Ce document, basé sur les observations d’une ancienne prisonnière politique qui a été détenue dans le quartier des femmes de juillet 2018 à mars 2020, fournit un compte-rendu détaillé des graves violations des droits humains qui se produisent au sein de la prison. L’identité de l’auteure n’a pas été révélée pour des raisons de sécurité, mais les détails révèlent une image inquiétante de la vie des femmes qui y sont incarcérées.
Contexte historique et emplacement
La prison de Tabriz est située dans un bâtiment datant de l’ère Pahlavi, la monarchie iranienne d’avant la révolution. Le quartier des femmes est situé à un étage qui comprend un seul hall où se trouve également le bureau des gardiens. L’infrastructure de la prison reflète son âge, avec des couloirs étroits menant au quartier des femmes, ce qui exacerbe encore le sentiment d’enfermement et d’oppression.
Administration de la prison de Tabriz et mauvais traitements
Le quartier des femmes était supervisé par une fonctionnaire nommée Ourangi, connue pour son comportement violent et menaçant. Elle a dit un jour à une détenue : « Si j’avais la fatwa du guide suprême [en référence à Ali Khamenei, la plus haute autorité en Iran], je te couperais en morceaux avec un couteau ici même ! ». Cette déclaration illustre le niveau de brutalité et de répression auquel les femmes détenues sont confrontées quotidiennement. Un autre personnage clé de l’administration était un homme nommé Mahmoudi, qui était le directeur de la prison de Tabriz.
Population carcérale et conditions de vie
Les femmes emprisonnées à Tabriz étaient détenues dans des conditions de surpopulation, le nombre de détenues dans le quartier fluctuant entre 100 et 150. Les prisonnières n’étaient pas séparées en fonction de la nature de leurs délits ; les prisonnières politiques étaient détenues aux côtés de celles condamnées pour divers délits sociaux, tels que le vol, la prostitution et le trafic de stupéfiants. L’écrasante majorité de ces femmes sont issues de milieux économiquement défavorisés.
Avec l’augmentation du nombre de détenues, les ressources sont devenues encore plus rares. De nombreuses détenues ont été contraintes de dormir à même le sol en raison du manque de lits. La surpopulation et les installations inadéquates ont conduit à une crise croissante au sein de la prison de Tabriz.
Prisonniers juvéniles et politiques
Le « Centre de réhabilitation et de correction » accueillait les détenues de moins de 18 ans et les prisonnières politiques qui étaient maintenues à l’écart des autres. Il s’agit notamment des personnes arrêtées lors des vastes manifestations de novembre 2019, une période de troubles importants en Iran.
Communication et hygiène
La prison de Tabriz ne disposait que de 4 téléphones pour les 100 à 150 détenues, ce qui entraînait de longues files d’attente et des retards importants pour contacter les membres de la famille. Les normes d’hygiène étaient effroyablement basses. Avec seulement 5 douches pour plus de 100 femmes, il y avait souvent une pénurie d’eau chaude. Le manque de sanitaires a favorisé la propagation de maladies et la présence d’animaux nuisibles, mettant encore plus en danger la santé des détenues. Chaque détenue ne recevait qu’une petite quantité de produits d’entretien, insuffisante pour répondre à ses besoins mensuels.
Accès limité aux produits de première nécessité
Le magasin de la prison n’était ouvert que quelques heures par jour, et seuls les détenues qui recevaient de l’argent de leur famille pouvaient acheter des produits de première nécessité. Les détenues devaient souvent faire la queue pendant de longues périodes pour acheter des fruits et d’autres produits de première nécessité.
Nutrition et soins de santé
Le régime alimentaire des prisonnières était pauvre, composé principalement de riz de mauvaise qualité et de maigres portions de ragoût et de soupe de lentilles pour le dîner, ce qui ne répondait pas aux besoins nutritionnels des femmes. En conséquence, de nombreuses prisonnières se sont mises à manger du pain pour résister à la faim, ce qui a entraîné une prise de poids anormale.
Les soins médicaux dans la prison de Tabriz étaient en crise. Les prisonnières n’étaient pas autorisées à conserver leurs médicaments et devaient faire de longues files d’attente pour recevoir des médicaments essentiels, ce qui aggravait leurs maladies. De nombreuses personnes incarcérées souffrent d’une série de problèmes médicaux non traités en raison de l’inadéquation du système de soins de santé de la prison.
Santé mentale et travail forcé
La santé mentale de nombreuses femmes détenues à la prison de Tabriz s’est détériorée, ce qui a entraîné un nombre inquiétant d’actes d’automutilation. Les autorités pénitentiaires ont réagi en interdisant les objets tranchants, obligeant les détenues à utiliser des gobelets en plastique et des flacons en métal pour éviter de s’automutiler davantage. Ces actes d’automutilation témoignent du profond désespoir des détenues.
En plus des conditions de vie difficiles, les prisonnières étaient forcées de s’engager dans le tissage de tapis, un travail intensif. Malgré la nature éprouvante du travail, elles ne recevaient qu’une somme dérisoire pour leur labeur, tandis que les responsables de la prison profitaient de la vente des tapis.
Les conditions de détention dans la prison de Tabriz entre juillet 2018 et mars 2020 reflètent un ensemble plus large d’abus systémiques et de violations des droits de l’homme sous le régime iranien.
Les conditions dans la prison de Tabriz pendant la période de juillet 2018 à mars 2020 reflètent un modèle plus large d’abus systémique et de violations des droits de l’homme sous le régime iranien. L’absence de soins médicaux appropriés, une alimentation inadéquate, la surpopulation, le travail forcé et les abus psychologiques dressent un tableau sombre de la vie des détenues dans cet établissement. Ce document rappelle avec force qu’il est urgent que la communauté internationale s’intéresse aux violations des droits de l’homme dans les prisons iraniennes et qu’elle intervienne pour y remédier.
Source : CNRI Femmes
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