jeudi 4 février 2016

Guardian sur la visite du Rohani en Europe : bien trop tôt pour fêter un changement en Iran


Guardian sur la visite du Rohani en Europe : bien trop tôt pour fêter un changement en Iran
Éditorial
Hassan Rohani a charmé durant son voyage en Europe, mais il continue d’alimenter la guerre en Syrie.
Guardian - La visite éclair du président Hassan Rohani en Europe la semaine dernière montre à quel point l’Iran est impatient de changer son statut de paria et à quel point l’Occident souhaite reprendre le commerce et les relations financières maintenant que les sanctions internationales sont levées. Des douzaines de contrats avec des milliards de dollars ont été traités. Il a rencontré le pape, le premier ministre italien, le président français et beaucoup d’hommes d’affaires. 
Les services de sécurité continuent de harceler et d’emprisonner des activistes, des écrivains et des journalistes.
Après des années de tensions et de méfiance, les scènes du président iranien souriant qui est accueilli à bras ouverts dans les capitales européennes étaient à l’opposé de celles de ces dernières années. Mais malgré cette bonne figure, croire que le régime iranien s’est transformé et pourrait avancer vers des réformes domestiques et un rôle constructif sur la scène internationale serait naïf et irréfléchi. 
L’Iran a peut-être un président à l’apparence « modéré » — un qui a une approche plus légère arrive comme un soulagement après les années sous Ahmadinejad –, mais cela ne veut pas dire pour autant que la nature autoritaire du régime ou ses objectifs en terme de politique internationale ont changé. L’Iran est toujours un des pays les plus répressifs du monde, et il n’y a pas eu d’amélioration. 
Le gouvernement cherchait probablement une amélioration des relations publiques avec l’Occident lorsqu’il a relâché récemment certains journalistes. Mais les statistiques montrent tout autre chose : en 2015, l’Iran a exécuté au moins 830 personnes, dont des mineurs, beaucoup n’avaient pas commis de crimes violents. Les services de sécurité continuent de harceler et d’emprisonner des activistes, des écrivains et des journalistes. Les méthodes utilisées par le régime pour écraser le mouvement vert pro démocratie de 2009, sont toujours utilisées aujourd’hui.
 L’Iran n’est pas devenu « modéré » dans son comportement au Moyen-Orient. En Syrie, les milices iraniennes et les gardiens de la révolution participent directement dans les crimes de guerre que le régime d’Assad inflige à sa propre population. Le Hezbollah, proche allié de l’Iran, a joué un rôle important dans le siège de Madaya, où des enfants en sont morts de faim, et il mène des opérations similaires ailleurs. 
Il faut espérer qu’une mise en œuvre soutenue de l’accord sur le nucléaire améliorera la sécurité internationale. Mais en déduire que l’Iran doit être épargné des reproches serait ridicule. Les jusqu’au-boutistes iraniens cherchaient un soulagement économique grâce à l’accord sur le nucléaire, car ils veulent désespérément se maintenir au pouvoir, et non parce qu’ils souhaitent suivre un chemin démocratique en Iran ou à l’extérieur. La diplomatie est importante, mais elle ne doit pas se faire aux dépens de la clairvoyance, et elle ne doit pas non plus être accompagnée par un type d’analyse simplifiée qui remet toute la faute sur l’Arabie Saoudite plutôt que sur l’Iran en ce qui concerne les droits de l’Homme. Les actes de ceux deux pays sont tous les deux lugubres. 
Dans le rapport sur la visite du président Rohani en Europe, le sujet les boites qui recouvraient les statuts de nu à Rome pour épargner une vision soi-disant désagréable à la délégation iranienne, a été traité comme un intervalle comique. Mais il n’y a rien de drôle dans le fait que, alors que le président essayait de charmer l’Europe, les forces militaires iraniennes poursuivaient leurs opérations brutales en Syrie, comme d’habitude. L’Iran est responsable pour la crise des réfugiés qui est devenue obscène, ce que ne sont pas les quelques nus du musée du Capitole.

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