mercredi 25 juin 2025

Guerre intérieure : Les prisons iraniennes en crise dans un contexte de conflit régional

 Alors que la crise du régime iranien s’intensifie, des rapports horrifiants ont émergé des prisons du pays, dressant un tableau de conditions de détention inhumaines, de négligence délibérée et de violations du droit international. Au cœur de ces rapports se trouvent la prison centrale de Kerman et la prison de Dizel Abad à Kermanshah, où les prisonniers sont confrontés à des pénuries alimentaires, à des négligences médicales et même à des risques militaires – une catastrophe humanitaire en cours qui reflète les politiques répressives du régime.

Pain retiré, vies en danger
Depuis le 19 juin 2025, les conditions de vie à la prison centrale de Kerman se seraient fortement détériorées. Des familles de détenus et des sources de défense des droits humains confirment que le pain, principal aliment de base des détenus, a été retiré. « Ces derniers jours, le pain a été retiré du repas principal des détenus, et les responsables pénitentiaires affirment qu’il n’y a plus de pain disponible », a déclaré un proche d’un détenu baloutche. Il ne s’agit pas seulement d’une mauvaise gestion administrative, mais d’une violation flagrante du droit à la vie et à la dignité des détenus. Les conséquences physiques et psychologiques pour les détenus, en particulier ceux qui sont déjà malades, sont graves.

Les pénuries alimentaires, et notamment la suppression des aliments de base, sont perçues non seulement comme le résultat d’une défaillance institutionnelle, mais aussi comme le résultat d’une politique plus large visant à punir les détenus, en particulier les détenus politiques. La malnutrition en prison met de nombreuses personnes, y compris les malades, en grave danger.

La négligence médicale, une politique d’État
Le refus de soins médicaux aggrave la crise. À la prison centrale de Kerman, on signale l’absence de médecins et d’infirmières de garde pendant plusieurs jours. Le matériel médical est rare et les transferts vers les hôpitaux sont retardés ou délibérément entravés. Cette tactique n’est pas nouvelle.

Amnesty International dénonce depuis longtemps le recours à la privation médicale par le régime iranien comme moyen de torture, notamment contre les prisonniers politiques. L’organisation a recensé au moins 96 décès dans les prisons iraniennes depuis 2010, dus à la privation de soins médicaux. Ces pratiques violent le droit international, notamment l’article 7 du Pacte international relatif aux droits civils et politiques (PIDCP) et l’article 1 de la Convention contre la torture (CAT).

Transformation des prisons en boucliers humains
Dans une escalade choquante, le régime aurait transféré du matériel militaire, tel que des lance-roquettes mobiles et des systèmes de missiles, à proximité des prisons et des hôpitaux, transformant ainsi des installations civiles en cibles militaires. Selon certaines sources, ces installations ont été installées sur les parkings des prisons, violant ainsi de manière flagrante le droit international humanitaire, notamment l’article 3 commun aux Conventions de Genève, qui interdit l’utilisation de civils comme boucliers humains.

Cette politique a eu des conséquences catastrophiques à la prison de Dizel Abad, à Kermanshah. Le 16 juin 2025, suite à une frappe israélienne près de la prison, le chaos a éclaté. Craignant pour leur vie, des prisonniers ont tenté de s’évader. Au lieu d’assurer leur sécurité, les gardiens ont riposté par la force meurtrière. Au moins neuf détenus ont été tués et plusieurs autres blessés par des balles réelles, des gaz lacrymogènes et des plombs de fusil. Ce massacre, survenu au sein d’un centre de détention, pourrait constituer un crime d’État au regard du droit international.

Escalade de la répression sous couvert de guerre
La guerre Iran-Israël est devenue un prétexte pour le régime d’intensifier la répression intérieure. Sous couvert de défense de la souveraineté nationale, le régime met en danger la vie même de ses citoyens, en particulier des plus vulnérables. Les civils et les prisonniers sont utilisés comme boucliers pour protéger les ressources militaires. Parallèlement, les besoins fondamentaux tels que l’alimentation et les soins de santé sont instrumentalisés contre les prisonniers afin d’écraser la dissidence.

Ceci s’inscrit dans un schéma plus large. Le régime considère depuis longtemps les prisonniers d’opinion – militants, journalistes, étudiants et minorités ethniques – comme des ennemis. Aujourd’hui, dans le brouillard de la guerre, il utilise le conflit comme couverture pour intensifier les exécutions et étouffer les voix de résistance.

Un appel à la communauté internationale
L’utilisation systématique de civils et de détenus comme boucliers humains est un crime de guerre. Il en va de même pour la famine délibérée et le refus de soins médicaux aux prisonniers. Ces actes reflètent non seulement la brutalité du régime, mais aussi son désespoir face à la pression interne croissante et à l’indignation publique.

Les prisons iraniennes sont devenues de véritables abattoirs. Ce qui se passe à Kerman et Kermanshah n’est pas un abus isolé, mais s’inscrit dans une stratégie cohérente de peur et de répression. La communauté internationale doit réagir de toute urgence. Les gouvernements, les organisations de défense des droits humains et les Nations Unies doivent enquêter immédiatement sur ces crimes et demander des comptes aux responsables pour leurs actes.

Les prisonniers politiques, dont beaucoup n’ont fait que défendre la justice et la liberté, sont sacrifiés dans une guerre qu’ils n’ont pas déclenchée. Leurs voix ne doivent pas être réduites au silence au nom du conflit géopolitique.

Alors que l’Iran s’enfonce de plus en plus dans une guerre régionale, le plus grand combat du régime n’est pas contre des puissances étrangères, mais contre son propre peuple. Et ses armes les plus redoutables ne sont pas les missiles, mais la famine, la négligence et le silence.

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