mardi 11 octobre 2022

Les manifestations en Iran et le début d’une nouvelle ère

 « L’Iran ne sera plus jamais le même« , voilà ce sur quoi s’accordent de nombreux observateurs. Le vent du changement souffle enfin sur une nation qui a été le théâtre de nombreuses manifestations au fil des ans. Mais après 25 jours, le soulèvement actuel laisse présager le début d’une nouvelle ère.

Quatre semaines après que les protestations contre le régime, déclenchées par le meurtre d’une jeune fille par la police de la moralité, ont éclaté à travers l’Iran, les manifestations se sont transformées en un soulèvement national.

Dès le début, le régime a eu recours à la violence maximale pour réprimer les manifestations, mais il a échoué lamentablement. Vendredi 30 septembre, les forces de sécurité ont ouvert le feu sur des manifestants dans la ville de Zahedan, dans le sud-est du pays, massacrant plus de 90 personnes, dont des enfants. Les Iraniens appellent désormais cet incident le « vendredi sanglant« .

Quelques jours avant ce « vendredi sanglant », le Guide Suprême des mollahs, Ali Khamenei, s’est précipité sur les lieux pour remobiliser ses troupes, menaçant les manifestants et faisant l’éloge de la violence des forces de sécurité qui ont jusqu’à présent abattu plus de 400 citoyens, dont de nombreux adolescents.

Néanmoins, les manifestations se sont poursuivies samedi et dimanche dans des dizaines de villes à travers l’Iran. Les étudiants universitaires ont organisé des rassemblements et scandé des slogans contre Khamenei et son régime.

Le soulèvement national a connu un tournant le samedi 8 octobre. Les appels à des manifestations de grande ampleur ont été bien accueillis par les Iraniens, et les protestations ont repris de plus belle dans tout le pays. Les commerçants de dizaines de villes se sont joints à une grève de plus en plus étendue, et les étudiants se sont joints aux manifestations et ont refusé de se présenter aux cours. Les rues de Téhéran et d’autres villes étaient encombrées de voitures qui klaxonnaient en signe de solidarité avec le soulèvement. Les manifestants ont affronté les forces de sécurité et, dans certains cas, les ont obligées à fuir.

Le président du régime, Ebrahim Raïssi, s’est rendu à l’université al-Zahra avec l’espoir de s’adresser à une foule de militants. Pourtant, il a dû faire face à des étudiants qui l’ont chahuté en scandant « Dégage, assassin ! ».

Les manifestations ont éclaté samedi alors que les forces du régime étaient en état d’alerte. Pourtant, elles n’ont pas réussi à contenir les manifestations. L’incapacité du régime à réprimer les manifestations a maintenant tiré la sonnette d’alarme parmi les responsables. « La société s’est débarrassée de la peur. La peur des Iraniens s’est maintenant transformée en colère », a déclaré Nosratollah Tajik, un ancien diplomate, au site d’information officiel Bahar le 8 octobre.

Le soulèvement actuel ne prendra pas fin, quoi que fasse le régime ; il est national et représente l’étendue des griefs de tous les Iraniens, principalement la liberté. Alors que les manifestations s’étendent dans tout le pays, le régime se trouve dans une impasse quant à l’endroit où déployer ses forces répressive. L’ampleur des manifestations a mis à rude épreuve les forces de sécurité.

Les femmes et les jeunes, deux catégories de la société iranienne privées de leurs droits et réprimées, mais pourtant nombreuses, sont la force motrice de ces manifestations. Khamenei et son régime ont beaucoup à perdre, face à une population qui tient bon et n’a plus rien à perdre.

En outre, comme l’ont reconnu les responsables, l’opposition iranienne, l’Organisation des Moudjahidine du Peuple d’Iran (OMPI), et ses « Unités de résistance » agissent comme des catalyseurs du soulèvement.

Ce fait a été reconnu à plusieurs reprises par les responsables du régime, y compris le mollahs Gholam Reza Mesbahi Moghaddam, membre du Conseil de l’expédient. « Entre-temps, certains ont été trompés par les ennemis, y compris les hypocrites (terme péjoratif pour désigner les membres de l’OMPI), comme toutes les séditions passées. Derrière tout cela se cache la volonté de renverser le système par les hypocrites et l’Amérique« , a-t-il déclaré, selon l’agence de presse officielle Tasnim, le 1er octobre.

Les Iraniens scandent dans les rues de Téhéran et d’autres villes : « N’appelez pas cela des manifestations, c’est une révolution. » L’Iran est, en effet, à l’aube d’une révolution. Le moment est venu pour la communauté internationale de choisir le bon côté de l’histoire. Le peuple iranien jouit du même droit à l’autodéfense et à la résistance que toute autre nation, et la communauté internationale doit se montrer à la hauteur de ses obligations morales et juridiques en reconnaissant ces droits. Les Iraniens sont prêts à embrasser leur brillant avenir et à atteindre la liberté à n’importe quel prix. Il incombe désormais à la communauté internationale de soutenir le peuple iranien, et non ses oppresseurs.

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