Cette affaire met en lumière la répression permanente de la liberté d’expression en Iran, en particulier lorsqu’il s’agit de critiquer des fonctionnaires ou des institutions de l’État.
Le 20 août 2024, la branche 2 du tribunal révolutionnaire de Zahedan, la capitale de la province de Sistan et Balouchestan, a condamné Elham Estadi à un an de prison pour « propagande contre l’État ». L’accusation était fondée sur un message qu’elle avait publié sur Instagram pour exprimer son soutien aux manifestations contre le viol d’une jeune fille de 15 ans par le colonel Ebrahim Kouchakzai, l’ancien commandant de la police de Chabahar, une ville située dans le sud-est de l’Iran.
L’incident qui a déclenché ces protestations s’est produit le 1er septembre 2022, lorsque le colonel Kouchakzai, sous prétexte d’interroger la jeune fille, l’a emmenée dans ses quartiers privés du village de Sediq Zahi, dans le comté de Chabahar, et l’a violée. Cet acte odieux a suscité de nombreuses protestations dans la province de Sistan et Baloutchestan, une région connue pour son importante minorité ethnique baloutche. Ces manifestations ont été sévèrement réprimées par les forces de sécurité iraniennes.
Bien qu’Elham Ostadi n’ait pas participé aux manifestations de rue, son post Instagram critiquant le crime et exprimant sa solidarité avec les manifestants a conduit à son arrestation le 22 août 2023. Elle a été détenue par les forces de sécurité à Chabahar, qui auraient fait preuve de violence et n’auraient pas présenté de mandat d’arrêt. Ostadi a d’abord été détenue dans un centre de détention secret avant d’être transférée à la prison centrale de Zahedan, où elle a passé 10 jours à l’isolement.
Après près de 2 semaines de détention, Ostadi a été temporairement libérée le 2 septembre 2023, après avoir versé une caution de 200 millions de tomans (environ 4 700 USD à l’époque). Malgré sa libération, elle a continué à faire l’objet de pressions judiciaires, qui ont abouti à sa condamnation en août 2024. Outre la peine de prison pour « propagande contre l’État », Elham Ostadi avait déjà été condamnée à une amende pour « trouble de l’opinion publique » dans une affaire distincte.
En réponse au tollé provoqué par l’affaire du viol, le pouvoir judiciaire iranien a annoncé en février 2023 que le colonel Kouchakzai avait été condamné par un tribunal militaire dans la province de Sistan et Balouchestan. Il a été condamné à une peine de prison et à une radiation définitive de la fonction publique.
La condamnation d’Ostadi s’inscrit dans le cadre plus large des efforts déployés par le régime iranien pour réduire au silence la dissidence, en particulier sur les médias sociaux, où les critiques du gouvernement et de ses représentants sont de plus en plus sévèrement réprimées. Cette répression est particulièrement prononcée dans des régions comme le Sistan et le Balouchestan, où les minorités ethniques et religieuses sont victimes de persécutions disproportionnées.
Le cas d’Elham Ostadi est emblématique de la répression permanente du régime iranien contre la liberté d’expression. Son emprisonnement pour avoir publié sur les réseaux sociaux un message condamnant l’agression sexuelle d’une mineure par un policier montre à quel point le régime est prêt à tout pour étouffer la dissidence et soustraire ses fonctionnaires à l’obligation de rendre des comptes.
Alors qu’Elham Ostadi s’apprête à purger sa peine, son histoire souligne la nécessité urgente d’attirer l’attention de la communauté internationale sur les violations des droits de l’homme en Iran, notamment en ce qui concerne le traitement des femmes et des minorités ethniques.
Source : CNRI Femmes
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire