mercredi 4 juin 2025

Iran : Manifestations nationales contre la misère économique et les promesses non tenues du régime

 Une vague de protestations a déferlé sur l’Iran le 3 juin 2025, des citoyens de divers secteurs et régions exprimant leur frustration croissante face à la situation économique désastreuse et à l’incapacité persistante du régime à répondre à leurs revendications fondamentales. Des propriétaires de bateaux du sud aux retraités de l’ouest, en passant par les ouvriers de l’industrie du sud-est, ces manifestations mettent en évidence une crise croissante des moyens de subsistance et une désillusion croissante envers les autorités au pouvoir.

Les difficultés économiques comme fil conducteur
Dans la ville portuaire de Bushehr, au sud du pays, des propriétaires de bateaux, dont les moyens de subsistance sont intrinsèquement liés au commerce maritime, se sont rassemblés devant l’Administration portuaire et maritime. Leur protestation portait principalement sur des arriérés de paiement non réglés et l’absence de réponse des autorités à leurs demandes d’amélioration des conditions commerciales. Pour beaucoup dans cette région côtière, le commerce maritime est une source de revenus essentielle, aujourd’hui menacée par des réglementations restrictives et l’indifférence des autorités.

Pendant ce temps, à Kermanshah, dans l’ouest de l’Iran, un important rassemblement de retraités de divers secteurs, dont la sécurité sociale, le gouvernement, les télécommunications et la santé, a eu lieu. Manifestant devant le bâtiment de la caisse de retraite de la fonction publique provinciale, ils ont exprimé leur revendication collective de meilleures prestations de retraite et d’aide économique dans un contexte d’inflation galopante. Scandant « Notre douleur est votre douleur, rejoignez-nous », les retraités ont exprimé leur souhait d’une plus grande solidarité publique.

Ils brandissaient des pancartes exigeant le paiement immédiat des arriérés de salaires, des augmentations de retraite proportionnelles à l’inflation et une attention particulière à la détérioration de leurs services médicaux. Les manifestants ont averti que si les autorités continuaient d’ignorer leur situation critique, ils élargiraient l’ampleur de leurs manifestations.

Les luttes des chauffeurs routiers iraniens, un groupe qui proteste constamment contre la dure réalité économique, ont également trouvé un nouvel écho. À Tabriz, dans le nord-ouest de l’Iran, des militants de la société civile ont organisé un rassemblement de soutien aux chauffeurs routiers de tout le pays. Ces derniers sont engagés dans des grèves continues pour protester contre les coûts d’assurance exorbitants, la hausse des prix des pièces détachées et du carburant, et les ajustements inadéquats des tarifs de fret, autant de problèmes systématiquement ignorés par les autorités gouvernementales

À Rafsanjan, dans le sud-est de l’Iran, les ouvriers et le personnel de la compagnie nationale iranienne des industries du cuivre (NICICO), une entreprise publique, ont organisé un rassemblement de protestation. Leur manifestation, organisée devant le ministère de la Justice local, était une réponse directe aux promesses non tenues d’une coopérative d’habitation affiliée à l’entreprise.

Selon des sources locales, les manifestants ont exigé une réponse immédiate à leurs revendications, réclamant la transparence judiciaire, la responsabilisation des autorités et une résolution claire du vide juridique et financier de la coopérative d’habitation. Ils ont explicitement déclaré leur intention de poursuivre les manifestations si leurs revendications restaient sans réponse.

Réponse du régime : inaction et répression
La réaction du régime à ces nombreuses expressions de griefs légitimes a été un mélange prévisible de négligence et de force. Au lieu de s’attaquer aux problèmes économiques cruciaux qui alimentent les protestations, les autorités ont souvent réagi aux manifestants pacifiques par l’intimidation et la répression.

À Bushehr, dans le sud de l’Iran, les forces de sécurité du régime ont été déployées pour réprimer les propriétaires de bateaux qui protestaient pacifiquement contre les réglementations limitant sévèrement leur activité commerciale, leur principale source de revenus. Cette approche musclée réduit au silence la contestation au lieu de résoudre les problèmes sous-jacents.

De même, les grèves en cours des chauffeurs routiers ont été sanctionnées. Le 2 juin 2025, le commandant de la police de la province de Qazvin a annoncé l’arrestation de neuf personnes liées aux grèves des chauffeurs routiers dans cette province. Elles ont été accusées de « trouble à l’ordre public », un prétexte fréquemment utilisé par le régime pour criminaliser les manifestations légitimes. Cette tendance aux arrestations témoigne d’une stratégie claire visant à dissuader toute nouvelle action syndicale par la peur.

Une nation en ébullition
Les manifestations coordonnées et diversifiées du 3 juin, qui se sont étendues à plusieurs provinces et ont impliqué divers groupes sociaux, dressent un tableau clair d’une nation aux prises avec la mauvaise gestion économique et la corruption systémique du régime. Des arriérés de paiement non réglés des propriétaires de bateaux de Bushehr aux promesses creuses faites aux ouvriers du cuivre de Rafsanjan, en passant par les appels des retraités de Kermanshah, un récit commun émerge : une population poussée au bord du gouffre par des autorités qui n’offrent ni solutions ni aide.

Responsabilité. Le recours du régime aux mesures de répression sécuritaire et aux arrestations arbitraires, comme on l’a vu avec les propriétaires de bateaux et les chauffeurs de camions de Qazvin, au lieu de répondre aux revendications légitimes de ses citoyens, ne fait qu’approfondir le fossé de la méfiance et alimenter la détermination du peuple iranien à un changement fondamental. Le chant de Kermanshah – « Notre douleur est votre douleur, rejoignez-nous, peuple » – résonne comme un puissant appel à l’unité contre un système qui trahit ses plus vulnérables.

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