CSDHI – La Cour d’appel a confirmé les peines de 15 ans de prison prononcées par le Tribunal révolutionnaire de Téhéran pour les militantes des droits des femmes, Hoda Amid et Najmeh Vahedi.
Répression des militantes des droits des femmes
Les militantes des droits des femmes affirment que la République islamique réprime même les activités « les plus pacifiques » qui sont sanctionnées par la loi. La branche 15 du tribunal révolutionnaire de Téhéran avait précédemment condamné Hoda Amid à huit ans de prison. Elle avait aussi prononcé à une interdiction de deux ans d’appartenance à des groupes et partis politiques et sociaux, à des activités en ligne, dans les médias et la radiodiffusion et à la pratique du droit, pour « collaboration avec le gouvernement américain hostile à la République islamique sur les questions relatives aux femmes et à la famille. » Les autorités judiciaires ont condamné Najmeh Vahedi à sept ans de prison et à une interdiction de deux ans de quitter le pays. Elle ne peut plus non plus d’adhérer à des groupes et partis politiques et sociaux, exercer des activités en ligne, dans les médias et la radiodiffusion, pour les mêmes motifs.
Condamnées en appel
La branche 36 de la cour d’appel de Téhéran a maintenant confirmé leurs peines alors que toutes les activités de Hoda et Najmeh s’inscrivaient dans le cadre juridique de la République islamique.
La journaliste et militante des droits des femmes, Naeimeh Doustdar s’est adressée à IHR. Elle a déclaré : « Le point important dans le cas de Mme Hoda Amid et de Mme Najmeh Vahedi est que même les activités les plus pacifiques ne sont pas tolérées. Même celles qui s’inscrivent dans le cadre de la République islamique et sur des questions familiales. »
Selon Mme Doustdar, l’interprétation de leurs activités est contraire à la nature même de celles-ci. « Ces deux militantes dirigeaient des ateliers sanctionnés par la loi pour enseigner aux femmes comment intégrer les conditions de leur engagement religieux dans leur mariage. Il en aurait résulté une réduction des violations des droits des femmes en raison de l’inégalité du mariage. Cela aurait peut-être contribué à renforcer leurs mariages de certaines façons. Mais on a interprété cela comme une collaboration avec le gouvernement américain hostile et criminalisé. »
Des arrestations vivement critiquées
Les forces de sécurité ont arrêté Hoda Amid et Najmeh Vahedi à leur domicile, le 1er septembre 2018. Ils ont passé plus de deux mois dans le quartier de sécurité 2A des pasdarans avant finalement de les libérer sous caution. Leurs arrestations ont suscité une vague de condamnations de la part des militants civils, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur de l’Iran.
Le juge Salavati ont jugé et condamné les deux militantes des droits des femmes. Ce juge siège à la section 15 du tribunal révolutionnaire de Téhéran le 31 octobre 2020. Selon des sources des droits humains, invoquant « le manque de temps pour déclarer leur représentation », la cour d’appel avait refusé à leurs nouveaux avocats l’accès à leur dossier.
Hoda Amid est une avocate. Najmeh Vahedi est une sociologue qui étudie actuellement pour son diplôme de troisième cycle en études féminines. Elles risquent de lourdes peines simplement pour avoir sensibilisé les gens aux droits des femmes.
Le militantisme des droits des femmes opprimé violemment en Iran
En parlant de l’histoire récente du mouvement des droits des femmes en Iran, Mme Doustdar a déclaré : « Depuis au moins deux décennies, les autorités attaquent constamment les militants des droits des femmes. A tel point que presque toutes les personnalités connues subissent soit des pressions. Soit les autorités les condamnent à de lourdes peines. »
La journaliste affirme que toute activité, sous quelque forme que ce soit, qu’il s’agisse de campagnes juridiques ou sociales, est toujours réprimée de la même manière. Cela a provoqué l’évasion d’un grand nombre de militants du pays.
Selon le verdict, en organisant des ateliers éducatifs sur les « conditions du mariage » et la « dot et les travaux ménagers », les deux femmes travaillaient « en accord avec le projet d’infiltration en affaiblissant les bases de la famille dans le but de renverser (le gouvernement) » et « en collaborant avec l’Amérique hostile à la République islamique sur les questions relatives aux femmes et à la famille. »
L’autonomie des femmes est en contradiction totale avec les règles des mollahs
Naeimeh Doustdar, cependant, estime que leurs activités qui renforcent l’autonomie des femmes, sont en conflit avec les objectifs de la République islamique pour les femmes : « Le résultat de l’autonomisation des femmes sera incompatible avec l’idéologie de la République islamique et l’image qu’ils veulent donner d’une femme musulmane et iranienne. L’autonomisation des femmes, l’élimination de la discrimination, une plus grande utilisation des ressources économiques, une plus grande participation politique, l’égalité en matière d’emploi et d’autres questions similaires sont incompatibles avec l’image qu’ils veulent donner des femmes. »
Elle considère en outre que les efforts du gouvernement pour « préserver le stéréotype de la femme musulmane » sont l’une des principales raisons de la répression des militants des droits des femmes. « Par le biais de nouvelles lois, la République islamique tente de promouvoir les stéréotypes féminins, en mettant en évidence les tabous sociaux. Ils cherchent à ramener les femmes au foyer, à élever les enfants et à maintenir la cellule familiale. Ce que font les militants des droits de la femme contredit ce tableau. Afin de préserver le stéréotype de la femme musulmane, ils sévissent contre toute femme qui revendique ses droits de quelque manière que ce soit. »
Source : IHR
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