Les manifestations les plus importantes ont rassemblé des retraités de la Compagnie iranienne des télécommunications (TCI), qui ont organisé des rassemblements simultanés dans plusieurs centres urbains. De Téhéran et Kermanshah à l’ouest, à Sanandaj, Ilam et Tabriz au nord-ouest, en passant par Ispahan au centre et Rasht et Golestan au nord, les retraités ont exprimé leur colère face à l’insuffisance de leurs retraites et de leurs prestations sociales.
À Téhéran, les manifestants ont scandé : « Nous n’aurons de cesse tant que nous n’aurons pas obtenu nos droits » et se sont interrogés avec force : « Qu’est-il arrivé à cette entreprise à hauts revenus ?» Leurs homologues de Kermanshah ont fait écho à cette détermination, déclarant : « Nous reviendrons tous les lundis jusqu’à ce que nous obtenions nos droits », et ont condamné l’entreprise en affirmant : « TCI n’obéit à aucune loi.»
Des scènes de défiance similaires se sont produites à Ispahan, où les retraités ont accusé « TCI n’obéit à aucune règle » et ont dénoncé les institutions du régime qui gèrent l’entreprise, les qualifiant de « menteuses et de voleuses ». À Ilam, le désespoir était palpable, les manifestants proclamant : « Ils ont pris nos moyens de subsistance en otage. Nous ne garderons plus le silence. »
Au cœur des griefs des retraités des TCI se trouve la mauvaise gestion et le pillage présumés de leurs fonds de pension par des entités étroitement liées aux structures de pouvoir du régime. À Kermanshah, les manifestants ont notamment dénoncé « l’injustice systémique, notamment la mauvaise gestion de leurs pensions par des actionnaires majeurs comme l’Exécution de l’Ordre de l’Imam Khomeini (EIKO) et la Fondation coopérative du CGRI ».
Ils ont accusé ces puissants organismes, qui détiennent des participations importantes dans les TCI, de ne pas « respecter leurs obligations légales ». Cette accusation a trouvé un écho direct à Rasht, où les retraités ont scandé : « L’organisation Exécution de l’Ordre de Khomeini (EIKO) a volé nos pensions ». À Rasht comme à Marivan, les retraités ont exigé la pleine application des réglementations en matière d’emploi et de protection sociale approuvées en 2010, soulignant des années de promesses non tenues.
Les retraités de Marivan ont également dénoncé l’inadéquation des récents ajustements, soulignant que quelque 20 000 d’entre eux avaient bénéficié d’augmentations allant de 20 000 à un million de tomans – une somme qu’ils ont qualifiée d’« injustice odieuse et injustifiable » contre leurs moyens de subsistance.
Les manifestations du 2 juin ne se sont pas limitées aux retraités. Partout en Iran, d’autres secteurs de la société se sont également soulevés contre les politiques économiques du régime. Dans la province du Golestan, au nord de l’Iran, des producteurs de pommes de terre ont organisé un rassemblement, luttant contre les pertes financières qu’ils attribuent directement à ces politiques.
À Zanjan, au nord-ouest de l’Iran, des employés de l’entreprise Tesco ont manifesté devant le gouvernorat pour protester contre les violations par l’entreprise du droit du travail concernant les emplois « pénibles et dangereux ».
Plus au sud, à Bandar Abbas, les poissonniers ont protesté contre leurs conditions de travail difficiles, soulignant notamment l’absence de climatisation sur leur marché, allant même jusqu’à organiser leur manifestation en présence d’un représentant du ministère de la Santé.
À Galikesh, également dans la province du Golestan, des conducteurs de tracteurs ont rejoint la vague de contestation, protestant contre la hausse du prix du carburant et les pressions économiques plus larges, parallèlement aux mouvements de camionneurs en cours. Ces manifestations variées témoignent d’une frustration nationale généralisée, exprimée par les retraités des TCI à Ilam : « Ils ont pris nos moyens de subsistance en otage. Nous ne resterons plus silencieux.»
Alors que les citoyens de tout le pays expriment leur désespoir économique par des rassemblements pacifiques, des informations continuent de faire état des tactiques brutales du régime dans d’autres régions, témoignant d’un mépris constant pour les droits fondamentaux et le bien-être du peuple iranien.
Par exemple, le 1er juin 2025, les forces de sécurité de l’État ont effectué une descente dans le village de Hossein Abad Jikooli à Zahedan. Dimanche, vers 4 heures du matin, elles ont commencé à démolir des habitations. Plus de 30 maisons auraient été détruites, l’opération s’étendant à d’autres quartiers du village.
Selon un habitant, les policiers ont défoncé des portes, réveillé violemment des femmes et des enfants, y compris ceux de familles monoparentales, et les ont expulsés de force de leurs logements. Ce contraste saisissant entre les manifestations économiques pacifiques et la violente répression étatique met en lumière les priorités du régime.
L’ampleur et l’intensité des manifestations du 2 juin, depuis les actions coordonnées des retraités des TCI accusant directement de puissantes organisations parapubliques comme l’EIKO et la Fondation coopérative du CGRI de pillage de leurs fonds, se sont étendus aux agriculteurs, ouvriers et petits commerçants. Ils témoignent d’une crise de légitimité profonde et croissante pour le régime iranien.
Les slogans dans les rues ne sont pas de simples appels à l’aide économique ; ils dénoncent un système perçu comme corrompu, irresponsable et indifférent aux souffrances de ses citoyens. Le peuple iranien manifeste de plus en plus son refus de supporter passivement le poids de décennies de mauvaise gestion économique et de corruption institutionnalisée. Ses revendications en matière de droits fondamentaux, de dignité et d’un gouvernement qui serve ses intérêts, plutôt que de piller ses ressources, se font de plus en plus fortes et insistantes, remettant en cause les fondements mêmes du régime clérical.


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