Il est ancré dans 43 ans de lutte contre la misogynie du pouvoir. En témoigne le rôle des femmes dans la Résistance iranienne, qui sont non seulement des pionnières de la lutte pour la liberté, mais qui occupent également des postes de direction. Aujourd’hui, nous avons réalisé une interview exclusive avec Mme Sarvenaz Chitsaz, présidente de la Commission des femmes du Conseil national de la Résistance iranienne (CNRI). Dans cette interview, Mme Chitsaz a fait la lumière sur le rôle des femmes iraniennes dans le soulèvement actuel et sur l’histoire de la lutte des femmes pour la liberté et l’égalité.
Le monde entier observe que les femmes iraniennes jouent un rôle de premier plan dans les manifestations actuelles en Iran. Pouvez-vous nous en dire plus ? Pourquoi les femmes ? Comment se fait-il qu’elles soient à la tête des protestations ?
Nous sommes confrontés à un régime misogyne qui, au cours des quarante dernières années, a violé les droits les plus fondamentaux des femmes, notamment le droit de choisir leur tenue vestimentaire. Les femmes sont donc plus motivées pour lutter contre ce régime.
Le rôle des femmes dans les manifestations n’est pas un phénomène spontané. Il est ancré dans la lutte des Iraniennes depuis 43 ans, au cours de laquelle des dizaines de milliers de femmes ont été emprisonnées, torturées et exécutées. Le nombre de femmes exécutées pour leurs convictions politiques en Iran, principalement pour avoir été affiliées à l’OMPI, est sans précédent dans les temps modernes.
Leurs sacrifices font partie intégrante de l’histoire contemporaine de l’Iran et sont ancrés dans la conscience du peuple iranien.
En outre, les femmes ont joué un rôle clé dans la Résistance iranienne à tous les niveaux. 56 % des membres du CNRI sont des femmes. Le président élu du CNRI est une femme. Le secrétaire général de l’OMPI est une femme et depuis de nombreuses années, des femmes dirigent l’organisation.
Quelles sont les revendications des femmes iraniennes ? S’agit-il uniquement d’une demande d’égalité des sexes, y compris le droit de choisir leur tenue vestimentaire ?
Les femmes iraniennes réclament certainement l’égalité des sexes dans tous les domaines, y compris le droit de choisir leur tenue vestimentaire et leur vie sociale, et surtout l’égalité en droit des opportunités économiques et politiques.
Cependant, elles savent que tant que le régime intégriste sera au pouvoir, elles ne pourront pas atteindre leurs objectifs. Par conséquent, leur objectif premier est de renverser ce régime. Tout ce qui ne va pas dans ce sens serait une déformation des demandes du peuple iranien et un cadeau au régime des mollahs.
En tant que femme musulmane, quel est votre point de vue sur le droit des femmes à choisir librement leur tenue vestimentaire ?
Je crois fermement à la liberté de choix des femmes en ce qui concerne leur vie sociale, leur tenue vestimentaire, leur domaine d’études et leur carrière. Selon moi, la véritable démocratie consiste à respecter l’opinion des autres et à défendre leurs droits. Ce que font les mollahs est contraire à l’islam et constitue une insulte pour le vrai croyant.
Les dictateurs veulent imposer leurs vues au peuple. Le père du Shah déchu a essayé de forcer les femmes à enlever leur foulard et le régime des mollahs a essayé de rendre leur port obligatoire. Je pense que les deux ont tort. Les femmes doivent être libres de choisir, on ne doit pas leur dire ce qu’elles doivent faire.
En 1979, lorsque Khomeini a commencé à forcer les femmes à porter le voile, les partisans de l’OMPI, qui étaient musulmans et portaient le foulard, étaient alignés dans les premiers rangs de la manifestation contre le port obligatoire du voile.
Nous pensons que les femmes iraniennes doivent être libres de choisir ce en quoi elles croient, ce qu’elles veulent porter et comment elles veulent vivre. En bref, nous rejetons le voile obligatoire, la religion obligatoire et le gouvernement obligatoire.
Selon certaines informations, un certain nombre d’adolescents, dont des jeunes filles, auraient été arrêtés, voire tués. Le régime iranien a démenti ces informations. Quelle est la vérité ?
Nous avons identifié au moins 26 filles et garçons mineurs qui ont été tués par le régime au cours du récent soulèvement. Un exemple est celui d’Asra Panahi, âgée de 15 ans. Elle a été battue à mort par des agents en civil parce qu’elle avait refusé de participer à la cérémonie de propagande en faveur de Khamenei. Le régime a faussement prétendu qu’elle s’était suicidée. Il y a actuellement de nombreux mineurs dans les prisons du pays et l’ONU et la communauté internationale doivent agir immédiatement pour obliger le régime des mollahs à les libérer.
Quel est le plan du CNRI pour les femmes ?
Le CNRI a ratifié le plan il y a 35 ans, garantissant l’égalité totale des droits des femmes dans tous les aspects de leur vie.
Pour nous, l’égalité des droits des femmes ne se limite pas à leur tenue vestimentaire, mais englobe tous les droits fondamentaux, l’égalité devant la loi, et plus important encore, l’égalité de participation à la direction politique et l’égalité dans l’arène économique.
Mme Maryam Radjavi, présidente élue du CNRI, a déclaré que toutes les lois écrites ou non écrites sur le contrôle de l’habillement ou du comportement des femmes sous la rubrique du « mauvais port de voile », qui ont violé le droit des femmes iraniennes à la liberté et à la sécurité, n’auront pas leur place dans l’Iran de demain.
Elle a notamment déclaré que la charia des mollahs sera abolie dans l’Iran du futur et que toutes les lois discriminatoires seront abrogées après le renversement du régime.
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