samedi 4 septembre 2021

Un millier d’anciens prisonniers politiques à la conférence sur le massacre et le génocide de 1988

 CNRI Femmes – Plus de mille anciens prisonniers politiques et familles de victimes du massacre de 1988 ont participé à une conférence en ligne le 27 août 2021. Intitulé “Iran : Massacre & Génocide e 1988. Non à l’impunité, oui à la responsabilité”, a marqué le 33e anniversaire du massacre de 1988 en Iran. Quelque 2 000 lieux étaient reliés à la conférence. Un millier d’anciens prisonniers politiques, membres de l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK), ont assisté à la conférence au musée de la Résistance iranienne à Achraf-3 en Albanie. Ils ont connu prison et torture sous les deux dictatures du chah et des mollahs. Plusieurs anciens prisonniers politiques et parents des victimes du massacre de 1988 ont pris la parole, relatant leurs expériences et témoignant des crimes du régime clérical. Ce rassemblement extraordinaire est la pointe d’une pyramide dans la société iranienne, avec des centaines de milliers de prisonniers torturés et les familles de 120 000 personnes qui ont donné leur vie pour la liberté.

Mehri Hajinejad
Mehri Hajinejad

Délégation de 12 anciens prisonniers politiques

Dans le cadre de la conférence sur le massacre et le génocide de 1988, Mme Mehri Hajinejad, prisonnière politique des mollahs pendant 4 ans et 8 mois, fait partie des plaignants officiels dans le procès de Hamid Noury qui se déroule à Stockholm. Elle a présenté un groupe de 12 anciens détenus politiques qui témoignent eux-aussi  à ce procès et expliqué l’histoire de leurs familles :

Mme Mahnaz Meymanat dont quatre proches, dont sa mère et deux frères, ont été tués par le régime inhumain des mollahs. Son frère, Mahmoud Meymanat, a été pendu à la prison Gohardacht de Karadj au cours de l’été 1988.

Khadijeh Borhani, dont la dictature religieuse a exécuté six frères et une belle-sœur. La famille Borhani est l’un des témoins du génocide perpétré par le régime. Mohammad Mehdi Borhani, le frère de Khadijeh, était prisonnier sous le régime du chah. Il a été tué sous la torture en 1982. Son autre frère, Mohammad Ali Borhani, a été exécuté à Qazvine en septembre 1981. Ahmad et Mohammad Hossein ont été pendus à la prison de Gohardacht en 1988 après d’innombrables tortures. La femme de Mohammad, Minou Mohammadi, a été pendue à la prison de Qazvine.

Mme Hajinejad a également partagé sa propre expérience : “J’ai été emprisonnée pendant près de cinq ans dans les cachots du régime de Khomeiny. Quatre de mes proches, dont mes trois frères Ahad, Samad et Ali Hajinejad, ont été exécutés par les mollahs criminels. Lorsque j’étais en prison, mes interrogateurs ont essayé de nous convaincre que nous étions seuls et que personne à l’extérieur ne nous soutenait. Mais les défenseurs de la liberté comme vous n’ont pas permis à ce régime inhumain de donner corps à ses tromperies.”

Sima Mirzai
Sima Mirzai

Sima Mirzai avec 14 proches exécutés

Mme Sima Mirzai, parente de victimes du massacre de 1988 en Iran, a pris la parole à la conférence. Elle a notamment déclaré : “Quatorze de mes proches ont été exécutés par le régime clérical. Ma sœur Khadijeh a été arrêtée en 1981 et torturée sans relâche pendant deux mois. Lors d’une brève visite, elle a dit à mon père que ce que le régime voulait d’elle était une lettre et une interview télévisée contre l’OMPI/MEK. Mais elle a dit : “Ils emporteront ce souhait dans leur tombe”. Khadijeh est restée ferme comme une montagne. Elle est morte sous la torture.

Sept de mes proches, mes deux frères Hossein et Mostafa, ma sœur, Massoumeh, ma belle-sœur, Mahnaz Youssefi, et trois de mes proches, ont été pendus au cours de l’été 1988 après avoir enduré sept années de prison et de torture. Ils faisaient partie des 30 000 prisonniers politiques héroïques massacrés cet été-là. Ceux qui n’ont jamais renoncé à leurs idéaux et à leur cause et qui ont embrassé la corde en criant “Vive la Liberté” et “Vive Radjavi”. Je ne trouve pas les mots pour décrire leur courage. Mon frère Hossein a passé la moitié de sa peine de 7 ans à l’isolement sous la torture. Je ne peux pas expliquer comment sa femme, Mahnaz, a été pendue à la potence, laissant derrière elle sa petite fille, qui a été privée à jamais de la chaleur de sa mère. Ma soeur, Massoumeh, avait fini de purger sa peine de cinq ans l’année d’avant. Mais elle n’avait pas été libérée. Le juge Salavati avait déclaré : “Si nous la libérons aujourd’hui, elle sera avec Massoud Radjavi à Achraf le jour suivant. Nous la garderons en prison jusqu’à ce que ses cheveux deviennent blancs comme ses dents.”

Comme l’a dit Achraf Radjavi, “le monde n’a jamais su ce qui est arrivé au peuple iranien et à l’OMPI/MEK”. Mes parents ont pleuré et pleuré, seuls, dans la nuit, mais ils ont tenu tête aux bourreaux et ont soutenu les convictions de leurs enfants. Avec leurs jeunes petits-enfants, dont les parents étaient emprisonnés, ils sont allés de la prison d’Evine à Ghezel-Hessar, puis à la prison de Gohardacht dans la chaleur brûlante de l’été et le froid glacial de l’hiver pour voir leurs enfants. La plupart du temps, les autorités pénitentiaires ne leur autorisaient pas de parloir avec leurs enfants. Et leurs petits-enfants revenaient à la maison en pleurant. Le bourreau sanguinaire (Assadollah) Ladjevardi disait à mon père : “Je dois brûler vos racines parce que vous avez élevé plusieurs membres de l’OMPI et les avez remis à la société”.

Khadijeh Ashtiani, médecin emprisonnée pendant cinq ans

La Dr Khadijeh Ashtiani a été prisonnière politique du régime clérical pendant cinq ans. Elle a témoigné du massacre de 1988 et des crimes du bourreau Hamid Noury, actuellement jugé en Suède. La Dr Ashtiani a déclaré : “J’ai été en prison pendant 5 ans. Au début, nous n’avions pas les yeux bandés dans la prison de Ghezel Hesar. Donc, je voyais fréquemment Hamid Nouri

“Aujourd’hui, je suis venu demander justice pour les victimes d’exécutions. Une partie de ces victimes sont les 30.000 porisonniers massacrées en 1988. Mon frère était l’un d’entre eux. Il a été arrêté et envoyé en prison à l’âge de 19 ans pour avoir soutenu l’OMPI/MEK. Le 17 mai 1988, Hamid Noury et Nasserian ont appelé 120 personnes de différents quartiers et les ont envoyées à la prison d’Evine. Pendant le transfert, les prisonniers ont traversé un tunnel de pasdarans. (Des pasdarans armés de bâtons alignés en deux rangs au milieu desquels les prisonniers étaient obligés de passer et se faisaient violemment tabasser.)

“À l’époque, nous avons entendu dire que ces prisonniers avaient été transférées à Evine pour être exécutées. Mais nous ne voulions pas le croire. Lors de sa dernière rencontre avec ma mère, le 25 juillet 1988, Ali, mon frère, lui avait dit que les autorités de la prison avaient confisqué leur télévision depuis deux jours. Ils avaient fermé toutes les portes et n’avaient pas distribuer de nourriture. Les gardiens leur avaient dit : “Puisque nous allons tous vous exécuter, vous n’avez pas besoin de manger. “

“Le régime a pris toutes ces mesures avant l’opération Lumière éternelle de l’OMPI. Cela montre que le massacre des prisonniers politiques avait été planifié. Ensuite, toutes les visites ont été annulées. Jusqu’en novembre 1988, nous nous rendions à la prison d’Evine pour demander des nouvelles de mon frère. Finalement, le 18 novembre 1988, les pasdarans sont venus chez nous et nous ont dit d’aller au comité de Téhéran-Pars pour récupérer son sac. C’est ainsi que nous avons appris qu’il avait été exécuté.

À cette époque, les communications modernes n’existaient pas. Dans chaque rue, des familles avaient perdu un membre. Leur voix, cependant, ne parvenait nulle part, et le monde ne savait pas ce qui était arrivé à l’OMPI et à leurs familles. Mais aujourd’hui, heureusement, avec Maryam Radjavi à la tête du mouvement pour la justice, la question est devenue mondiale, et nous avons des soutiens comme vous.”

Parvin Kouhi, ancienne prisonnière politique
Parvin Kouhi, ancienne prisonnière politique

Une témoin d’exécutions à grande échelle

L’ancienne prisonnière politique Parvin Kouhi figurait également parmi les intervenants à la conférence « Massacre et génocide de 1988 en Iran ».

« J’ai été dans les prisons d’Evine et de Gohardacht pendant environ cinq ans et demi. J’ai passé un an en isolement cellulaire. En septembre 1987, après avoir reçu ma sentence, j’ai été transférée à la prison de Dastguerd à Ispahan.

« Pendant mon emprisonnement, j’ai assisté à des exécutions à grande échelle. Certaines nuits à Evine, je pouvais compter jusqu’à 600 coups de grâce. C’était la politique de Khomeiny car il voyait sa survie dans la disparition et l’anéantissement de l’OMPI/MEK jusqu’à la dernière personne.

« Comme vous le savez, en plus de Téhéran, le massacre a eu lieu dans toutes les autres villes. Je veux témoigner du massacre de mes sœurs à la prison de Dastguerd à Ispahan.

« À mon arrivée à la prison d’Ispahan, j’ai été envoyée à l’isolement pendant un certain temps. Après avoir mon arrivée dans la section générale, j’ai été surprise par le petit nombre de prisonnières, surtout comparé au nombre de détenues à Evine. J’ai demandé à tout le monde la raison. On m’a dit que certaines condamnées à mort avaient été exécutées. D’autres avaient été libérées, ce qui ne laissait qu’environ 12 personnes dans la section. Certaines de ces prisonnières étaient membres d’autres groupes et avaient été libérés pour le nouvel An iranien de 1988 (qui tombe le 21 mars). Il ne restait donc que 9 prisonnières qui soutenaient l’OMPI/MEK. Comme nous n’étions que quelques-unes, on nous a emmenées dans “l’ancien quartier”, qui avait une toute petite cour et quelques cellules.

“C’était le 29 ou le 30 juillet 1988, quand ils nous ont bandé les yeux à toutes les neuf et qu’on nous a appelées dans une pièce. Ils nous ont posé des questions. Lorsque je suis revenue, je me suis rendue compte que sept d’entre nous n’étaient pas revenue. Le gardien m’a appris plus tard qu’elles avaient été exécutées. Cette nouvelle m’a choquée. Je ne savais pas ce qui se passait car les visites avaient été annulées et nous n’avions ni radio, ni télévision, ni journaux. Au bout de trois ou quatre mois, l’interdiction des visites a été levée et j’ai appris par ma famille que de nombreuses exécutions avaient eu lieu à Téhéran et dans d’autres villes. Mes proches m’ont dit que les victimes d’Ispahan avaient été enterrées dans le cimetière Bagh-e-Rezvan”.

Ni pardon ni oubli

Aujourd’hui, 33 ans après le massacre de 1988, le message des victimes résonne dans le Mouvement pour la justice, dans les soulèvements populaires et dans la détermination des unités de résistance à l’intérieur de l’Iran.

Le peuple iranien ne renoncera pas à son désir légitime de liberté en Iran et à faire traduire en justice guide suprême des mollahs, Ali Khamenei, son président, Ebrahim Raïssi, et les autres bourreaux qui occupent les sièges du pouvoir en Iran. Nous ne pardonnerons pas et nous n’oublierons jamais.

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