Dans un pays où plus de 16 millions d’élèves devraient être scolarisés cette année, cet absentéisme généralisé est le signe d’un défi croissant. Environ 9,2 millions d’élèves sont inscrits dans des écoles primaires, 3,8 millions dans des lycées et 2,9 millions dans des écoles secondaires. Cependant, les problèmes structurels du système éducatif iranien, notamment l’inégalité d’accès aux ressources, le fossé qui se creuse entre les écoles publiques et privées et la grave pénurie d’enseignants, contribuent à l’augmentation du taux d’abandon scolaire.
Les écoles rurales et défavorisées sont confrontées à des défis majeurs
Ces dernières semaines, des images ont fait surface montrant les conditions désastreuses des écoles dans les zones rurales et défavorisées. Des routes impraticables mettent en danger la vie des élèves et de nombreuses écoles ne disposent même pas des équipements éducatifs les plus élémentaires, ce qui remet en question l’existence de l’équité scolaire en Iran. Les difficultés sont particulièrement graves dans des provinces comme le Sistan- Baloutchistan, où les élèves sont confrontés à des taux de réussite disproportionnés en raison des possibilités d’éducation limitées.
Un rapport de mai 2023 a révélé qu’au cours de l’année scolaire 2021-2022, près de 11 % des élèves de l’école primaire n’ont pas terminé leurs études. La province du Sistan-Baloutchistan a enregistré le taux de réussite le plus bas, avec seulement 75 % des élèves ayant terminé leur cursus. De même, 12 % des élèves du secondaire de la région n’ont pas réussi leurs examens finaux, soit le taux le plus bas du pays.
Pénurie d’enseignants et détérioration de la situation dans les écoles publiques
Le manque d’enseignants à tous les niveaux de l’enseignement est un facteur important qui contribue à la crise de l’éducation. Les classes surchargées sont la norme, en particulier dans les régions défavorisées, et le ministère de l’éducation a été contraint de combler les lacunes en réemployant des enseignants à la retraite et en recrutant des éducateurs peu motivés pour enseigner. L’incapacité du ministère à offrir des salaires compétitifs a entraîné des protestations syndicales, ce qui a encore affaibli le moral des enseignants.
Les élèves des écoles publiques sont de plus en plus souvent privés des ressources éducatives de base, tandis que les écoles privées à but non lucratif exigent des frais de scolarité élevés, offrant des privilèges particuliers aux élèves issus des familles les plus aisées. Ce contraste frappant dans l’accès à une éducation de qualité exacerbe les inégalités en matière d’éducation, car les écoles privées n’inscrivent que ceux qui ont les moyens de payer les frais élevés et qui réussissent des examens d’entrée rigoureux.
Pressions économiques et politiques sur les enseignants et les élèves
Les difficultés rencontrées par le système éducatif iranien sont aggravées par les pressions politiques croissantes exercées sur les enseignants et les éducateurs. Au cours de la dernière décennie, et plus particulièrement au cours des deux dernières années, les communautés culturelles et éducatives iraniennes ont été confrontées à une répression croissante de la part du régime. De nombreux enseignants ont été expulsés ou convoqués pour leurs activités syndicales, et certains directeurs d’école et éducateurs ont été démis de leurs fonctions. Cette pression politique, associée à des salaires bas et à un manque de ressources, a créé un environnement difficile pour les éducateurs et les étudiants.
En outre, l’influence idéologique du régime sur les programmes scolaires a nui à la qualité de l’enseignement. Les manuels scolaires des élèves sont fréquemment révisés pour promouvoir l’idéologie de l’État, ce qui fait que les enseignants ont du mal à suivre les changements et qu’ils maîtrisent de moins en moins la matière. Cette manipulation des programmes a contribué à une baisse significative des résultats scolaires dans tout le pays.
Le déclin de l’éducation se reflète dans les résultats des élèves
Les effets de ces défis se reflètent dans la baisse des performances des étudiants iraniens. Alireza Monadi, ancien chef de la commission de l’éducation et de la recherche au Parlement, a révélé que la moyenne des notes des étudiants iraniens est tombée à 11,5. En outre, le pourcentage d’élèves des écoles publiques réussissant l’examen national d’entrée à l’université a chuté. Selon les dernières données de l’examen d’entrée de 2024, seuls 7 % des étudiants les mieux classés venaient d’écoles publiques, et seulement deux des 30 meilleurs étudiants fréquentaient des établissements publics.
La baisse des résultats scolaires des étudiants iraniens, associée à l’augmentation du taux d’abandon scolaire et aux inégalités criantes en matière d’accès aux ressources éducatives, souligne l’urgence d’une réforme globale du système éducatif iranien. Si l’on ne s’attaque pas à ces problèmes systémiques, des millions d’élèves continueront d’être laissés pour compte et le fossé entre l’enseignement public et l’enseignement privé ne fera que se creuser.
Source : INU/CSDHI
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire