jeudi 11 juillet 2024

Le sort des infirmières iraniennes : Une double oppression

 La double oppression dont sont victimes les femmes en Iran touche tous les aspects de leur vie, y compris la discrimination sur le lieu de travail. Dans cet article, nous nous penchons sur les défis auxquels sont confrontées les infirmières iraniennes, en mettant l’accent sur des questions telles que la pénurie d’infirmières, les conditions de travail difficiles, les heures supplémentaires forcées et la migration des infirmières.

Le combat des infirmières iraniennes

Pénurie d’infirmières

Le métier d’infirmier est une profession honorable dans le monde entier, mais les infirmières iraniennes se trouvent dans une situation désastreuse. Leurs salaires sont bien inférieurs au seuil de pauvreté et leurs horaires de travail dépassent souvent les heures normales de bureau. Malgré une vague croissante d’infirmières au chômage, le gouvernement n’a pas donné la priorité à l’embauche de nouveau personnel. Au lieu de cela, les infirmières employées doivent faire face à une charge de travail accrue sans compensation supplémentaire.

Des conditions de travail difficiles

Les infirmières subissent une énorme pression au travail en raison d’un manque de personnel et de demandes excessives. Souvent, une seule infirmière doit s’occuper de patients qui nécessitent l’intervention de plusieurs infirmières. Ces conditions pèsent lourdement sur leur bien-être physique et mental.

Mohammad Sharifi, secrétaire général de la Maison des infirmières, a déclaré : “Au cours du mois dernier, 3 de nos infirmières sont mortes dans leur sommeil, et la cause de leur décès était le syndrome de Karoshi et la mort due au surmenage. Aujourd’hui, une infirmière travaillant dans nos hôpitaux est une infirmière fatiguée, démotivée et usée qui, si elle n’émigre pas, quitte son emploi et change de profession.”  (Etemanonline.ir, 12 mai 2024)

Le sort des infirmières iraniennes : Une double oppression

Heures supplémentaires forcées et non rémunérées

Les heures supplémentaires non rémunérées aggravent la situation. Les infirmières travaillent au-delà des heures prévues, mais leurs efforts ne sont pas récompensés. La pression financière pousse de nombreuses infirmières à envisager de quitter la profession, voire le pays.

Migration des infirmières

Pour protester contre la détérioration de leurs conditions de travail, des infirmières de divers hôpitaux iraniens ont démissionné. (The state-run didbaniran.ir, 30 avril 2024) Par exemple :

– Hôpitaux Tajrish Martyrs à Téhéran : Un groupe d’infirmières a démissionné en raison de la dégradation des conditions de travail.

– Hôpital Taleghani à Chalus : les infirmières ont protesté contre l’insuffisance des salaires et de la sécurité de l’emploi.

– Hôpital Amir Alam à Téhéran : 20 infirmières ont démissionné en raison de conditions de travail inappropriées.

– Hôpital des martyrs de Tajrish (salle d’opération et d’anesthésie) : 43 infirmières ont pris position contre des conditions défavorables.

– Hôpital d’Abadan : 30 infirmières ont quitté l’hôpital en raison des bas salaires et de l’absence de sécurité de l’emploi.

Émigration alarmante

Selon Mohammad Taqi Jahanpour, directeur de l’Organisation du système infirmier iranien, 216 infirmières ont quitté leur poste au cours des neuf premiers mois de l’année. (Agence de presse étatique Mehr, 21 février 2024)

L’écart entre la charge de travail et les salaires les a fait fuir. Luqman Sharifi, membre du Conseil suprême du système infirmier, souligne que les salaires des infirmières dans les hôpitaux publics sont inférieurs au seuil de pauvreté. (The state-run Khooshkhabar.com, 26 février 2024)

Qasem Abutalebi, un autre membre du conseil, s’est inquiété de l’émigration des infirmières. Malgré la formation de milliers de nouvelles infirmières, le pays est confronté à une crise : près de 3 000 infirmières ont quitté le pays rien que l’année dernière. (Entekhab.ir, 12 mars 2024)

La répression plutôt que des solutions

Plutôt que de répondre aux demandes des infirmières, le régime réagit par la répression. Les infirmières qui ont participé à des rassemblements de protestation ont été suspendues, licenciées et ont fait l’objet d’autres mesures punitives. Même des infirmières expérimentées, comme l’une d’entre elles qui comptait 27 ans de service, ont été licenciées. (Quotidien d’État Hammihan, 7 mars 2024)

En résumé, les infirmières iraniennes sont confrontées à une double oppression : la discrimination fondée sur le sexe et des conditions de travail difficiles. Des réformes urgentes sont nécessaires pour retenir les infirmières qualifiées et garantir des soins de santé de qualité.

Source: CNRI Femmes 

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