mercredi 1 septembre 2021

Qui est Mohammad Eslami, le nouveau chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique ?

 Dimanche, Ebrahim Raïssi, le nouveau président des mollahs, a annoncé qu’il avait choisi Mohammad Eslami comme son adjoint et le nouveau chef de l’Organisation iranienne de l’énergie atomique (OIEA). Eslami remplace ainsi Ali Akbar Salehi, qui occupait ce poste depuis août 2013 et a joué un rôle crucial dans les négociations nucléaires qui ont abouti à la signature du plan d’action global conjoint (JCPOA).

Bien que les médias officiels iraniens et internationaux se concentrent sur le parcours universitaire d’Eslami, son manque de qualifications scientifiques dans le domaine nucléaire, ainsi que sa désignation par les Nations unies pour son rôle dans le « programme d’armes nucléaires » du régime, un examen approfondi pourrait révéler que sa nomination n’est pas si anodine après tout. Il ne possède peut-être pas les qualifications requises, mais il en sait certainement plus sur le programme nucléaire iranien que vous ne le pensez.

Le 3 mars 2008, en vertu de la résolution 1803, l’ONU a sanctionné Mohammad Eslami en tant que directeur de l’Institut iranien de formation et de recherche des industries de la défense, pour avoir « participé, été directement associé ou apporté un appui aux activités nucléaires de l’Iran posant un risque de prolifération ou à la mise au point de vecteurs d’armes nucléaires ».

Selon les révélations du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI), Mohammad Eslami est un membre chevronné de la direction de la recherche des Gardiens de la révolution (pasdaran) qui aurait dirigé sa délégation lors de réunions avec A.Q. Khan à Téhéran en 1987. Le Los Angeles Times a écrit le 23 septembre 2005 :

« En 1987, Khan et deux intermédiaires qui avaient aidé le Pakistan à fabriquer sa bombe avaient vendu des composants et des plans de centrifugeuses à l’Iran, qui se lançait dans son propre programme nucléaire secret. La transaction a été finalisée lors d’une réunion à Dubaï par deux associés de Khan et trois Iraniens, dont l’un a été identifié cette semaine par un groupe d’exilés comme étant Mohammad Eslami, à l’époque un haut responsable des Gardiens de la révolution (pasdaran). Il s’agit de la première transaction connue dans ce qui allait devenir le plus grand réseau privé de prolifération au monde. »

Sur le CV d’Eslami, on apprend également qu’il a occupé des postes importants, notamment :

● Vice-président de l’Organisation des industries aérospatiales de 2004 à 2005.

● Chef de l’Institut d’éducation et de recherche des industries de la défense de 2004 à 2007.

● Vice-ministre des Affaires industrielles et de la recherche du ministère de la Défense de 2007 à 2017.

● Vice-ministre de l’ingénierie de défense passive du ministère de la Défense et en même temps secrétaire du quartier général du développement de la côte du Makran depuis 2014.

Conclusion : le nouveau chef du nucléaire a joué un rôle majeur dans l’ambitieux programme de missiles balistiques du régime depuis plus d’une décennie.

Avant Ali Akbar Salehi, l’AEOI était dirigée par Fereydoun Abbasi. Abbasi figure également « dans une annexe de la résolution 1747 du Conseil de sécurité des Nations unies du 24 mars 2007, en tant que personne impliquée dans les activités nucléaires ou balistiques du régime ». Dimanche, après l’annonce de la nomination d’Eslami comme nouveau chef de l’AEOI, M. Abbasi a tweeté : « La sélection de l’ingénieur Mohammad Eslami, qui a un bilan très positif dans les domaines de l’éducation, de la gestion exécutive au niveau national et de la recherche de produits ayant conduit à la matérialisation d’un produit, promet la mise en œuvre correcte des stratégies nucléaires du régime. »

Le 8 janvier 2020, la nuit même où les forces aérospatiales des pasdaran ont abattu l’avion de ligne ukrainien PS752, Mohammad Eslami, alors ministre des Routes et du Développement urbain sous Rohani, a imputé le crash à un « défaut technique » et a déclaré à l’agence de presse officielle ISNA : « Les médias étrangers publient des rumeurs sur une attaque terroriste, une explosion ou des tirs comme cause du crash d’un avion ukrainien, ce qui n’est pas vrai. Un défaut technique a été la cause de l’accident. » L’ancien « expert aérospatial » a ensuite avancé une théorie selon laquelle si l’avion avait été touché par un missile, il aurait explosé en l’air au lieu de s’écraser au sol.

Alors que le nouveau gouvernement de Téhéran est en train de prendre ses fonctions et que de nouveaux députés remplacent les anciens dans chaque ministère, on a spéculé sur le fait que la nouvelle délégation pour les négociations nucléaires sera dirigée par le trio : à savoir, Hossein Amir Abdollahian, le nouveau ministre des Affaires étrangères, Mohammad Eslami, et Ali Shamkhani, le secrétaire du Conseil suprême de sécurité nationale qui ne sera pas remplacé de sitôt. Alors que les 4+1 et Washington pressent impatiemment Téhéran de reprendre les pourparlers, la nouvelle équipe gouvernementale est tout sauf prometteuse.

Que l’Europe, les États-Unis ou les pays voisins de l’Iran le veuillent ou non, le Guide Suprême des mollahs, Khamenei, a pris sa décision. Ouvrir la voie à un Majlis (Parlement des mollahs) trié sur le volet et à un oppresseur en chef comme président, à deux bourreaux de masse comme président et chef du pouvoir judiciaire, et à une bande loyale comme cabinet, c’est conduire une conclusion indiscutable.

Confronté à une révolte nationale et à un isolement international, le régime n’a d’autre choix que de déclarer la guerre sur tous les fronts. L’installation du pionnier du « programme d’armes nucléaires » du régime et de l’expert en missiles comme nouveau chef du nucléaire, qui est prêt à mentir et à tromper pour sortir de la crise, n’est pas une coïncidence. C’est juste un puzzle qui s’assemble, pas lentement mais sûrement.

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