CSDHI – Où en sont les droits humains en janvier 2021 ?Le bilan de l’épidémie du coronavirus en Iran approche les 210 000 morts. Le régime continue de tergiverser sur l’achat de vaccins contre la Covid-19.
Une pandémie qui alourdit le bilan des droits humains
Il s’apprête à infliger encore plus de douleurs et de dégâts à la population du pays. Le 8 janvier 2021, l’ayatollah Ali Khamenei, le Guide suprême de l’Iran, a déclaré dans un discours que « l’importation de vaccins (Covid-19) fabriqués aux États-Unis et au Royaume-Uni est interdite. » Dans un tweet depuis caché par Twitter, Khamenei a affirmé que les vaccins fabriqués aux États-Unis ou au Royaume-Uni sont « complètement indignes de confiance. » Il n’est pas improbable qu’ils veuillent contaminer d’autres nations. » Suite à sa déclaration, environ 200 membres du parlement iranien ont également appelé à l’interdiction de l’importation de vaccins Covid-19 fabriqués aux États-Unis, au Royaume-Uni et en France.
L’ordre d’Ali Khamenei d' »interdire l’achat de vaccins américains et britanniques » est pratiquement un ordre de tuer des gens.
Pendant ce temps, les responsables du régime ont appelé de manière flagrante à plus de répression contre les gens.
Les autorités iraniennes ordonnent de réprimer la population
Le 2 janvier, le chef adjoint de la police iranienne a ordonné des violences contre les personnes détenues alors qu’elles brandissaient des machettes, selon un rapport vidéo de l’agence de presse officielle IRNA. Le reportage montre l’arrestation de plusieurs soi-disant « fauteurs de troubles » ou « voyous. » Les forces du régime leur ont bandé les yeux. Puis, ils les ont obligés à s’asseoir par terre. « Si vous arrêtez quelqu’un pendant un affrontement et que je le vois se tenir ici indemne, vous devez répondre à la question : pourquoi est-il indemne », dit le chef adjoint de la police, Qasem Rezaei, aux policiers qui se tiennent autour de lui.
Moins de trois jours après ces propos, Nasser Mousavi Laregani, député iranien, a déclaré que des peines d’amputation de doigts devraient être prononcées pour les « petits voleurs » afin de contrôler la criminalité.
« Malheureusement, nous assistons à une augmentation des vols et des petits larcins en raison de la forte inflation dans le pays et de l’augmentation du chômage », a déclaré Seyyed Nasser Mousavi Laregani au Parlement.
Le membre du conseil d’administration du Parlement a critiqué « l’arrogance globale. » C’est une expression que le régime utilise pour désigner les Etats-Unis. Ils ont remis en question « l’application des décrets islamiques » qui « imposent des limites aux magistrats qui imposent des peines d’amputation.
« Cependant, des peines d’amputation de la main doivent être appliquées pour les voleurs afin d’empêcher ces criminels de commettre des actes de malveillance », a ajouté l’ancien membre des pasdarans.
Le député, quant à lui, a explicitement reconnu que l’augmentation des vols est due à une forte inflation et à la hausse du chômage.
Il est clair que le régime clérical cherche à empêcher l’escalade des protestations populaires. Alors il utilise les exécutions, les arrestations arbitraires à grande échelle et d’autres mesures répressives.
Voici un aperçu de la situation des droits humains en Iran au cours du mois dernier, compilé par Iran Human Rights Monitor.
En janvier 2021, les violations des droits humains ont atteint leur apogée avec au moins 27 exécutions, des convocations et des détentions arbitraires, des violations des droits des prisonniers et des violations de la liberté d’expression dans différentes villes d’Iran.
Exécutions
Iran Human Rights Monitor a enregistré plus de 27 exécutions en janvier 2021. Le régime a pendu quatre prisonniers pour des raisons politiques. Six pour des infractions liées à la drogue. 16 pour meurtre et un pour viol. Une femme fait partie des personnes exécutées. Au cours du mois dernier, le régime iranien a augmenté la pression et la répression sur ses minorités. Au moins 10 des personnes exécutées étaient des citoyens baloutches.
Torture, peines inhumaines ou dégradantes
La police des services du renseignement iranien a torturé à mort un détenu de 35 ans dans l’ouest de l’Iran. Selon les informations locales, l’homme s’appelait Bahman Oghabi. Les forces du régime l’ont brutalement battu jusqu’à ce qu’il s’évanouisse dans un poste de police d’Islamabad. Ensuite, il est décédé à l’hôpital. Les agents iraniens ont arrêté Bahman Oghabi le 31 décembre 2020. ISelon les informations, la police a dit à la famille Oghabi que leur fils était tombé dans le coma après avoir pris du tramadol (un analgésique). Sa famille a déclaré qu’Oghabi ne fumait pas et ne se droguait pas.
Les autorités du régime ont condamné deux militants des droits de la minorité turque à Ardabil, dans le nord-ouest de l’Iran. Le tribunal d’Ardabil a statué sur quatre mois de prison et 40 coups de fouet chacun. Les deux hommes s’appelaient Maysam Jolani et Ali Khairju. Leur procès, présidé par le juge Sajjad Habibi, a eu lieu le 1er décembre 2020. La justice iranienne les a accusés de « participation à la perturbation de l’ordre public. »
Pendant ce temps, cinq autres militants turcs, sont condamnés à un total de cinq ans de prison et à 300 coups de fouet. Il s’agit de Yasaman Zafari, Hakimeh Ahmadi, Rahim Sasani, Sadullah Sasani et Mehdi Pourali. La justice a suspendu pour quatre ans les peines prononcées à l’encontre de ces militants.
Prisonniers
De nombreuses violations des droits des prisonniers ont marqué le mois de janvier 2021.
Abolfazl Ghasali, Yousef Kari, Abbas Lesani, Siamak Mirzaei, Ali et Reza Vaseqi sont des prisonniers politiques et de conscience. Ils ont entamé une grève de la faim pour protester contre les mauvais traitements infligés aux prisonniers. Ils protestent aussi parce que les autorités n’ont pas répondu aux demandes fondamentales de la prison.
Jasem Heydari, Ali Khasraji, Hossein Seilavi, Ali Motiri et Ali Mojaddam se sont cousu les lèvres. Ils ont entamé une grève de la faim le 23 janvier 2021 pour protester contre les mauvais traitements infligés aux détenus par les gardiens de prison et les autorités et contre le fait qu’ils soient privés de visites.
Dans un autre cas encore, Hadi Rostami, dont les 4 doigts de la main droite doivent être amputés, a tenté de se suicider le 18 janvier, en avalant des éclats de verre. Il l’a fait pour protester contre le fait d’être détenu dans un quartier de haute sécurité de la prison centrale d’Oroumieh. On l’a transporté à l’hôpital.
Refus de traitement
Khaled Pirzadeh
Les autorités ont transporté Khaled Pirzadeh, un prisonnier politique détenu au pénitencier du Grand Téhéran, à l’infirmerie de la prison le 1er janvier. Il a des problèmes cardiaques, mais les autorités ont refusé de l’envoyer à l’hôpital pour recevoir des soins médicaux adéquats.
Ali Nouri
Ali Nouri est un militant des droits civiques détenu à la prison d’Evine. Il souffre de douleurs rénales sans recevoir aucun traitement. Pourtant, il a développé des symptômes tels que nausées, vertiges, augmentation du rythme cardiaque et baisse de la température corporelle le 8 janvier. Soudain, il était incapable de marcher à cause de ses fortes douleurs. Alors, on l’a emmené à l’infirmerie de la prison d’Evine sur un brancard. Cependant, les autorités de la prison ont refusé de l’envoyer dans un hôpital municipal.
Raheleh Ahmadi
La prisonnière politique Raheleh Ahmadi est en mauvaise santé. Elle risque la paralysie. « Malgré l’inquiétude croissante des médecins quant à sa possible paralysie, les responsables n’ont pris aucune décision pour commencer le traitement médical de cette prisonnière », a déclaré son avocat Mostafa Nili. Il faut lui accorder d’urgence un congé médical, mais rien de tel n’a encore été fait. »
Monireh Arabshahi
Les autorités de la prison de Kachuii, à Karaj, ne soignent pas Monireh Arabshahi. Elle a des difficultés à respirer en raison du gonflement de sa gorge. Le 13 décembre 2020, un médecin spécialiste de la prison de Kachuii a ordonné un test pour Monireh Arabshahi, dans les 48 heures. Ce test n’est toujours pas effectué. Monireh Arabshahi doit subir un scanner de la glande thyroïde. Elle doit se faire opérer selon le diagnostic du médecin.
Seyed Tabib Taghizadeh
Seyed Tabib Taghizadeh, journaliste, s’est vu refuser un traitement médical alors qu’il souffre d’une SEP (sclérose en plaque). Il présente des signes d’une attaque de SEP. Les responsables de la prison lui ont dit qu’il devrait payer lui-même son traitement en raison du prix élevé des médicaments. De plus, les responsables carcéraux ne l’enverront pas dans un hôpital en dehors de la prison.
Reza Khandan
Reza Khandan, membre de l’Association des écrivains iraniens détenu dans la prison d’Evin, souffre d’hypertension, d’arthrose et de problèmes pulmonaires. Les autorités pénitentiaires ont refusé de l’emmener dans un hôpital à l’extérieur de la prison. En effet, il refusait de porter une tenue de prisonnier. L’article 90 du règlement de l’Organisation des prisons d’État d’Iran stipule que les uniformes de prison ne sont pas obligatoires. « Sauf si l’Organisation des prisons en décide autrement. »
Fatemeh Mosanna
La prisonnière politique Fatemeh Mosanna reste privée de soins médicaux urgents depuis plus de cinq mois. Fatemeh Mosanna, 53 ans, souffre d’une hémorragie intestinale depuis la mi-août. Les autorités de la prison d’Evine se sont opposées à un examen du médecin légiste. Elles lui ont accordé un congé médical. Les médecins disent qu’elle n’est pas physiquement apte à purger sa peine de prison. Elle souffre de colite intestinale et de graves migraines.
Refus des visites régulières et des permissions de sortie
Shapour Ehsani Rad est un militant syndical. Les autorités l’ont incarcéré dans le pénitencier du Grand Téhéran. Il n’a pas le droit de recevoir les visites de sa famille depuis trois semaines sur ordre du conseil de discipline de la prison. Le régime le punit donc car il protestait contre les mauvaises conditions de détention.
Fabrication de nouvelles affaires contre les prisonniers
Le 24 janvier, le service du renseignement de Marivan a révoqué la permission de sortie d’un prisonnier politique détenu dans la prison de Marivan. Les autorités ont renvoyé Tahsin Dadres en prison un jour seulement après son départ en permission. Les responsables de la prison ont refusé à plusieurs reprises sa demande de permission temporaire.
Après plusieurs étapes de fabrication d’un nouveau dossier contre le prisonnier politique Saeed Sangar, un autre 11 mois d’emprisonnement lui a été infligé le mercredi 20 janvier 2021. Il a déjà passé plus de 20 ans dans différentes prisons en Iran.
Mauvais traitements des prisonniers
Les autorités ont transféré de force la prisonnière politique Saba Kord Afshari dans un nouveau quartier de la prison de Qarchak le 26 janvier. Les autorités de la prison l’ont battue et traînée dans le pavillon 6, réservé aux criminelles de droit commun. Elles lui ont dit qu’elle ne méritait pas de rester en compagnie d’autres prisonniers politiques dans un pavillon séparé.
Pour en savoir davantage : https://iran-hrm.com/index.php/2021/02/03/iran-human-rights-monitor-monthly-report-january-2021/
Source : Iran HRM
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