Hamid Baradaran, PDG de la Société de contrôle du trafic de Téhéran, une entité municipale, a annoncé le 9 avril 2025 son intention d’installer 15 000 caméras de surveillance dans la capitale. S’adressant à l’agence de presse publique ISNA, M. Baradaran a déclaré : « Il s’agit d’une approche de supervision visant à réduire les infractions dangereuses dans la ville de Téhéran, ce qui entraînera une baisse des accidents et des décès urbains.» Il a ajouté que ces caméras, équipées de l’IA, sont destinées à « détecter les infractions conduisant à des incidents et à l’anarchie », avec près de 3 000 milliards de tomans (environ 30 millions de dollars) alloués à l’initiative de ville intelligente.
Pourtant, cet ambitieux programme de sécurité de haute technologie contraste fortement avec l’incapacité du régime à remédier à la dégradation des infrastructures du pays. Alors que des milliards sont investis dans les mécanismes de surveillance et de contrôle, les routes, les ponts et les réseaux de transports publics iraniens restent délabrés, contribuant à un taux effarant d’accidents de la route – plus de 17 000 décès par an, selon les statistiques officielles. Baradaran lui-même a reconnu qu’un budget distinct de 4 000 milliards de tomans était nécessaire pour achever l’électrification des infrastructures de transport de Téhéran, un projet qui reste sous-financé et loin d’être achevé.
L’utilisation par le régime des technologies de surveillance va bien au-delà du contrôle routier, révélant ses véritables priorités : maintenir le pouvoir dans un contexte de troubles croissants. Les responsables de la sécurité ont ouvertement admis avoir réaffecté les caméras urbaines pour faire respecter le port obligatoire du hijab et traquer les manifestants. En 2023, le chef de la police routière de Téhéran a confirmé que des caméras de circulation étaient utilisées pour identifier les femmes violant la réglementation sur le hijab, une politique renforcée par des médias affiliés au CGRI comme Mashregh News, qui se vantait de la « domination totale des forces de sécurité sur les émeutiers et les agitateurs » grâce à la technologie de reconnaissance faciale. Lors des manifestations nationales de 2022, les médias d’État ont diffusé des images de caméras de surveillance urbaine pour identifier et arrêter les manifestants, soulignant ainsi l’effet répressif de ces outils.
Cette juxtaposition de surveillance de haute technologie et de services publics négligés révèle l’hypocrisie du régime. Alors qu’il investit massivement dans l’IA et les réseaux de caméras pour surveiller ses citoyens, des millions d’Iraniens subissent de fréquentes coupures de courant, des pénuries d’eau et un effondrement économique. Le budget de Téhéran pour les villes intelligentes éclipse les maigres fonds alloués à la modernisation de son réseau électrique vieillissant ou au développement des transports publics, laissant les citoyens subir de plein fouet les priorités malavisées du régime.
Les critiques affirment que la priorité donnée par les dirigeants religieux à la sécurité plutôt qu’à l’aide sociale est une tentative désespérée de repousser une « société explosive » au bord de la révolte. Les 15 000 nouvelles caméras, associées à 600 systèmes de contrôle de vitesse et à des détecteurs de feux rouges supplémentaires, dont le déploiement est prévu d’ici mi-2025, signalent une intensification de la surveillance exercée par le régime. Pourtant, alors que Baradaran vante un avenir de « couverture maximale » pour endiguer l’anarchie urbaine, la question demeure : qui paie le prix d’un gouvernement qui considère sa population comme une menace à surveiller plutôt que comme des citoyens à servir ?
Pour l’instant, les dirigeants iraniens semblent déterminés à consolider leur forteresse technologique, alors même que les fondements du pays s’effondrent sous leurs pieds.
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