Saha Mortezaei, militante engagée
Le régime a accusé Saha de Mortezaei« rassemblement et collusion contre la sécurité nationale » pour avoir participé pacifiquement à des manifestations. Elle doit maintenant purger six ans de prison. La section 54 de la Cour d’appel de Téhéran a confirmé sa peine.
« Depuis un certain temps, les agents de sécurité ont mis en garde Saha contre son sit-in de protestation [à partir d’octobre 2019] contre le refus d’inscription au programme de doctorat en sciences politiques et relations internationales de l’Université de Téhéran », a déclaré une source au Centre pour les droits de l’homme en Iran (CDHI), le 10 février 2021.
S’exprimant sous couvert d’anonymat, la source a ajouté : « Ses protestations ont continué jusqu’aux manifestations de masse de novembre 2019. Ensuite, des émeutes ont éclaté à l’Université de Téhéran. Alors, les autorités ont arrêté Saha dans la nuit du 17 novembre 2019, dans son dortoir d’étudiants. »
Atteinte à la sécurité nationale
Le régime a jugé la militante étudiante pour l’accusation (inventée) d’atteinte à la sécurité nationale pour avoir participé à des manifestations.
Ancienne secrétaire du Conseil des syndicats universitaires d’Iran (UTUCI) à l’Université de Téhéran, les autorités carcérales ont détenu Mme Mortezaei dans le quartier 2-A de la prison d’Evine. Cette dernière est sous le contrôle de l’organisation du renseignement des pasdarans (IRGC). Puis, ils l’ont transférée à la prison de Gharchak à Varamin, au sud de la capitale.
Après avoir entamé une grève de la faim pendant 22 jours, le régime l’a libérée sous caution fixée à 500 millions de tomans (118 603 dollars US), le 22 janvier 2020.
Auparavant, en septembre 2018, la branche 26 du tribunal révolutionnaire de Téhéran avait condamné Mme Mortezaei à six ans de prison. Elle lui avait interdit toute activité politique pendant deux ans pour avoir participé pacifiquement à des manifestations antigouvernementales en décembre 2017. En appel, la cour a réduit sa peine à un an de prison.
Jugée par l’impitoyable juge Salvati
Dans cette dernière affaire, Mme Mortezaei est jugée avec deux autres militantes étudiantes – Kamyar Zoghi et Marjan Eshaghi – par la section 15 du tribunal révolutionnaire. Celui-ci est présidé par le célèbre juge Abolqasem Salavati. Il est resté inflexible, le 9 novembre 2020.
La justice les a, toutes les trois, accusées de « rassemblement et collusion contre la sécurité nationale ». Toutefois, elle a condamné Zoghi et Eshaghi à une peine plus légère d’un an de prison.
« Saha Mortezaei a reçu une peine plus sévère parce que les autorités l’avaient déjà condamnée et arrêtée … en rapport avec des manifestations en 2017 et 2020. Parce que l’université l’avait sanctionnée et interdite et parce qu’elle protestait depuis longtemps », a déclaré la source au CDHI.
Parisa Rafiei et les tests de virginité
Entre-temps, une source en Iran a confirmé que les autorités ont condamné une autre militante étudiante emprisonnée, Parisa Rafiei. En effet, elle s’était plainte d’un soi-disant « test de virginité. » La justice l’a condamnée à 15 mois de prison – après qu’un juge l’ait initialement acquittée.
Dans un appel mondial pour éliminer la violence contre les femmes et les filles, le Bureau des droits humains des Nations unies, ONU Femmes et l’OMS ont demandé, en octobre 2018, la fin des tests de virginité. Ils sont décrits comme une « pratique médicalement inutile et souvent douloureuse, humiliante et traumatisante. »
Une pratique douloureuse, humiliante et traumatisante
Dans leur déclaration, les agences de l’ONU ont également expliqué que cette pratique n’a « aucun fondement scientifique ou clinique. » De plus, « il n’existe aucun examen qui puisse prouver qu’une fille ou une femme a eu des relations sexuelles. »
« La justice a rejeté l’accusation portée contre Mme Rafiei, lors du procès préliminaire. Cependant, le siège des pasdarans à Sarallah a ensuite fait pression sur la branche 36 de la cour d’appel. Ils l’ont intimé de poursuivre Mme Rafiei. Le tribunal l’a ensuite condamnée à 15 mois de prison. » C’est ce qu’a déclaré la source au CDHI, sous réserve d’anonymat pour des raisons de sécurité.
Depuis juin 2020, Mme Rafiei purge une peine de sept ans de prison. Les autorités judiciaires l’ont accusée de « rassemblement et collusion contre la sécurité nationale. » Et aussi de « propagande contre le régime » et « trouble de l’ordre public. » La justice pourra la libérer après avoir purgé cinq ans.
La nouvelle peine de 15 mois est la sanction résultant d’une lettre écrite par Mme Rafiei en mai 2019. Elle révèle en détails la pression qu’elle a subie. Les responsables carcéraux voulaient lui faire passer un « test de virginité » pendant sa détention.
« Mon interrogateur a agi totalement illégalement pendant ma détention, avec l’approbation de l’enquêteur. Il m’a envoyée au bureau du médecin légiste de la rue Behesht pour un test de virginité. Mais j’ai tenu bon et malgré les menaces et beaucoup de pression, ils n’y sont pas parvenus », a-t-elle écrit.
« J’ai insisté à plusieurs reprises pour déposer une plainte contre cette demande illégale (de test de virginité). Cependant, les autorités ont refusé et elles n’ont rien dit », a-t-elle ajouté.
Source : Centre pour les droits de l’homme en Iran
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