Par Giulio Terzi
Une lettre envoyée par sept Rapporteurs spéciaux des Nations Unies sur les droits de l’homme au régime iranien, afin de clarifier la position du régime sur le massacre de 1988 des prisonniers politiques, est une «avancée capitale» selon Amnesty International.
En 1988, le guide suprême de l’époque, Rouhollah Khomeini, a publié une fatwa pour éradiquer toute opposition politique à son régime despotique, ce qui a conduit à des exécutions massives de quelque 30 000 prisonniers politiques en l’espace de quelques mois seulement. Une telle férocité était inattendue, même au sein de l’establishment du régime. Le successeur désigné de Khomeiny, l’ayatollah Montazeri, a publiquement choisi de prendre position contre le diktat et a été assigné à résidence pendant plusieurs années.
Au cours de l’été 1988, des milliers de personnes ont été pendues dans tout le pays, des camions chargés de corps ont déchargé leurs contenus dans des fosses communes pendant la nuit. Les bulldozers les vidaient rapidement, et la terre engloutissait tous les témoins de la cruauté du régime, alors que l’histoire devait les oublier une fois pour toutes. Une génération entière a disparu. Trente mille noms, visages, rêves et futurs ont été tués et enterrés.
Video : Pour arrêter définitivement les exécutions en Iran, le monde devrait demander aux mollahs de rendre compte sur le massacre de 1988
Depuis 30 ans, la complaisance de la communauté internationale vis-à-vis du régime n’a conduit qu’à plus de répression, plus d’âmes humaines écrasées et plus de vies disparues en Iran malgré l’action des ONG internationales pour la protection des droits de l’homme et la lutte des groupes d’opposition iraniens pour réveiller les consciences sur la vraie nature du régime intégriste des mollahs.
Dans leur lettre envoyée à Téhéran, les sept rapporteurs spéciaux de l’ONU n’ont pu rien faire d’autre que se rendre compte que la communauté internationale n’a pris aucune mesure pour mettre un terme au massacre en cours:
«En décembre 1988, l’Assemblée générale des Nations Unies a adopté la résolution A / RES / 43/137 sur la situation des droits de l’homme en Iran, qui s’est dite « gravement préoccupée » par « une nouvelle vague d’exécutions au cours de la période juillet-septembre 1988 » visant les prisonniers «En raison de leurs convictions politiques». Cependant, la situation n’a pas été renvoyée au Conseil de sécurité, l’Assemblée générale des Nations Unies n’a pas donné suite à la résolution et la Commission des droits de l’homme des Nations Unies n’a pris aucune mesure. L’incapacité de ces organes à agir a eu un impact dévastateur sur les survivants et les familles ainsi que sur la situation générale des droits de l’homme en Iran et a encouragé l’Iran à continuer de dissimuler le sort des victimes et à maintenir une stratégie de détournement et de déni qui se poursuit à ce jour».
Il est maintenant temps de donner la priorité à une défense très forte des droits de l’homme du peuple iranien. Le monde doit reconnaître le régime iranien pour ce qu’il est : un Etat terroriste et extrémiste. Son comportement ne laisse aucun doute sur le fait que la communauté internationale doit faire davantage pour forcer Téhéran à mettre fin à ses comportements malveillants.
Le régime poursuit son règne de terreur dans toute la région et au-delà. Un embargo mondial sur les armes représentera une nécessité absolue pour étouffer la capacité de Téhéran à armer ses mandataires terroristes mondiaux, à échanger des armes avancées avec ses alliés (dont certains sont également membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies); et par ce commerce, gagner d’énormes sommes d’argent pour développer la corruption et le terrorisme.
Le moment est venu de donner la priorité à la paix plutôt qu’aux profits et d’unifier une «coalition des volontaires» politiquement intelligente derrière une campagne de pression maximale pour tenir le régime responsable de ses crimes en Iran et dans le monde entier.
La triste réalité est que la politique européenne a longtemps été sujette à la conciliation et à la complaisance dans ses relations avec la République islamique. Le désir de favoriser les relations avec les «modérés» au sein du régime islamiste a souvent conduit les décideurs occidentaux à fermer les yeux sur les actions du régime, y compris les actions qui menaçaient directement la vie des populations occidentales.
Le temps des accords profondément viciés est révolu. Nous devons nous engager à un blocus économique de l’Iran. C’est un «must» de sécurité internationale.
Giulio Terzi est l’ancien ministre des Affaires étrangères d’Italie, ancien ambassadeur d’Italie aux États-Unis, ancien Représentant permanent de l’Italie auprès des Nations Unies et membre du Conseil consultatif d’United Against Nuclear Iran (UANI)
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