samedi 5 juin 2021

Élection iranienne de 2021 : Le besoin de Khamenei d’unipolariser le régime et ses conséquences

 Pour consolider son régime, le Guide Suprême, Ali Khamenei, a utilisé le Conseil des gardiens pour disqualifier la plupart des candidats au simulacre d’élection présidentielle en Iran. Les personnes éliminées de cette mascarade électorale n’appartenaient pas seulement à la faction rivale. Le Conseil des gardiens a même disqualifié Ali Larijani, l’un des hommes les plus proches de Khamenei, président du Majlis (Parlement des mollahs) pendant trois mandats consécutifs.

Après la décision du Conseil des gardiens d’éliminer tous les candidats, les luttes intestines au sein régime se sont intensifiées. Ainsi, on peut dire que Khamenei s’est tiré une balle dans la jambe en disqualifiant ceux qui lui sont fidèles, à lui et à son régime.

« L’approche actuelle montre la tendance à l’unification complète du système. Les problèmes existants, en particulier la crise économique du pays, sont trop importants pour qu’une seule faction ou un seul groupe politique puisse les gérer », écrivait samedi le journal officiel Jomhuri-e Eslami.

Khamenei est pleinement conscient des conséquences de sa décision de poursuivre la politique de contraction. Mais il n’a pas d’autre choix puisque le régime est confronté à une société rétive.

Comme le reconnaît l’éditorial de Jomhuri-e Eslami de samedi, « le problème du pays ne se limite pas à la crise économique. Les crises culturelles, sociales et même politiques ne sont pas moins dangereuses que celles économiques, si ce n’est plus graves et plus dangereuses. Ces crises ne sont pas visibles parce que le véritable problème économique dans la vie quotidienne des Iraniens n’a pas permis aux autres crises d’apparaître. Les élites et les experts culturels, sociaux et politiques, notamment les sociologues, sont pleinement conscients de ce fait et conscients des dangers de ces crises. »

Mais Khamenei réussira-t-il à rendre son régime unipolaire ?

Khamenei a essayé à de nombreuses reprises par le passé d’unipolariser son régime, mais s’est confronté au résultat inverse. Par exemple, en 2009, Khamenei a payé un lourd tribut en choisissant Mahmoud Ahmadinejad. Mais Ahmadinejad est devenu un rebelle et a désobéi à Khamenei à plusieurs reprises.

Dans sa dernière tentative d’unifier son régime, Khamenei n’a pas permis à Larijani de participer au simulacre d’élection. Comme Larijani avait le soutien d’un plusieurs mollahs et de religieux chiites à Qom, son élimination a intensifié les luttes intestines au sein du régime.

« En raison de la disqualification généralisée des candidats à la présidence, tout le monde sait que cette élection sera non professionnelle, non compétitive et que le taux de participation sera faible », a déclaré l’Association des enseignants du séminaire de Qom dans un communiqué mercredi.

Lorsqu’il s’agit de la société iranienne rétive, les manœuvres de Khamenei ne fonctionneront pas. « Les conditions défavorables du pays aujourd’hui sont le produit de contradictions internes dans la gouvernance. Si quelqu’un essaie de rejeter la faute sur une personne ou une faction, il se trompe lui-même. La poursuite de ces contradictions, tant en politique intérieure qu’en politique étrangère, paralysera le [régime], et nous en paierons tous le prix », a écrit Jomhuri-e Eslami à ce sujet.

Ainsi, les récentes actions de Khamenei ne feront qu’accroître les luttes intestines au sein du régime, car les factions rivales feront tout pour conserver leurs positions et leurs capacités à piller la richesse nationale.

Khamenei a perdu sa position trans-factionnelle, et il sera la cible des accusations de la faction rivale.

Sur le plan social, Khamenei a lui-même supprimé les barrières entre lui et le peuple et s’est placé dans la cible directe de la société rétive.

Avec Ebrahim Raïssi comme président, le régime sera certainement confronté à un plus grand isolement international, et ses dernières gouttes d’espoir de relancer la politique de complaisance se tariront. Car dialoguer avec un criminel comme Raïssi, qui figure sur la liste noire des violations des droits humains et a joué un rôle clé dans le massacre de 30 000 prisonniers politiques en 1988, exige un lourd tribut.

Dans le cadre de sa politique de contraction, Khamenei devra augmenter l’exportation du terrorisme. Son rôle dans l’intensification du conflit à Gaza est un exemple de ce besoin d’exporter le terrorisme et le chaos à l’étranger. Pour financer les activités illicites de son régime, il doit spolier les richesses de la population.

Parallèlement à l’augmentation du pillage du peuple, Khamenei doit renforcer les mesures répressives. Le tout premier message de la décision de Khamenei de retirer Raïssi des urnes au public est la volonté du régime d’intensifier la répression. L’exécution massive récente de six prisonniers témoigne de la décision de Khamenei d’augmenter la répression.

Mais intensifier la répression et spolier les richesses du peuple ne fera qu’augmenter la résignation de la société.

« Nous ne pouvons pas nous tromper, les gens sont insatisfaits. Le problème n’est pas seulement économique. Le peuple a toléré la situation. Nous ne pouvons pas maintenir les gens satisfaits de la pauvreté. Malheureusement, les Iraniens peuvent à peine recevoir des soins médicaux ou s’offrir des médicaments. Les problèmes des Iraniens ne se limitent pas aux questions de moyens de subsistance. Ils sont vraiment excédés« , a averti dimanche le quotidien officiel Mostaghel.

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