Vendredi, un groupe de législateurs britanniques a publié une déclaration au nom du Comité international des parlementaires pour un Iran démocratique, dans laquelle ils ont exprimé leur frustration face à une tendance au silence à la suite d’une affaire judiciaire historique qui s’est soldée plus tôt dans le mois par un verdict de culpabilité pour un terroriste iranien qui opérait sous couverture diplomatique.
La déclaration vise à la fois les dirigeants de l’Union européenne et le gouvernement du Royaume-Uni, décrivant leur politique collective à l’égard de l’Iran comme une politique de « diplomatie maximale » à un moment où une « pression maximale » est nécessaire.
Parallèlement, les États-Unis ont commencé à s’éloigner de la stratégie de « pression maximale », depuis qu’ils sont passés de l’administration Trump à celle de son successeur, Joe Biden. Cependant, Biden a signalé qu’il n’est pas disposé à reprendre la suspension des sanctions économiques à moins que le régime des mollahs ne revienne d’abord sur toutes les mesures qu’il a prises pour violer l’accord dans le but de faire chanter la communauté internationale après que Trump s’est retiré de l’accord. La réaction du Téhéran n’a donné aucun signe de résolution, surtout si le Royaume-Uni et l’UE refusent de prendre clairement parti et de commencer à faire pression pour une politique correcte.
Ce type de pression est précisément ce qui était demandé dans la déclaration signée par les députés Bob Blackman, David Jones et Steve McCabe, ainsi que par Lord Alton of Liverpool. Le lendemain de la publication de cette déclaration, Alton a envoyé une lettre séparée au ministre britannique des Affaires étrangères Dominic Raab, réitérant le message et soulignant que le Royaume-Uni pourrait jouer un rôle clé en poussant ses alliés européens vers un ensemble de politiques qui contribuent à maintenir et à étendre la stratégie de pression maximale.
« La Grande-Bretagne toute entière doit avoir le courage de prendre la tête de l’Europe pour faire face aux graves menaces du terrorisme d’Etat iranien », a indiqué la lettre avant de recommander que le gouvernement lance des enquêtes sur les diplomates iraniens au Royaume-Uni, afin de déterminer si certains d’entre eux pourraient être engagés dans des activités similaires à celles qui ont donné lieu à l’affaire qui s’est soldée le 4 février par une peine de 20 ans de prison pour l’ancien troisième conseiller à l’ambassade d’Iran à Vienne.
Ce diplomate, Assadollah Assadi, a été arrêté à l’été 2018, à peu près au même moment que trois co-conspirateurs qu’il avait enrôlés pour tenter un attentat à la bombe contre un rassemblement de l’opposition iranienne. L’événement s’est déroulé dans un centre de convention à la périphérie de Paris et s’il n’avait pas été déjoué, il aurait très probablement fait des centaines de morts dans l’explosion et la ruée qui aura suivi.
La cible principale du complot était la dirigeante de l’opposition iranienne, Mme Maryam Radjavi, qui est la présidente élue du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI). Assadi aurait ordonné à ses agents de placer la bombe le plus près possible d’elle lorsqu’il les a rencontrés au Luxembourg pour leur remettre personnellement l’engin. Le procès a également établi que c’est Assadi qui avait infiltré clandestinement les explosifs en Europe en utilisant une valise diplomatique sur un vol commercial.
La déclaration et la lettre susmentionnées soulignent à juste titre que ces activités témoignent d’un mépris ouvert pour les droits humains et les intérêts de sécurité occidentaux, et que l’absence de réponse adéquate à ces activités pourrait encourager les mollahs à tenter de récidiver. Les enquêteurs et les procureurs dans l’affaire Assadi ont clairement indiqué qu’il n’agissait pas de sa propre initiative, mais que l’ordre de lancer une attaque venait des hauts responsables du régime.
La Résistance iranienne avait précédemment révélé que le Guide Suprême du régime, Ali Khamenei, le président Hassan Rohani, le ministre des Renseignements, Mahmoud Alavi, et, surtout, le ministre des Affaires étrangères, Mohmmad Javad Zarif étaient derrière l’attentat à la bombe déjoué en 2018. Ce point a été repris par les législateurs britanniques dans leur déclaration dans laquelle ils ont critiqué l’UE pour avoir parrainé un Forum des affaires Europe-Iran du 1er au 3 mars, au cours duquel M. Zarif devrait s’exprimer aux côtés du chef de la politique étrangère de l’UE, Josep Borrell.
Cette décision « récompense le terrorisme d’État iranien au lieu de tenir son ministre des Affaires étrangères qui est responsable des actes terroristes commis par son diplomate », a indiqué la déclaration. La lettre de Lord Alton met ensuite en garde le Royaume-Uni contre la répétition de l’erreur de l’UE : « Le Royaume-Uni et ses diplomates doivent s’abstenir de participer à des événements diplomatiques aussi dangereux et rejeter toute tentative de l’UE d’ignorer l’implication directe de Téhéran dans des actes terroristes ou de l’excuser. »
Plus que cela, Lord Alton et ses collègues ont exhorté le Royaume-Uni et l’UE à démontrer les conséquences pour le régime iranien en déclassant les relations diplomatiques, en rompant les liens commerciaux et en subordonnant le retour au statu quo à la stricte condition que Téhéran s’engage à démanteler les réseaux terroristes et à ne plus jamais ordonner un tel complot sur le sol européen.
La déclaration a souligné que la réunion des ministres des affaires étrangères de l’UE de lundi à Bruxelles était l’occasion idéale de préparer le terrain pour cette action. Ce message a été réitéré le jour de cette réunion par un plus grand rassemblement d’expatriés iraniens et de leurs partisans politiques sur la place Schuman, devant le siège de l’UE. La manifestation visait spécifiquement à attirer davantage l’attention sur l’affaire Assadi et les menaces sous-jacentes qu’elle a révélées. Ses participants ont scandé des slogans et prononcé des remarques insistant sur une approche européenne ferme à l’égard du régime.
La manifestation reflétait fidèlement le sentiment populaire des communautés iraniennes, ce que confirme une déclaration de soutien signée par plus de 200 institutions iraniennes expatriées de 16 pays différents. Cette déclaration était adressée au président du Conseil européen, Charles Michel, ainsi qu’à Josep Borrell, et elle condamnait ce qu’elle a qualifié comme « le silence et l’inaction inexcusables des pays occidentaux » au lendemain de l’attentat d’Assadi contre des centaines d’expatriés.
La déclaration des communautés iraniennes a été publiée trois jours après la déclaration britannique, qu’elle a développée en établissant un lien entre le terrorisme étranger du régime des mollahs et d’autres questions, notamment les violations des droits humains au niveau national. En effet, ces deux phénomènes se sont accélérés au cours des derniers mois et années, le régime étant confronté à des défis de plus en plus difficiles de la part de la Résistance iranienne et de ses partisans à l’intérieur de l’Iran.
« Malgré les niveaux de répression les plus odieux imposés par le régime », selon la déclaration, le peuple iranien « a montré qu’il cherche à renverser le fascisme religieux dans son intégralité ». Depuis la fin de 2017, il y a eu au moins trois soulèvements nationaux en Iran, dont un en novembre 2019 qui a embrasé près de 200 villes et villages avant que les Gardiens de la révolution (pasdaran) n’ouvrent le feu sur des foules de manifestants, tuant plus de 1 500 personnes.
La persistance des troubles intérieurs qui s’en est suivie témoigne de l’opportunité qui s’offre aux gouvernements occidentaux de choisir la bonne politique. Bien au contraire, le risque pour la sécurité de l’Occident diminuerait considérablement si de sérieuses pressions étaient exercées sur le régime dans le but explicite de soutenir l’opposition. Faisant des pas symboliques en ce sens, la déclaration des communautés iraniennes suggère que l’UE, ses États membres et le Conseil de sécurité des Nations unies « dépouillent le régime théocratique illégitime et cruel des sièges que l’Iran occupe aux Nations unies et dans d’autres forums civils internationaux. Il faudrait plutôt accorder ces sièges aux représentants du CNRI en tant qu’alternative démocratique au régime ».
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