vendredi 22 mars 2024

Pauvreté : Des difficultés sans précédent en Iran

– L’Iran est confronté à une confluence de maux économiques : pauvreté généralisée, flambée des prix (en particulier des denrées alimentaires), récessions commerciales, taux de chômage élevé et diminution du pouvoir d’achat. Ces facteurs ont engendré un nouveau type de préjudice social : le vol de nourriture.

Auparavant, les agressions dans la rue visaient les objets de valeur tels que les téléphones et les portefeuilles. Aujourd’hui, les rapports dressent un tableau inquiétant : des citoyens appauvris volent la nourriture d’autres personnes. Les voleurs s’emparent des sacs de courses ou des provisions directement dans les mains des gens, qui contiennent souvent des aliments essentiels.

L’agence de presse Rokna a confirmé cette tendance alarmante dans un rapport intitulé « Goods Mugging : Un nouveau visage du vol ». Elle a documenté l’augmentation des vols de nourriture, y compris de viande et de noix, à Téhéran, en l’attribuant à l’escalade de l’inflation. Le rapport souligne la corrélation : « La hausse des prix s’accompagne d’une augmentation de la petite délinquance ».

Les experts considèrent ce phénomène comme une « sérieuse sonnette d’alarme sociétale ». L’économiste Majid Gudarzi critique les politiques économiques du régime et prévient que la tendance actuelle conduira à une augmentation des vols de nourriture et de biens, ce qui constitue une grave menace.

Soulignant les graves difficultés financières des Iraniens, il déclare : « Les hausses de prix de l’année dernière ont mis en péril les moyens de subsistance, forçant les classes inférieures à retirer des produits de base de leurs listes de courses. » M. Gudarzi souligne la situation critique des familles de la classe ouvrière, qui « ont remplacé la viande et le poulet par des œufs et des pommes de terre pour pouvoir se nourrir », et qui luttent même pour obtenir un logement convenable.

Les statistiques révèlent une augmentation significative de la consommation de pain, le riz devenant de plus en plus inabordable. M. Gudarzi considère que les solutions à court terme proposées par le gouvernement, telles que les « coupons Fajrane » et les « subventions temporaires », ne sont que de la « poudre aux yeux ». Il insiste sur un fait simple : le pouvoir d’achat de la population a considérablement diminué par rapport aux années précédentes.

Le lien entre l’aggravation de la pauvreté et l’augmentation des maux sociaux est indéniable. L’augmentation de la pauvreté s’accompagne d’une augmentation des vols. Les données officielles de la police le confirment : près de la moitié des auteurs de petits vols sont des « primo-délinquants ».

Tejarat News, un site web économique, fait état d’une augmentation significative des vols au cours des dernières années : « Plus de 1,18 million de vols ont été enregistrés l’année dernière, dans un pays qui compte environ 84,7 millions d’habitants. Cela représente une augmentation de 12 % par rapport à l’année précédente et une augmentation stupéfiante de 86 % par rapport à 2008, lorsque la population était d’environ 76 millions d’habitants ».

Les informations révèlent des chiffres encore plus sombres : les vols dans les lieux privés et publics ont grimpé en flèche de 409 % et 279 % respectivement au cours de la dernière décennie. Les vols dans les magasins ont également augmenté de 73 %. Ces chiffres ne représentent que les cas officiellement signalés. De nombreux petits vols, comme les vols à l’arraché, ne sont probablement pas enregistrés.

Malgré les déclarations du régime sur la « maîtrise de l’inflation » et la « croissance économique », les statistiques dressent un tableau sombre de la situation. La forte hausse des prix a contraint les familles de la classe ouvrière et les pauvres à renoncer à des produits alimentaires essentiels. Les militants syndicaux avertissent que les « protéines de haute qualité » ont complètement disparu du panier de la ménagère.

Les statistiques officielles du Centre des statistiques de l’Iran de février révèlent qu’au moins 38 % des produits alimentaires ont connu une inflation supérieure au taux d’inflation général annuel. En outre, sur les 53 produits alimentaires suivis dans les zones urbaines, au moins 20 ont connu des changements de prix annuels dépassant le taux d’inflation national, les sources de protéines étant en tête du peloton.

Source : INU/ CSDHI 

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