lundi 1 décembre 2025

Grèves et manifestations dans les secteurs industriels iraniens face à l’aggravation de la crise économique

 Le dimanche 30 novembre 2025, l’Iran a été le théâtre d’une vague de manifestations nationales synchronisées, coïncidant avec un effondrement historique de la monnaie nationale. Alors que le régime du Guide suprême Ali Khamenei continue de privilégier les conflits par procuration régionaux, l’économie iranienne s’est effondrée, déclenchant des grèves dans les secteurs industriels clés et poussant les retraités dans la rue, scandant des slogans dénonçant directement la politique étrangère du régime.

Le dollar américain a atteint un niveau record de 116 750 tomans ce dimanche, tandis que l’euro a grimpé à 135 380 tomans. Le seuil psychologique du marché des changes a été franchi, signalant à l’opinion publique iranienne que le gouvernement de Massoud Pezeshkian a perdu tout contrôle sur la stabilité financière du pays.

Le choc économique : « La loi de la jungle »

L’effondrement de la monnaie a eu un impact immédiat et brutal sur la vie quotidienne. Selon des informations en provenance de Téhéran, les prix des produits alimentaires de première nécessité ont triplé en 24 heures. Des produits de base comme le riz indien, le thé et la pâte de tomates auraient disparu des rayons des grandes chaînes de magasins.

Le prix d’une boîte d’œufs a atteint 300 000 tomans et celui du thon en conserve a dépassé les 120 000 tomans. Les consommateurs ont décrit la situation comme « la loi de la jungle », déplorant l’absence totale de contrôle gouvernemental alors que leur pouvoir d’achat s’évapore d’heure en heure.

Grèves industrielles dans le Sud : La révolte des ouvriers

Tandis que l’inflation accablait les ménages, l’industrie lourde du sud de l’Iran s’est arrêtée net. À Bandar Abbas, les ouvriers de la Madkoush Steel Company ont entamé une grève dimanche, dénonçant des mois de salaires impayés et une « discrimination flagrante ».

Simultanément, une importante manifestation a éclaté au complexe de construction navale ISOICO à Hormozgan. Ouvriers, chauffeurs et employés de service ont cessé le travail, se rassemblant pour protester contre le non-paiement de leurs salaires et l’interruption de leur couverture d’assurance pendant six mois. Un employé de longue date a qualifié la situation de « vol manifeste », soulignant que tandis que les dirigeants s’accrochent à leurs postes, les travailleurs sont opprimés. « Le jour n’est pas loin où le cri du peuple brisera le silence et où sa revendication de droits parviendra jusqu’aux portes closes des oppresseurs », a-t-il averti.

Plus au nord, à Chouch, les ouvriers de la sucrerie Middle East Sugar Factory ont poursuivi leur mouvement de protestation pour la deuxième journée consécutive. Ils réclament notamment l’application des lois sur la classification des emplois et la réintégration de leurs collègues licenciés pour leur militantisme antérieur.

Retraités et indignation sociale : « Laissez le Liban tranquille ! »

Les manifestations les plus politisées sont sans doute venues des retraités du pays. Les pensionnés de la Sécurité sociale et de l’industrie sidérurgique ont organisé des rassemblements à Ahvaz, Chouch, Kermanshah, Ispahan et Téhéran. Contrairement aux rassemblements strictement syndicaux, ces manifestations arboraient des slogans qui contestaient frontalement les fondements idéologiques du régime.

À Chouch, accablés par la pauvreté, les manifestants scandaient : « Laissez le Liban tranquille, pensez à nous !», établissant un lien explicite entre leur misère économique et le financement par le régime de groupes armés étrangers comme le Hezbollah. Parmi les autres slogans, on pouvait entendre : « Nous combattons, nous mourons, nous obtenons nos droits !» et « La hausse des prix et l’inflation sont le fléau de la population.»

À Kermanshah, des retraités se sont rassemblés devant le bureau de la Sécurité sociale, qualifiant le gouvernement d’« ennemi de la vie » et accusant les responsables de trahir les personnes âgées pour des commissions. À Ispahan, des retraités de la sidérurgie ont décrit leur situation comme une « injustice » qui ne leur laisse d’autre choix que de manifester dans la rue pour faire valoir leurs droits.

Corruption et détournement de fonds d’État

La corruption systémique du régime était également au cœur des débats. À Téhéran, des victimes de l’escroquerie à la cryptomonnaie « King Money » se sont rassemblées devant la Cour suprême. Cette fraude, impliquant environ 170 millions d’euros et 4 100 plaignants, a plongé des milliers de familles dans la misère. « Vous nous avez pris notre capital, notre jeunesse, notre paix… mais vous n’avez pas touché à notre espoir et à notre unité », a déclaré un manifestant, jurant de poursuivre la justice jusqu’au bout.

Parallèlement, à Yazd, les candidats au projet de « logements sociaux » ont protesté contre les promesses non tenues et les retards indéfinis. Au Khuzestan, les entrepreneurs du Département général de la rénovation des écoles se sont rassemblés devant la préfecture pour réclamer le paiement des dettes impayées, faisant suite à des manifestations similaires du personnel médical et soulignant le défaut de paiement de l’État dans tous les secteurs publics.

Étudiants et enseignants se joignent à la contestation

Le mouvement de contestation s’est étendu aux établissements d’enseignement. À Ahvaz, sur le campus Hoveyzeh de l’Université Chamran, les étudiants ont protesté contre la qualité immangeable des repas servis dans les dortoirs en déposant leurs plateaux-repas à même le sol, en signe de défiance symbolique. À Téhéran, des enseignants retraités (promotion 2022) se sont rassemblés devant le Parlement (Majlis) pour réclamer les pensions auxquelles ils avaient droit après une vie de service.

Les événements du 30 novembre 2025 dressent le portrait d’un régime confronté à une défaillance systémique et généralisée. L’effondrement simultané du rial et l’émergence de manifestations dans divers secteurs – de la sidérurgie et de la sucrerie à l’éducation et aux retraités – démontrent que la crise écon

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