lundi 12 juin 2023

La menace d’exécutions de militants politiques emprisonnés d’Ahwaz

 – Le régime iranien a récemment emprisonné des dizaines de militants politiques d’Ahwaz, les soumettant à des peines de longue durée. Les ordres d’exécution de six citoyens arabes sont également à l’ordre du jour. Les noms de ces citoyens arabes sont les suivants :

  • Habib Deris, 40 ans, né en 1983. Il est originaire du quartier de Kut Sayyed Saleh à Ahwaz et appartient à l’ethnie arabe.
  • Ali Mojdam, 40 ans, né en 1983. Il est citoyen arabe de la région de Kut Sayyed Saleh à Ahwaz.
  • Moein Khanfari, 30 ans, né en 1993. Il est originaire du quartier de Kut Sayyed Saleh à Ahwaz et appartient à l’ethnie arabe.
  • Mohammad Reza Moghaddam, 30 ans, né en 1992. Il est originaire du quartier de Fallahiye à Ahwaz et est de nationalité arabe.
  • Saleem Mousavi Alboshokeh, 39 ans, né en 1984. Il est citoyen arabe de la région de Kut Sayyed Saleh.
  • Adnan Mousavi Ghobishavi, 26 ans, né en 1996. Il est originaire du quartier de Fallahiye à Ahwaz et est de nationalité arabe.

La sœur de Habib Deris, prisonnier politique détenu dans la prison de Sheiban à Ahwaz, déclare : « Ils ont prononcé la sentence d’exécution pour mon frère et plusieurs autres prisonniers de la prison de Sheiban. S’il vous plaît, aidez nous et soyez notre voix.

Allégations conduisant à une condamnation

Le pouvoir judiciaire iranien a affirmé que ces six militants politiques arabes ont été impliqués dans des opérations distinctes qui ont tué deux membres des bassidjis, un agent des forces de l’ordre et un soldat conscrit. Ces six citoyens arabes ont été arrêtés au milieu de l’hiver 2019, coïncidant avec des manifestations ouvrières de grande ampleur dans la province du Khouzistan, puis transférés à la prison de Sheiban à Ahwaz. Leurs condamnations à mort ont été prononcées sur la base d’allégations non fondées des pasdarans concernant leur implication dans le meurtre d’un de leurs officiers. Sous la torture, ils ont été contraints d’avouer qu’ils se livraient à la « contrebande de devises et à des transferts via une banque étrangère, ainsi qu’à des attaques armées » et qu’ils avaient des liens avec le mouvement politique « Al-Nidal ».

Extrait des médias judiciaires iraniens : « Les membres de la branche militaire de ce groupe terroriste, qui exécutaient les ordres de leurs chefs basés en Europe, tels que Habib Nabgan et Habibollah Cha’ab, étaient responsables d’opérations terroristes distinctes, notamment de l’assassinat de deux membres des bassidjis, Ali Salehi Majd et Younes Bahr, à Abadan, d’un employé des forces de l’ordre, Allahnazar Safari, et d’un soldat conscrit, Mohammadreza Rafiee-Nasab, à Bandar Imam Khomeini. « 

Verdict du tribunal

Le matin du lundi 6 mars 2023, l’agence de presse Mizan du pouvoir judiciaire iranien a annoncé que les six militants politiques arabes d’Ahwaz avaient été condamnés à mort. Selon la dépêche, le tribunal révolutionnaire d’Ahwaz a condamné à mort Ali Mojdam, Mohammadreza Moghaddam, Moein Khanfari, Habib Deris, Adnan Ghobishavi et Salem Mousavi, arrêtés à Ahwaz et dans les villes voisines par le Département du renseignement en 2017 et 2018, sous l’accusation d’appartenance au « Mouvement de lutte arabe » et de « meurtre de deux membres des bassidjis, d’un membre des forces de l’ordre et d’un soldat. »

« Les six militants politiques ont été condamnés à mort pour des chefs d’accusation tels que guerre contre Dieu, rébellion contre le régime et corruption sur terre. » Ce verdict n’est pas définitif et peut faire l’objet d’un appel devant la Cour suprême.

Confessions forcées

Au cours du procès et de la prise de décision concernant les six citoyens arabes iraniens à Ahwaz, le tribunal révolutionnaire d’Ahwaz s’est appuyé sur des aveux extorqués sous la torture à ces militants politiques pour les déclarer coupables et les condamner à mort.

Habib Deris a subi des tortures physiques et psychologiques inhumaines pendant sa détention. Un ancien prisonnier politique l’a cité à propos de la torture : « Alors qu’il avait les mains et les pieds liés, les interrogateurs l’ont suspendu au plafond, lui ont plongé la tête dans l’eau à plusieurs reprises et lui ont recouvert le visage de serviettes mouillées, le poussant au bord de l’asphyxie.

Le prisonnier a ajouté : « Habib a déclaré : « Ces tortures allaient au-delà de celles pratiquées avec des câbles et des tuyaux verts. Ils me battaient si impitoyablement avec des câbles et des tuyaux verts que mon corps était blessé et saignait, et que ma peau était pelée ». Les pasdarans ont également enlevé la femme et l’enfant de Habib pour le torturer davantage. Ces formes de torture physique et psychologique obligent les prisonniers politiques à faire des aveux sous la contrainte et à accepter des accusations fausses et graves.

Ali Mojdam, un autre accusé dans cette affaire, a été torturé par les pasdarans, qui lui ont notamment administré des chocs électriques dans les oreilles. Les yeux bandés, ils ont placé sa main sur l’écran d’un appareil et l’ont forcé à le toucher avec ses doigts. Lorsqu’il est entré en contact avec l’écran, un choc électrique lui a été administré sur le corps. Au cours de l’interrogatoire d’Ali Mojdam, les gardiens de la révolution (pasdarans) ont également arrêté sa femme et son jeune enfant pour l’obliger à « avouer » tout ce que les interrogateurs voulaient devant la caméra.

Avant même le procès d’Ali Mojdam, le régime iranien s’est lancé dans une campagne de propagande en diffusant ses « aveux forcés », enregistrés sous la torture et après l’arrestation de sa femme et de son enfant par les gardiens de la révolution.

Cet ancien prisonnier politique affirme que la plupart des détenus dans cette affaire, comme Habib Deris et Ali Mojdam, ont été soumis à des tortures brutales par les pasdarans.

La situation actuelle

Depuis le samedi 6 mai 2023, les six militants politiques condamnés à mort ont été transférés à la prison de Sheiban à Ahwaz pour y être exécutés. Des informations détaillées sur leur sort n’ont pas été disponibles pendant longtemps, et récemment, il a été annoncé que l’affaire de ces six personnes en était au stade du verdict final.

Iran HRM condamne la menace d’exécution imminente qui pèse sur les six militants politiques arabes condamnés à mort dans la prison de Sheiban à Ahwaz, l’utilisation de la peine de mort pour punir les manifestants et l’absence de procès équitable pour répondre à leurs accusations.

Post-scriptum

Un jour seulement après avoir transféré ces six prisonniers dans les cellules d’isolement de la prison de Sheiban à Ahwaz, le système judiciaire iranien a exécuté Habib Asyoud (Habib Farajollah Cha’ab), citoyen irano-suédois et ancien dirigeant du « Mouvement Al-Nidal ». Il avait été enlevé en Turquie par les forces de sécurité en 2020.

Source : Iran HRM& CSDHI

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