mercredi 27 mars 2024

L’année de la dissidence en Iran : Les manifestations de 2023

  L’année 2023 (1402 dans le calendrier persan) a été marquée par d’importants manifestations et troubles sociaux en Iran. Le peuple iranien a exprimé un rejet retentissant de la légitimité du régime en boycottant les élections législatives et celles de l’Assemblée des experts. Malgré une répression généralisée, visant en particulier les femmes, divers segments de la société sont descendus dans la rue pour défendre leurs droits fondamentaux.

Un paysage de mécontentement : Statistiques sur les manifestations par profession

La répartition suivante détaille le nombre de manifestations organisées par différents groupes professionnels :

Retraités : 1457
Travailleurs : 746
Commerçants : 172
Infirmiers : 105
Cultivateurs : 77
Agriculteurs : 41
Étudiants : 39 (liste combinée)
Avocats : 17
Médecins : 12
Chauffeurs de taxi : 8
Conducteurs de camions : 8
Autres professions : 645

Ces données révèlent un total de 3342 manifestations documentées tout au long de l’année.

Alimenter les flammes : Principales caractéristiques des manifestations

Les difficultés économiques et les inquiétudes concernant les moyens de subsistance ont été le principal moteur des manifestations. Les habitants de Zahedan, dans la province du Sistan-et-Baluchestan, ont notamment organisé des manifestations hebdomadaires régulières jusqu’en septembre 2023.

Plusieurs thèmes récurrents sont apparus dans différentes professions :

  • Les retraités : Les retraités des télécommunications, de la sidérurgie et de la sécurité sociale ont exigé la pleine application des réglementations en matière d’emploi, de meilleures conditions de vie et des salaires équitables. Les protestations ont eu lieu en raison de la faiblesse des pensions, des promesses de prêt non tenues et de l’inégalité des salaires par rapport aux employés actifs.
  • Les travailleurs : Les licenciements, les salaires et avantages sociaux non versés, les bas salaires et les conditions de travail dangereuses ont alimenté les protestations de ce secteur. En outre, les travailleurs ont exigé la sécurité de l’emploi et des équipements de base sur le lieu de travail. Les fermetures d’usines et les privatisations ont encore aggravé la situation.
  • Les commerçants : Les nouvelles lois, les taxes exorbitantes, l’augmentation des loyers des locaux commerciaux, les fluctuations monétaires et les fermetures de magasins ont suscité des protestations parmi les commerçants. Ils ont également condamné l’exécution de prisonniers kurdes et les réglementations excessives concernant le code vestimentaire.
  • Les infirmières : Les salaires inadéquats, les heures supplémentaires forcées, les charges de travail épuisantes et le non-paiement des avantages promis ont été au cœur des préoccupations des infirmières.
    Enseignants : Des contrats de travail instables, l’absence de sécurité de l’emploi, des formateurs non qualifiés et des salaires impayés ont alimenté les protestations des enseignants.
  • Les agriculteurs : Les litiges relatifs aux droits d’eau, les coupures d’électricité affectant l’irrigation, la tarification inéquitable des cultures et les plans de transfert d’eau ont été les principales préoccupations des agriculteurs. Ils ont également protesté contre la saisie des pâturages par le gouvernement et le non-renouvellement des licences.
  • Les étudiants : L’empoisonnement des étudiantes par des agents de l’État, les codes vestimentaires restrictifs, les restrictions en matière d’éducation, les exécutions et l’environnement universitaire en général ont alimenté les protestations des étudiants. En outre, des questions telles que les conditions de vie dans les dortoirs, la qualité de la nourriture et les politiques discriminatoires ont été abordées.
  • Les professionnels : Les avocats ont protesté contre la tentative du gouvernement de contrôler l’autorité de délivrance des licences pour la profession juridique. Les médecins ont fait part de leurs préoccupations concernant la vente de médicaments en ligne et les pénuries.
  • Le rythme du mécontentement : Tendances saisonnières

C’est en décembre que le nombre de manifestations a été le plus élevé (395) et en mars qu’il a été le plus faible (129). Cette tendance suggère une corrélation potentielle entre les difficultés économiques et l’augmentation des troubles sociaux pendant la période des fêtes de fin d’année.

Conclusion

Les nombreuses manifestations qui ont eu lieu en Iran tout au long de l’année 2023 dressent le portrait d’une société aux prises avec des difficultés économiques, des privations de droits politiques et des injustices sociales. Les données présentées dans ce rapport donnent un aperçu de la diversité des griefs qui alimentent ce mouvement social. Il reste à voir comment le gouvernement iranien répondra aux demandes persistantes de son peuple pour une société plus juste et plus équitable.

Source : INU/CSDHI 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire