Selon plusieurs informations provenant de l’intérieur de la prison, une grave déficience visuelle, des complications gastro-intestinales, un affaiblissement du système immunitaire et des maux de tête persistants — résultant de passages à tabac antérieurs — l’ont placé dans un état dangereux et extrêmement fragile. Alors que son état nécessite un suivi spécialisé continu et urgent, l’appareil sécuritaire empêche sciemment son accès aux soins, mettant gravement sa vie en danger. En raison des tortures subies, de la procédure judiciaire inéquitable et de l’émission d’une peine de mort, son cas a suscité une attention internationale, notamment de la part d’Amnesty International et de la Rapporteure spéciale de l’ONU.
Récit factuel
Selon des informations crédibles, le mercredi 26 novembre 2025 (5 Azar 1404), Vahid Bani-Amerian a été transféré à l’hôpital pour une endoscopie et un examen ophtalmologique. Cependant, en raison d’un manque de coordination entre la prison et le personnel médical, aucun médecin n’était présent, et il a été renvoyé à Qezel Hesar sans aucun examen.
Au cours des deux derniers mois, il s’agit de la quatrième sortie sans aucun résultat médical. Cette série d’échecs se poursuit malgré l’aggravation de ses symptômes : graves problèmes gastro-intestinaux, infections respiratoires, affaiblissement immunitaire et diminution rapide de la vision. Sa détérioration visuelle s’est accentuée après qu’il a été battu lors de son transfert de la prison de Fashafuyeh à celle de Qezel Hesar, au cours duquel ses lunettes ont été brisées et jamais remplacées. Selon ses proches, cette situation provoque des maux de tête persistants et une dégradation de ses capacités quotidiennes, réduisant son endurance face aux conditions carcérales.
Contexte du dossier
Né en 1992 à Songhor, Vahid Bani-Amerian est un prisonnier politique et sympathisant de l’OMPI. Il est titulaire d’un master en gestion de l’Université de technologie K. N. Toosi.
Il a été arrêté le 22 décembre 2023 (1 Dey 1402) et transféré dans la section 209 de la prison d’Evin, où il a été soumis à de sévères tortures et interrogatoires. Les tortures étaient si extrêmes que, lors de son transfert dans le quartier public d’Evin, les autorités l’ont forcé à signer une déclaration affirmant que les tortures avaient eu lieu avant son arrivée dans ce quartier.
En octobre 2024 (Mehr 1403), son procès s’est tenu conjointement avec cinq autres prisonniers politiques — Seyed Mohammad Taghavi, Babak Alipour, Pouya Ghobadi, Shahrokh Daneshvarkar et Abolhassan Montazer — devant la branche 26 du tribunal révolutionnaire de Téhéran, présidée par le juge Iman Afshari.
Le 7 octobre 2024 (15 Mehr 1403), leur procès s’est déroulé collectivement.
Le 30 novembre 2024 (10 Azar 1403), le tribunal a condamné Vahid Bani-Amerian et les autres à mort pour le chef d’accusation de baghi (« rébellion armée »), une accusation que les organismes internationaux de défense des droits humains jugent illégitime et fondée sur des aveux extorqués.
Vahid Bani-Amerian avait déjà été arrêté en 2017, 2018 et 2020. Il avait notamment été condamné à cinq ans de prison pour « propagande contre l’État et insultes au guide suprême ». En 2020, il a été condamné à dix ans de prison et deux ans d’exil pour diverses accusations liées à la sécurité nationale.
Privation médicale comme forme de torture blanche
La privation délibérée de soins médicaux est une méthode bien documentée de torture blanche, visant à exercer une pression physique et psychologique sans laisser de traces visibles.
Dans le cas de Bani-Amerian, le schéma de maltraitance est évident : transferts répétés sans examen, absence de spécialistes, refus de fournir des lunettes correctrices, et négligence persistante de ses affections chroniques. Ces mesures suivent une stratégie systématique visant à briser la résistance du prisonnier en affaiblissant son corps et en intensifiant ses souffrances.
L’empêchement d’examens, l’ignorance des maladies chroniques et le renvoi en détention alors que son état se détériore reflètent fidèlement les méthodes de torture blanche utilisées dans les prisons iraniennes.
Alertes et réactions internationales
Le cas de Bani-Amerian a suscité une attention internationale significative. Amnesty International a publié une déclaration officielle alertant sur la situation de six prisonniers politiques condamnés à mort — dont lui — qualifiant leurs procédures de « gravement inéquitables » et « politiquement motivées ».
En publiant leurs noms et photographies, Amnesty a souligné que les arrestations, aveux forcés et condamnations à mort sont dépourvus de légitimité juridique et doivent être immédiatement annulés.
Mai Sato, Rapporteure spéciale des Nations Unies sur la situation des droits humains en Iran, a également émis une communication officielle adressée aux autorités iraniennes, exprimant une profonde inquiétude quant au risque imminent d’exécution de ces six prisonniers politiques.
Elle a mis en lumière de graves violations : tortures pour obtenir des aveux forcés, isolement prolongé, privation de soins médicaux, et absence de garanties d’un procès équitable.
Sato a souligné que l’application de la peine de mort pour baghi est incompatible avec l’article 6 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP), qui limite strictement la peine capitale aux « crimes les plus graves », c’est-à-dire aux homicides volontaires. Elle a exhorté les autorités iraniennes à suspendre immédiatement les exécutions et à instaurer un moratoire vers l’abolition totale de la peine de mort.
Analyse juridique
Du point de vue du droit international, le cas de Bani-Amerian constitue l’accumulation de violations graves.
La privation délibérée de soins médicaux contrevient à l’article 5 de la Déclaration universelle des droits de l’homme (DUDH), qui interdit la torture ainsi que les traitements cruels, inhumains ou dégradants.
L’article 25 garantit le droit à la santé et aux soins médicaux, un droit qui lui est systématiquement refusé.
L’article 10 du PIDCP impose un traitement humain à toute personne privée de liberté, et le refus de soins viole directement cette obligation.
En outre, sa condamnation à mort pour baghi contredit l’article 6 du PIDCP, qui limite la peine de mort aux cas d’homicide intentionnel.
L’ensemble de son parcours — arrestation, torture, procès, détention — illustre un schéma persistant de violations ciblant les prisonniers politiques en Iran.
Conclusion
Compte tenu de la dégradation de son état physique, de la privation continue de soins et des risques inhérents à sa condamnation à mort, le cas de Vahid Bani-Amerian a atteint un stade extrêmement critique.
Les renvois répétés sans traitement au cours des deux derniers mois témoignent d’une stratégie délibérée visant à accroître la pression sur lui.
Dans ce contexte, les appels des organisations internationales de défense des droits humains pour une intervention immédiate, la fin de la négligence médicale et l’arrêt de toute préparation à une exécution sont plus urgents que jamais.
Son cas constitue un avertissement grave sur l’usage continu de la privation médicale et de la torture blanche à l’encontre des prisonniers politiques en Iran.


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