vendredi 1 février 2019

L’Iran projette de bloquer Instagram après la publication du post d'un activiste torturé


instagram post torture iranCSDHI - Un article très populaire sur Instagram, écrit par un militant syndical, selon lequel il aurait été torturé quand il était sous la responsabilité du ministère du renseignement iranien, n'a jamais fait l'objet d'une enquête approfondie, mais un responsable judiciaire a répondu que l'application devait être bloquée pour empêcher le gouvernement d'être sous les projecteurs.

Selon le procureur de Téhéran, Abbas Jafari Dowlatabadi, les déclarations de Smaeil (également appelé Esmail) Bakhshi - qui ont provoqué un tollé général en Iran et conduit plusieurs anciens prisonniers politiques à déclarer qu’ils avaient également été torturés - sont illégales.
S'exprimant lors d'une émission de radio financée par l'État à Téhéran le 15 janvier 2019, Dowlatabadi a affirmé que l'utilisation d'Instagram équivalait à 90 délits différents.
Sans citer nommément Bakhshi, le procureur a cité la publication de « rumeurs » sur la torture comme un exemple des « délits » allégués sur Instagram :
« Aujourd'hui, nous voyons ces tentatives pour perturber le public et miner la réputation des autres en publiant des mensonges. Ils publient une rumeur et jettent le pays dans la tourmente. Un jour, ils font des déclarations sur le suicide et la torture et mettent sous les projecteurs toutes les branches de l'État ».
La réaction de colère du procureur fait suite aux déclarations actuelles de responsables iraniens selon lesquelles Instagram - utilisé par environ 23 millions de personnes en Iran - sera bientôt « filtré » (interdit et bloqué) dans tout le pays.
Bakhshi, un représentant du syndicat des travailleurs de la sucrerie Haft Tappeh de la ville de Shush, dans le sud-ouest de l’Iran, a publié une lettre ouverte sur sa page Instagram, le 4 janvier 2019.
Dix jours après avoir déclaré qu'il avait été battu à plusieurs reprises au cours de ses 25 jours de détention et abandonné dans sa cellule du centre de détention du ministère du renseignement à Ahwaz sans soins médicaux, le pouvoir judiciaire a ouvert une enquête de « deux jours » qui excluait les témoins oculaires et exonérait le ministère du renseignement.
Bakhshi a été ré-arrêté le 20 janvier avec le journaliste freelance en affaires du travail Sepideh Qoliyan. Les deux personnes risquent fort de subir de nouveaux torts alors que les représentants du gouvernement s'emploieront à empêcher que des déclarations comme la leur ne redeviennent publiques sur les médias sociaux.
Source : Centre pour les droits de l’homme en Iran

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