Cependant, ces chiffres ne racontent qu’une partie de l’histoire. De nombreux incidents dans l’industrie minière iranienne ne sont pas signalés et la véritable ampleur du danger reste largement cachée. Bien que l’exploitation minière ait toujours été une activité dangereuse, les accidents ont considérablement augmenté depuis les années 2000.
Les experts citent l’équipement obsolète comme un facteur majeur de l’augmentation des accidents miniers. Dans le cas de la récente catastrophe de Tabas, beaucoup pensent que le non-respect par l’employeur des protocoles de sécurité et le non-respect des avertissements précédents ont joué un rôle essentiel dans la tragédie.
Malgré la gravité de l’incident, aucune organisation ni autorité n’a revendiqué directement la responsabilité de l’incident. Les responsables gouvernementaux ont fait des déclarations contradictoires, et Ahmad Meydari, ministre des coopératives, du travail et de la protection sociale, a nié les allégations des syndicats selon lesquelles les consignes de sécurité n’avaient pas été respectées. « Il n’y a eu aucune violation, il s’agissait simplement d’un malheureux accident », a-t-il déclaré.
Au moins 50 morts dans l’explosion de la mine de charbon de Tabas en Iran
L’impact tragique de ces accidents est particulièrement évident dans les histoires des familles qui ont survécu. Dans une interview au journal Shargh, un proche en deuil a partagé un récit poignant : « Écrivez ce qu’ils nous ont fait. Nous avons dû payer 15 à 20 millions de tomans pour transporter les corps de nos proches chez nous, sans avoir accès à une morgue. Ils nous ont juste donné quelques morceaux de glace pour conserver les corps. »
Ces histoires personnelles mettent en lumière les souffrances plus vastes endurées par les mineurs iraniens et leurs familles.
Selon le Centre iranien des statistiques, plus de 134 000 personnes étaient employées dans le secteur minier iranien en 2022. Malgré cela, une part importante de ces travailleurs ne bénéficient pas d’une assurance contre les travaux forcés et beaucoup gagnent moins que le salaire minimum légal.
Les médias d’État rapportent que certains mineurs gagnent à peine 8,5 millions de tomans par mois (environ 142 dollars), bien en dessous du salaire minimum. Après la catastrophe de Tabas, les médias d’État ont publié les bulletins de salaire des mineurs de l’année dernière. Incroyablement, ces travailleurs, qui travaillent dans des conditions extrêmes, avaient des revenus mensuels nets allant de 7,4 à 9,9 millions de tomans (123 à 165 dollars).
L’absence de protocoles de sécurité actualisés, le vieillissement des équipements et la mauvaise gestion généralisée ont tous contribué à l’augmentation des accidents miniers en Iran. Un examen des catastrophes minières au cours des deux dernières décennies montre que beaucoup auraient pu être évitées.
Entre 2010 et 2019, plus de 3 000 accidents se sont produits dans les mines iraniennes, blessant plus de 13 000 travailleurs et coûtant la vie à plus de 430 mineurs. Au cours du seul premier semestre 2024, 20 accidents liés aux mines ont été signalés par l’ILNA, soulignant encore davantage l’état dangereux de l’industrie.
L’une des catastrophes minières les plus tristement célèbres d’Iran s’est produite dans la mine de charbon de Yurt en mai 2017. Une explosion dévastatrice a piégé les ouvriers à une profondeur de 1 300 mètres, entraînant la mort de 42 mineurs et ingénieurs. Un autre incident tragique dans la région de Tabas en novembre 2012 a tué quatre mineurs après que des avertissements concernant une ventilation inadéquate et une accumulation de gaz ont été ignorés.
Les accidents miniers en Iran ne se limitent pas aux dernières années. En 2010, l’effondrement d’un tunnel dans la mine « Ashkali Hajdak » à Kerman a fait cinq morts, les corps de deux victimes n’ayant été retrouvés qu’après 114 jours. En mars 2009, une explosion de gaz dans une mine de Zarand a tué 12 ouvriers.
Ces tragédies soulignent un problème omniprésent dans le secteur minier iranien : des méthodes obsolètes, des inspections du travail insuffisantes et des normes de sécurité médiocres.
Malgré ces défis, l’Iran reste l’un des plus grands pays du monde en termes de réserves minérales. Avec 68 types de minéraux différents, 37 milliards de tonnes de réserves découvertes et 57 milliards de tonnes de réserves potentielles, le secteur minier iranien joue un rôle essentiel dans son économie. En 2023, les exportations de minéraux étaient évaluées à 13,7 milliards de dollars.
Pourtant, l’exploitation minière ne contribue qu’à 2 % du PIB iranien, la majorité des mines étant détenues par des entités quasi gouvernementales qui se préoccupent davantage de sécuriser les rentes gouvernementales que d’améliorer la productivité ou la technologie.
En 1979, l’Iran comptait environ 195 mines en activité, avec une capacité d’extraction de 19,5 millions de tonnes. Aujourd’hui, la situation est bien plus complexe. Le développement et la rénovation du secteur minier (IMIDRO) après la révolution ont renforcé le contrôle gouvernemental sur le secteur, et des rapports récents montrent une baisse du nombre de mines en activité, de 6 250 à 5 761 en 2022. Malgré cela, les autorités affirment que 12 000 licences minières ont été délivrées et qu’il y a environ 8 000 mines en activité.
Le nombre élevé d’accidents dans les mines iraniennes est en grande partie dû à l’accent mis par le régime sur l’exploitation des travailleurs pauvres et sur la priorité donnée aux intérêts des entités affiliées au régime. Par conséquent, la sécurité des mines n’est pas une priorité.
Source: NCRI
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