jeudi 4 juillet 2024

La France expulse un Iranien soupçonné de trafic d’influence pour Téhéran

 Un policier garde l’ambassade et le consulat d’Iran, le 19 avril 2024, à Paris. Le 3 juillet 2024, la France a expulsé un Iranien soupçonné de trafic d’influence pour le compte de Téhéran.

– La France a expulsé mercredi un Iranien soupçonné de trafic d’influence pour le compte de Téhéran et d’avoir des liens avec l’armée idéologique des Gardiens de la révolution, ont déclaré son avocat et des responsables iraniens.

L’expulsion de Bashir Biazar, qui aurait été un ancien haut responsable de la télévision officielle iranienne, a frustré les militants parisiens qui avaient déposé le mois dernier une plainte pour torture à son encontre.

M. Biazar était en détention administrative depuis le début du mois de juin et faisait l’objet d’un arrêté d’expulsion du ministère français de l’intérieur.

Mohammad Mahdi Rahimi, responsable des relations publiques du bureau du président iranien, a écrit sur X que M. Biazar « a été libéré et qu’il est sur le point de rentrer dans son pays ».

Il a déclaré que M. Biazar avait été « illégalement arrêté et emprisonné en France il y a quelques semaines ».

Mais un représentant du ministère français de l’Intérieur, s’exprimant lors d’une audience plus tôt mercredi, a déclaré que M. Biazar était un « agent d’influence, un agitateur qui promeut les vues de la République islamique d’Iran et, plus inquiétant, harcèle les opposants au régime ».

Le représentant a accusé M. Biazar d’avoir filmé des journalistes des médias d’opposition iraniens en septembre devant le consulat iranien à Paris, après l’incendie criminel du bâtiment.

Les autorités françaises l’ont également accusé de trafic d’influence, c’est à dire d’avoir publié des messages sur les réseaux sociaux en rapport avec la guerre entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas à Gaza, dans lesquels il dénonçait les « chiens sionistes ».

Lors de l’audience, son avocat Rachid Lemoudaa a déclaré que l’arrêté d’expulsion était fondé sur des suppositions et que les propos de son client relevaient de la « liberté d’expression ».

Il a ajouté : « Je n’ai jamais eu connaissance d’une quelconque menace » de la part de M. Biazar.

La chaîne de télévision Iran International, basée à Londres, a décrit l’accusé de trafic d’influence comme un ancien fonctionnaire de la chaîne publique iranienne IRIB.

Les médias d’État iraniens l’ont décrit comme une « figure culturelle ».

L’affaire est survenue à un moment où les tensions entre Paris et Téhéran se sont accrues, trois citoyens français, qualifiés par la France d' »otages d’État », étant toujours emprisonnés en Iran.

Un quatrième Français, Louis Arnaud, détenu en Iran depuis septembre 2022, a été soudainement libéré le mois dernier.

L’association Iran Justice et des victimes de violations des droits de l’homme ont déposé une plainte pour torture contre M. Biazar le mois dernier à Paris.

Ils l’accusent de complicité de torture en raison de son travail passé avec l’IRIB, qu’ils décrivent comme un ancien directeur de production.

La plainte fait référence à la diffusion régulière par la télévision officielle iranienne de déclarations, voire d’interviews, de prisonniers iraniens ou étrangers, que les militants considèrent comme des aveux forcés.

« Il est incompréhensible (…) qu’aucune procédure judiciaire n’ait été engagée » contre M. Biazar, a déclaré à l’AFP Chirinne Ardakani, l’avocate parisienne à l’origine de la plainte.

Selon elle, des « indices sérieux » impliquent M. Biazar « dans la production, l’enregistrement et la diffusion d’aveux forcés obtenus manifestement sous la torture ».

« Rien n’est clair dans cette affaire », a-t-elle ajouté.

Les citoyens français toujours détenus en Iran sont Cécile Kohler, enseignante, et son compagnon Jacques Paris, détenus depuis mai 2022, ainsi qu’un autre homme identifié uniquement comme Olivier.

Cécile Kohler est apparue à la télévision iranienne en octobre 2022 et a tenu des propos qui, selon les militants, s’apparentaient à des aveux forcés.

Amnesty International décrit Mme Kohler comme étant « détenue arbitrairement […] alors qu’il est de plus en plus évident que les autorités iraniennes la retiennent en otage pour contraindre les autorités françaises à prendre des mesures spécifiques ».

Source : VOA/CSDHI 

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