Malgré les condamnations et les déclarations d’inquiétude de la communauté internationale, la confiance du régime dans l’impunité reste inébranlable. Depuis de nombreuses années, le Rapporteur spécial des Nations Unies Javaid Rehman souligne que l’impunité systémique a permis au régime de perpétuer ses approches brutales. « L’impunité institutionnelle et l’absence d’un système de responsabilisation pour les violations des droits de l’homme imprègnent le système politique et juridique de la République islamique d’Iran. L’absence de responsabilisation découle de diverses déficiences au sein des structures de l’État, notamment la négation des principes de l’État de droit et de la séparation des pouvoirs », a déclaré le professeur Rehman dans son rapport.
Cette impunité bien ancrée a permis aux principaux responsables des atrocités passées de poursuivre leurs actions répressives. Le fait de ne pas demander de comptes au régime pour le massacre de 1988 lui a permis de perpétuer sa répression brutale de la dissidence jusqu’à ce jour.
La répression impitoyable de la dissidence par le régime a été flagrante lors des manifestations de novembre 2019. Déclenchées par une hausse brutale des prix du carburant, les manifestations se sont rapidement transformées en soulèvement national. La directive du guide suprême Ali Khamenei de « faire tout ce qu’il faut » a donné lieu à une répression brutale, entraînant la mort d’environ 1 500 manifestants, dont des femmes et des mineurs. De la même manière, les soulèvements de 2022 ont fait l’objet d’une répression sévère : plus de 750 manifestants ont été tués, plus de 30 000 ont été arrêtés, des centaines d’entre eux ont été violés et au moins dix dissidents ont été exécutés à ce jour.
La secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, a souligné l’impunité profondément ancrée au sein du système politique de Téhéran. « Le fait qu’Ebrahim Raïssi soit devenu président au lieu de faire l’objet d’une enquête pour crimes contre l’humanité… est un sombre rappel que l’impunité règne en maître en Iran », a déclaré Callamard en 2021. Sous le mandat de Raïssi à la tête du pouvoir judiciaire, une répression sévère des droits de l’homme a eu lieu, avec des dissidents pacifiques, des défenseurs des droits de l’homme et des membres de groupes minoritaires persécutés détenus arbitrairement, soumis à des disparitions forcées et torturés.
Bien que la mort de Raïssi en mai 2024 ait marqué la fin d’une époque, son héritage d’impunité et de répression perdure. Raïssi, membre clé de la Commission de la mort de 1988, a joué un rôle central dans les exécutions massives de dissidents politiques. L’héritage de cette brutalité persiste sous le régime actuel, comme en témoigne la récente augmentation des exécutions.
Ces exécutions, motivées par la poigne de fer du guide suprême Ali Khamenei, reflètent une réponse impitoyable aux soulèvements potentiels. Au cours des quatre derniers jours, le bilan des exécutions s’élève à 42 morts, ce qui souligne la position inflexible du régime contre toute dissidence. Cette augmentation des exécutions sous l’administration de Pezeshkian contredit fortement son image de « dirigeant modéré ».
Les chiffres des exécutions du mois de juillet, rapportés par Iran Human Rights Monitor, sont alarmants : 53 personnes ont été exécutées contre 10 en juin. Cette vague de brutalité a notamment vu l’exécution de cinq femmes, ce qui met en évidence la cruauté aveugle du régime.
Le rapporteur spécial des Nations Unies a régulièrement appelé à la mise en place d’un mécanisme international indépendant d’enquête et de responsabilisation pour traiter ces graves violations des droits de l’homme. Ce mécanisme proposé vise à recueillir et à préserver des preuves en vue de poursuites judiciaires futures et à garantir la justice pour les victimes des atrocités du régime.
Alors que le monde honore la mémoire de plus de 30 000 prisonniers politiques de 1988, les exécutions et la répression en cours en Iran mettent en évidence l’engagement indéfectible du régime à appliquer ses méthodes brutales. La communauté internationale doit aller au-delà des condamnations verbales et prendre des mesures décisives pour obliger le régime iranien à rendre des comptes pour ses violations continues des droits de l’homme.
Source : CNRI
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