CSDHI – Saeed Masouri est le plus ancien prisonnier politique d’Iran. Il a envoyé une lettre ouverte depuis la prison de Rajaï Chahr, réagissant aux événements à venir, notamment le simulacre d’élection présidentielle organisé par le régime clérical.
Le prisonnier envoie une lettre depuis la prison de Rajaï Chahr pour dénoncer le régime
Dans une lettre, Saeed Masouri a souligné les luttes intestines croissantes au sein du régime. Il a écrit dans une partie de sa lettre : « Pendant des années, ce jeu a fait couler le sang de milliers de jeunes Iraniens dans les rues. Le régime les ont mutilés dans les prisons. Dans les rues, ils ont aspergé d’acide le visage des femmes. Ils ont englouti les jeunes dans la pauvreté, le chômage et le désespoir. De nombreux enfants ont été poussés dans les décharges pour regarder à travers les ordures.
Mon vote, pour un changement de régime
« Mon vote est un changement de régime » s’est popularisé en Iran. Pourquoi ? Nous pouvons poser cette question à des personnes qui ont sombré dans la pauvreté et n’ont plus rien à manger. Nous pouvons en demander la raison aux enfants travailleurs. A ceux qui fouillent les ordures et à ceux qui dorment dans des tombes vides… On peut poser cette question aux transporteurs de carburant baloutches et aux porteurs kurdes. Et on peut le demander aux travailleurs, aux infirmières, aux enseignants et aux retraités qui réclament chaque jour leur salaire usurpé. On peut poser cette question aux filles et aux garçons qui n’ont aucune autorité sur leur vie ni sur la façon dont ils veulent s’habiller. On peut demander aux mères dont les enfants sont morts en novembre 2019 dans les rues et les marais. Et on peut poser cette question aux familles des victimes de l’avion ukrainien, et aux familles qui ont perdu leurs proches à cause de l’interdiction délibérée imposée à l’importation de vaccins. On peut poser cette question à tous les prisonniers politiques et à leurs familles. Et à moi, qui ai passé 21 ans en prison pour avoir soutenu l’Organisation des Moudjahidine du peuple. Cette même organisation qui parlait, en juin 1981, du manque de capacité du régime à se réformer et qui n’a pas reculé malgré les massacres, les tortures et les emprisonnements des années 1980. »
M. Masouri en prison depuis 20 ans
Saeed Masouri est emprisonné en Iran depuis le 8 janvier 2001. La justice l’a accusé d’avoir soutenu l’Organisation des Moudjahidine du peuple d’Iran (OMPI/MEK).
Les agents du régime l’ont arrêté après son retour en Iran de Norvège. Il y était allé étudier à la fin des années 1980. Les membres de sa famille n’étaient pas au courant du retour de Saeed en Iran. Ils ne l’ont appris que lorsque le ministère du renseignement et de la sécurité les a appelés en mai 2001 pour leur dire que ses agents avaient arrêté Saeed.
Masouri a passé 13 mois en isolement dans une prison de la ville d’Ahwaz, dans le sud-ouest du pays. Puis, on l’a transféré à Téhéran en mai 2002 pour un procès de 10 minutes devant le tribunal révolutionnaire de la capitale iranienne.
Condamné à mort puis à la prison à vie
La justice a condamné à mort Saeed Masouri, le 25 mai, de la même année. Il était accusé d’avoir prétendument collaboré avec l’OMPI/MEK afin de « porter atteinte à la sécurité nationale ». Puis, les agents l’ont transféré à la prison d’Evine de Téhéran.
La justice a commué sa peine en prison à vie en 2007 sous la pression des groupes de défense des droits. Les forces du régime ont transféré Saeed Masouri d’Evin à la prison Rajaï Chahr de Karaj en 2009.
Saeed Masouri a écrit et signé de multiples lettres sur les mauvaises conditions du système carcéral iranien ces dernières années. Il a notamment écrit une lettre adressée au Conseil des droits de l’homme de l’ONU à Genève en 2016. Dans celle-ci, il tire la sonnette d’alarme sur ce qu’il disait être des menaces pour la vie des prisonniers à Rajaï Chahr.
Source : Iran HRM
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