Depuis 1979, lorsque l’Union soviétique est intervenue en Afghanistan, la première vague de migration afghane vers l’Iran a commencé, amenant près d’un million de réfugiés dans le pays. Une deuxième vague s’est produite au début des années 1990 avec la montée des talibans, inondant à nouveau l’Iran de réfugiés afghans. La troisième vague a coïncidé avec l’invasion américaine de l’Afghanistan au début des années 2000, et la vague la plus récente a commencé début 2021 après le retour au pouvoir des talibans.
Selon des statistiques non officielles, l’année dernière, environ 1 à 1,5 million de réfugiés afghans étaient entrés en Iran. Cette dernière vague de réfugiés a été accompagnée d’une controverse considérable.
Le régime iranien affirme que ces controverses découlent de l’entrée illégale de réfugiés afghans et du manque de gestion adéquate de leur installation. En conséquence, le gouvernement diffuse fréquemment des informations incomplètes et trompeuses sur les réfugiés afghans, créant un climat de peur et de méfiance.
Un tel cas s’est produit lors d’une conférence de presse tenue par Davood Zare, le directeur général de l’assurance maladie de la province d’Alborz, le 28 août. Il a déclaré que plus de 73 % de toutes les naissances dans la province l’année dernière étaient des césariennes et que plus de 50 % de ces naissances impliquaient des ressortissants étrangers. Cette déclaration soulève plusieurs questions : combien de réfugiés afghans résident réellement dans la province d’Alborz, combien de femmes parmi eux sont en âge de procréer, et comment un pourcentage aussi élevé de naissances peut-il être attribué aux réfugiés afghans ?
La diffusion de telles fausses informations par le régime iranien est une tactique délibérée pour accroître les tensions et créer la peur contre les ressortissants afghans. Ces derniers mois, divers rapports sur les réfugiés afghans ont circulé, attisant l’anxiété de la population et provoquant de nouvelles vagues de xénophobie et de sentiment anti-afghan.
Dans un premier temps, les médias d’État ont répandu des rumeurs sur une épidémie de lèpre dans le pays, en attribuant à tort la cause aux réfugiés afghans. En réponse, Mahshid Nasehi, le chef du département de la lèpre et de la tuberculose au ministère de la Santé, a officiellement démenti ces allégations. Malgré cela, d’autres rapports ont émergé suggérant que les migrants afghans étaient responsables de la propagation d’une autre maladie. Le chef du Centre de gestion des maladies transmissibles du ministère de la Santé a annoncé que plusieurs ressortissants des pays voisins de l’Est étaient entrés illégalement en Iran et étaient en mauvaise santé, certains ayant contracté le choléra.
Certains de ces rapports sont basés sur des événements réels mais sont fortement déformés, tandis que d’autres sont entièrement fabriqués. Le principal problème derrière ces rapports est le manque de gestion appropriée des réfugiés afghans nouvellement arrivés et l’incertitude entourant leur nombre.
La question demeure : combien de réfugiés sans papiers ou non enregistrés sont entrés dans le pays, ce qui conduit certains individus à diffuser de tels rapports incitant à la peur pour créer l’insécurité dans la société ?
Cette peur et cette anxiété provoquées par de tels rapports persistent dans certaines parties de la société, conduisant à une dichotomie dans la coexistence avec les réfugiés, n’apportant aucun avantage mais seulement du mal.
Cette situation nuit non seulement à la communauté iranienne mais aussi aux résidents afghans de longue date en Iran, rendant leurs interactions avec la société iranienne plus difficiles. Le régime iranien exploite également ces réfugiés à sa guise. Chaque fois qu’il en a besoin, il utilise cette question pour détourner l’attention des principales nouvelles et des événements actuels du pays.
Il s’agit d’un jeu auquel le régime iranien se livre depuis des années avec les réfugiés afghans et le Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR). Chaque fois que le régime clérical rencontre un problème avec les agences de l’ONU ou est sur le point de faire face à un rapport sur les violations des droits de l’homme en Iran, il utilise les réfugiés afghans comme monnaie d’échange contre l’ONU.
Le régime attise le sentiment anti-immigrés et anti-afghane et présente ensuite cela comme une demande populaire du peuple iranien. Cependant, ce récit est fondamentalement faux. Le peuple iranien vit en paix avec les réfugiés afghans depuis des décennies.
Les réfugiés afghans effectuent les travaux les plus durs et les plus exigeants en Iran pour les salaires et les services les plus bas, mais au final, Les Afghans sont victimes des manœuvres manipulatrices du régime.
La récente montée en puissance du discours anti-afghan du gouvernement iranien intervient à un moment où le régime est confronté à une surveillance internationale croissante concernant ses violations des droits de l’homme et à une série de crises intérieures, notamment des difficultés économiques, une corruption généralisée et des troubles publics.
Dans un contexte de pression croissante à l’intérieur et à l’extérieur du pays, le régime utilise les réfugiés afghans comme boucs émissaires et comme cause des problèmes sociaux et économiques au lieu de s’attaquer au rôle du régime lui-même dans la création de ces problèmes.
Source : CNRI
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