jeudi 6 octobre 2022

Iran : La mort inquiétante d’une adolescente, Nika Shahkarami

 – L’inquiétude s’est accrue mercredi quant aux causes de la mort d’une adolescente, Nika Shahkarami, 16 ans, qui avait rejoint les manifestations en Iran, alors même que la justice iranienne a rejeté les accusations selon lesquelles elle avait été tuée par les forces de sécurité.

Selon des médias persans basés hors d’Iran, la famille de l’adolescente en deuil n’a pas eu le droit d’enterrer son corps dans sa ville natale, et deux proches parents auraient également été arrêtés.

Sa tante Atash Shahkarami a écrit sur Twitter que Nika avait disparu après avoir participé à une manifestation à Téhéran le 20 septembre.

Dix jours plus tard, la famille a appris qu’on l’avait retrouvée morte.

Des manifestations dans tout l’Iran, accompagnées de marches de solidarité dans d’autres pays, ont éclaté à la mi-septembre après la mort de Mahsa Amini, qui avait été arrêtée par la célèbre police des mœurs de Téhéran.

Selon les groupes de défense des droits, les forces de sécurité iraniennes ont tué des dizaines de personnes lors de la répression.

Selon des médias tels que BBC Persian et Iran Wire, la famille de Nika a pu voir le corps de Nika Shahkarami à la morgue mais n’a pas pu l’enterrer dans sa ville natale de Khorramabad, dans la province de Lorestan.

Au lieu de cela, les autorités iraniennes l’ont enterrée secrètement, le 3 octobre, date qui aurait marqué son 17e anniversaire, dans un village situé à des dizaines de kilomètres de Khorramabad.

Des images publiées sur les médias sociaux, notamment par le Centre pour les droits de l’homme en Iran, basé à New York, montrent la famille participant à une manifestation en sa mémoire à Khorramabad : « Aujourd’hui, c’était ton anniversaire, ma chérie !… Aujourd’hui, je te félicite pour ton martyre ! »

Des images censées montrer le lieu de sa sépulture dans le village de Veysian montrent une tombe sale avec une pierre tombale grossièrement taillée.

Des proches arrêtés

Atash Shahkarami et un oncle ont, tous les deux, été arrêtés, selon les informations. Atash Shahkarami a tweeté pour la dernière fois le 2 octobre et n’a rien fait depuis.

Selon certaines informations, l’adolescente, Nika Shahkarami, était détenue dans la prison de Kahrizak, près de Téhéran, mais cela n’a pas été confirmé par les autorités iraniennes. Lorsque la famille a vu son corps, son nez avait été fracassé et son crâne fendu, selon les informations.

La BBC Persian a rapporté lundi qu’un rapport d’autopsie réalisé par le cimetière Behesht-e Zahra de la région avait conclu qu’elle était décédée des suites de blessures multiples subies après avoir été frappée « avec un objet dur ».

Une enquête a été ouverte mercredi sur la mort de l’adolescente,Nika Shahkarami. Puis, les forces iraniennes ont arrêté huit personnes en relation avec celle-ci, selon l’agence de presse officielle IRNA mardi.

Mais le pouvoir judiciaire iranien a rejeté mercredi tout lien entre la mort de Nika Shahkarami et les protestations liées à la mort de Mahsa Amini.

L’autopsie a révélé « de multiples fractures (…) au niveau du bassin, de la tête, des membres supérieurs et inférieurs, des bras et des jambes, ce qui indique qu’on a jeté la personne d’une certaine hauteur », a déclaré l’agence de presse nationale IRNA, citant le responsable judiciaire de Téhéran, Mohammad Shahriari.

« Aucune trace de balle n’a été trouvée… et les preuves montrent que la mort a été causée par la projection de la personne », a-t-il dit, ajoutant : « L’incident n’a rien à voir avec les troubles récents ».

Plus tôt, l’agence de presse Tasnim avait déclaré que huit personnes qui travaillaient dans un immeuble proche du lieu du drame avaient été arrêtées en relation avec la mort de Shahkarami.

Le groupe de défense des droits de l’homme Iran Human Rights (IHR), basé en Norvège, affirme qu’au moins sept femmes figurent parmi les plus de 90 personnes tuées par les forces de sécurité iraniennes lors de la répression des manifestations.

Source : VOA/ CSDHI

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