Selon le Code civil du régime iranien, le mariage des filles avant l’âge de la majorité est autorisé avec le consentement d’un tuteur et d’un juge. Cela signifie que les pères ou les grands-pères paternels, avec l’approbation des autorités judiciaires, peuvent décider du destin d’une jeune fille sans aucun véritable obstacle juridique, transformant son chemin du paradis de l’enfance en un enfer terrifiant.
Au-delà du texte de la loi, le mécanisme pratique penche lourdement en faveur de l’autorité masculine : les filles sont souvent traitées comme des marchandises, échangées dans le cadre de mariages imposés par la pauvreté et l’inégalité entre les sexes.
La propagation du mariage d’enfants en Iran n’est pas un problème culturel mais le produit direct du régime clérical misogyne. Alimentée par les politiques politiques et économiques du régime, cette pratique est devenue une véritable catastrophe sociale.

Cadre juridique et failles
Alors que la légalisation du mariage de filles de 13 ans constitue en soi un sinistre produit du régime clérical, représentant l’une des expressions les plus évidentes de maltraitance des enfants et de misogynie, le cadre juridique du régime va encore plus loin.
Sur le papier, la loi semble interdire le mariage avant la puberté, mais ses clauses vagues et ses exceptions ambiguës privent cette interdiction de toute force réelle. En pratique, ces failles rendent l’interdiction supposée totalement dénuée d’effet.
La loi permet aux filles de moins de 13 ans de se marier si un tuteur et un juge estiment que cela est dans son « intérêt ». Une telle formulation ouvre la porte à des abus systémiques, garantissant que le mariage d’enfants n’est pas simplement toléré mais légalisé, institutionnalisé et encouragé.
L’ampleur du problème
Les statistiques sont dévastatrices. Les données gouvernementales montrent que plus de 131 000 filles de moins de 15 ans ont été mariées entre 2016 et 2021. (Baharnews.ir, 30 mars 2022)
En 2021 seulement, plus de 32 000 filles de moins de 15 ans ont été forcées au mariage. (Mardomsalari.ir, 29 décembre 2022)
Et en 2022, 26 974 autres les ont rejointes. Beaucoup de ces enfants mariées sont rapidement devenues mères ; cette année-là, 1 390 filles de moins de 15 ans ont accouché. (Rokna.net, 21 octobre 2024)
Les dernières statistiques publiées par le Centre des statistiques du régime indiquent le mariage de 9 753 filles âgées de 10 à 14 ans au printemps 2021. Comparée aux données saisonnières des deux années précédentes, cette période a enregistré le chiffre saisonnier le plus élevé pour les mariages dans cette tranche d’âge, établissant de fait un record sur deux ans.
La partie émergée de l’iceberg
Les experts s’accordent à dire que les statistiques officiellement enregistrées et publiées ne représentent que la partie émergée de l’iceberg.
Ali Kazemi, conseiller du vice-président juridique du pouvoir judiciaire, a déclaré : « Entre 500 000 et 600 000 enfants se marient chaque année (en Iran) selon les données officiellement enregistrées. Le principal problème est qu’il existe des mariages qui ont lieu en dehors des enregistrements officiels. » (Entekhab Daily, 4 mars 2019)
Mohammad Reza Mahboubfar, chercheur en dommages sociaux, a commenté les statistiques du Centre national des statistiques : « Ceci est la partie émergée de l’iceberg des statistiques liées aux mariages précoces. Le nombre réel d’enfants mariés est 5 à 6 fois supérieur au chiffre annoncé. » (Agence de presse ROKNA, 25 juillet 2021)
Dans une autre interview, Mahboubfar a affirmé : « Actuellement, 100 mariages de filles de moins de 15 ans ont lieu toutes les 24 heures. » (Journal Arman-e Melli, 27 juillet 2021)
L’arrêt de la publication des statistiques
Sous une pression publique croissante, le régime iranien a interrompu en 2024 la publication des statistiques et des informations sur le mariage d’enfants et sur le nombre d’enfants nés de mères mineures. (Etemad Daily, 8 septembre 2024) Cette décision est largement considérée comme une tentative de dissimuler la catastrophe grandissante.
Dans une société ravagée par la pauvreté structurelle, la corruption gouvernementale et des lois misogynes, le mariage d’enfants est à la fois un symptôme de la crise et une arme, un instrument utilisé par l’État pour opprimer les femmes et forcer de très jeunes filles à mener des vies qu’elles n’ont jamais choisies.
Pourquoi cela arrive-t-il : pauvreté, genre et contrôle
Plusieurs forces alimentent cette tragédie.
La pauvreté pousse des familles à marier leurs filles en échange d’une dot ou pour alléger la pression financière.
L’inégalité entre les sexes et les normes patriarcales privent les filles de toute autonomie, les traitant comme des biens plutôt que comme des êtres humains.
Et un système judiciaire corrompu, soumis à l’autorité cléricale, garantit qu’aucune victime ne puisse obtenir justice.
Dans de nombreuses provinces rurales comme le Sistan-et-Baloutchistan, le Khorassan Razavi et le Khorassan du Nord, ces facteurs se combinent, produisant les taux les plus élevés de mariages d’enfants du pays.
Conséquences pour les filles
Pour ces filles, le mariage n’est pas une étape de vie ; c’est une sentence.
Il met fin à leur éducation, les isole socialement et les expose à des violences physiques et sexuelles. Des milliers d’entre elles affrontent des grossesses mettant leur vie en danger, alors que leur corps n’est pas encore prêt à porter un enfant. Beaucoup sombrent dans une dépression sévère, et pour certaines, le suicide devient la seule issue.
Et certaines de ces filles vulnérables et sans défense, victimes de mariages d’enfants et de violences domestiques, finissent tragiquement exécutées, pendues par le système judiciaire misogyne des mollahs.
Des histoires humaines derrière les statistiques
Fatima Soleimani, 12 ans
Fatima, originaire de Kermanchah, a été forcée par sa famille d’épouser un homme bien plus âgé. Après avoir supplié à plusieurs reprises que cela cesse, et n’ayant trouvé aucune protection dans la loi, elle s’est suicidée. Sa mort tragique révèle comment le mariage d’enfants et la coercition familiale peuvent pousser les plus jeunes victimes au désespoir absolu.
Fatemeh Moradpour, 15 ans
Dans la province du Lorestan, Fatemeh a été contrainte d’épouser un homme de 40 ans contre sa volonté. Incapable de supporter l’humiliation et le contrôle, elle s’est pendue. Sa mort tragique reflète le silence qui entoure des milliers de filles incapables d’échapper à des mariages forcés, pourtant sanctionnés par des lois rédigées par les mollahs.
Shima Rameshk, 14 ans
Shima, une enfant mariée du sud de l’Iran, s’est suicidée quelques mois seulement après son mariage. Elle avait été mariée à un homme de plusieurs décennies son aîné. Son histoire fait écho à d’innombrables autres, répétées chaque jour à travers l’Iran.
Samira Sabzian Fard
Mariée à 14 ans, Samira a enduré des années de violence avant de tuer son mari violent. À 30 ans, elle a été exécutée par le régime, laissant derrière elle deux enfants âgés de 15 et 11 ans. Samira fut d’abord victime du mariage d’enfants, puis d’un système judiciaire brutal qui punit les victimes au lieu de les protéger.
Au-delà des chiffres
Le mariage d’enfants en Iran est un crime organisé et soutenu par l’État. Cette pratique s’est développée à l’ombre des lois religieuses et sous le règne du Vali-e Faqih (Guide suprême), faisant partie du système utilisé pour opprimer les femmes et contrôler la société.
Chaque statistique représente une enfance volée, une voix réduite au silence, une vie détruite avant même d’avoir commencé. La souffrance des enfants mariées en Iran ne prendra pas fin par des réformes symboliques ou des promesses creuses.
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