des fruits et légumes a déclaré : « Les achats de fruits de la population ont diminué de 60 % au cours des dix derniers jours. » Tandis que l’agence de presse semi-officielle ILNA a rapporté que « la consommation annuelle de viande rouge par habitant des familles ouvrières est passée sous la barre des 3 kg. »
Les Iraniens protestent au péril de leur vie
En effet, le peuple iranien n’a rien d’autre à utiliser pour évacuer sa colère contre la mauvaise gestion et l’échec du régime iranien que sa vie. En 2019, le responsable du programme anti-suicide du ministère de la santé a reconnu qu’environ 100 000 personnes s’étaient suicidées en 2018. Selon ce responsable, le taux de suicide est alors passé de 94 à 125 pour 100 000 personnes en trois ans.
Début 2021, un responsable de la police scientifique a révélé que le taux de suicide avait augmenté de 4,2 % entre avril et octobre 2020 par rapport à 2019. En septembre 2021, l’association de lutte contre le suicide a ensuite déclaré que le taux de décès était passé de 6 à 7,2 personnes pour 100 000 personnes au cours de la dernière décennie.
En dehors d’autres facteurs vitaux, dont la croissance du chômage, la baisse des revenus des familles, la diminution du pouvoir d’achat, l’amenuisement du capital social, la perturbation de la confiance publique et les troubles sociopolitiques constants, au moins 288 femmes et hommes se sont suicidés à travers le pays, selon les statistiques précédentes.
La réalité de la situation est encore pire car de nombreuses tentatives ne provoquent pas la mort immédiate. Par exemple, ceux qui utilisent des comprimés de poison, sautent d’un immeuble, se pendent ou se tirent dessus perdront probablement la vie sur le coup, mais quelques-uns survivent.
Parmi toutes les méthodes de suicide, l’auto-immolation est la plus douloureuse. Les psychologues et les spécialistes des sciences du comportement décrivent l’auto-immolation comme une protestation sociale. Une protestation contre l’ensemble du système en place a conduit la personne à une déception absolue quant à l’avenir et anéanti ses espoirs d’une vie meilleure et décente.
Les données démographiques révèlent notamment que 27 % des suicides en Iran se font par auto-immolation. 71% des victimes sont des femmes, et l’âge moyen est de 29 ans. À ce sujet, le quotidien officiel Etemad a écrit : « De nombreux responsables devraient être tenus responsables de l’auto-immolation des Iraniennes et des Iraniens, que ce soit devant leur conscience ou devant la nation ! »
Huit travailleurs s’immolent en 70 jours
Au cours des 70 derniers jours, huit travailleurs se sont immolés après leur renvoi de leur emploi, à cause de contrats de travail imprécis ou parce qu’ils n’avaient pas les moyens de payer leurs dépenses courantes. Dans le même temps, des centaines de milliers de travailleurs, de retraités, d’enseignants et d’autres soutiens de famille ont continué à protester pour obtenir leurs salaires en retard. Et ce, alors que leurs salaires n’ont toujours pas été ajustés en fonction du taux d’inflation qui monte en flèche.
Le 22 mai, on a retrouvé l’un des travailleurs contractuels de l’usine de tabac Golestan dans la ville de Gorgan. Il s’était immolé devant les bureaux de l’usine. Le chef des services d’urgence de la province a déclaré que la victime était un homme de 50 ans qui souffrait de brûlures à 60 %.
Selon ses collègues, il avait 20 ans d’expérience professionnelle en tant que camionneur. A la suite d’un accident survenu sur le site de l’usine, il a été convoqué par le comité de discipline et sanctionné. Le conseil d’administration l’a transféré dans un autre secteur. Ce travailleur démuni s’est aspergé d’essence. Il s’est brûlé pour protester contre le comportement humiliant des dirigeants.
Le 23 mai, un employé de l’Organisation des eaux et des égouts de la ville de Qal’e Raisi, dans la province du sud-ouest de Kohguilouyeh-et-Bouyer-Ahmad, s’est également immolé. Le maire local a déclaré : « La victime était un employé de 40 ans. Il avait quatre enfants. Il s’est suicidé pour protester contre le refus de l’organisation de payer leurs salaires en retard et de clarifier leurs contrats de travail. »
Les responsables de la santé ont transféré la victime dans les hôpitaux des villes de Dehdasht et de Chiraz. Malheureusement, il est décédé en raison de la gravité de ses brûlures, deux jours plus tard.
Le 28 mai, un client du ministère de l’Industrie, des Mines et du Commerce de la ville de Bam, dans la province de Kerman (sud-est), s’est immolé dans le bureau du PDG du ministère. Le PDG a déclaré : « La victime était un réparateur de matériel de construction. Il avait un plaignant privé. Il était censé être renvoyé au bureau local des sanctions. Il avait protesté contre la décision du tribunal et a mis sa menace à exécution en s’immolant après le verdict. » La victime a été transférée dans un hôpital local avec une brûlure à 45 %.
Le 4 juin, un ouvrier s’est immolé à Yasouj, dans la province de Kohguilouyeh-et-Bouyer-Ahmad, parce qu’il n’avait pas payé une dette de 100 millions de riels [316 euros]. Cet homme marié, père de trois enfants, est décédé en raison de la gravité de ses brûlures.
Le 9 juin, deux employés de l’usine pétrochimique Farabi à Mahshahr, dans la province du Khouzistan (sud-ouest), se sont immolés pour protester contre leur licenciement. Les employeurs soutenus par le régime des mollahs ont licencié de nombreux travailleurs expérimentés pour réduire leurs dépenses. Les deux victimes avaient trois ans d’expérience professionnelle sur le site à leur actif.
Le 30 juillet, un travailleur de 30 ans s’est immolé dans la ville de Hani-van, dans la province occidentale d’Ilam, en raison de choix de vie difficiles. Un jour plus tard, un travailleur contractuel de l’Organisation des eaux et des égouts de Lahijan, dans la province septentrionale de Gilan, s’est immolé devant l’organisation. Il avait déjà été suspendu. Les responsables ont refusé de répondre à ses revendications. Le PDG de l’organisation a déclaré : « La victime était un employé chargé de l’écriture des contours et avait été suspendu par ses employeurs deux mois plus tôt. »
Source : INU/ CSDHI
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