vendredi 30 mai 2025

Iran : La grève des camionneurs entre dans son huitième jour et s’étend à 140 villes

La grève nationale des routiers s’est poursuivie ce 29 mai, pour le huitième jour consécutif, avec force et solidarité, malgré la répression, les menaces, l’intimidation judiciaire et les promesses creuses du régime. Le mouvement touche désormais au moins 140 villes dans 30 provinces avec l’adhésion de nouvelles villes telles que Marivan, Anzali, Asseman-Abadi (province d’Ilam) et Kahak (Qom). Les vidéos montrent des axes routiers majeurs vides comme Bandar Abbas–Chiraz, Machhad, Arak, Qazvine et Shahreza.

Paniqué par l’extension de la grève et la montée du mécontentement, le régime a déployé une flotte de camions appartenant aux gardiens de la révolution (pasdaran) sous le nom de « convoi chargé du transport des biens essentiels de la province de Téhéran ».

Hier, les conducteurs de Nissan de la ville de Nichapour ont rejoint le mouvement. Plusieurs secteurs sociaux — retraités, enseignants, ouvriers du pétrole, femmes, infirmières, défenseurs des droits des enfants et opposants à la peine de mort — ont publié des communiqués de soutien, soulignant que la grève des routiers reflète les revendications légitimes de millions de travailleurs.

Les routiers ont déclaré aujourd’hui que plusieurs des leurs avaient été arrêtés dans les provinces d’Ispahan, Hormozgan, Fars, Kermanchah, Guilan-e-Gharb, Ardebil et Khouzistan. Ils ont exigé leur libération immédiate et inconditionnelle. Ils ont également rejeté fermement les promesses des autorités, notamment celles de Reza Rostami, président de la commission des transports, du transit et de la logistique de la Chambre de commerce, et du président de la commission de l’urbanisme du Parlement, qui avaient promis de réviser les tarifs, les assurances et le carburant d’ici la fin du mois de juin, y voyant une manœuvre pour casser la grève.

Le corps des pasdarans du Khouzistan a annoncé dans un communiqué que des personnes ayant filmé la grève des routiers à Bandar Imam ont été arrêtées. Kamran Mirhaji, procureur du centre de la province de Fars, a déclaré que ceux qui ont entravé l’activité des camions ont été arrêtés, qu’un dossier judiciaire a été ouvert contre eux, et qu’« des mesures sévères seront prises contre les perturbateurs » (agence Mehr, 28 mai 2025).

Dans un enregistrement audio, il a renchéri : « En tant que procureur du district, j’interviendrai assurément. J’interviendrai sur leur carte de carburant intelligente, j’interviendrai pour la confiscation systémique et physique de leurs véhicules (…) Je ne les laisserai pas tranquilles. »

La direction générale des routes et du transport routier de la province de Yazd a également émis un avertissement : « Le parc de transport de Yazd devra se présenter au terminal pour chargement le samedi 31 mai à 10h, sous peine de voir ses services suspendus. »

Fatemeh Mohajerani, porte-parole de Massoud Pezeshkian, a déclaré le 28 mai dans un aveu rappelant ceux du chah à la fin de son règne : « Un rapport sur la situation de la grève des camionneurs a été présenté par Mme Sadegh. Elle a souligné que le gouvernement a le devoir de répondre aux besoins de tous les citoyens, d’écouter leur voix et d’y répondre. » (IRNA, 28 mai 2025)

Le quotidien gouvernemental Donya-ye Eghtesad a écrit le 29 mai : « La grève des routiers n’est pas seulement l’arrêt d’un secteur, c’est un signal d’alarme pour l’ensemble de la chaîne logistique routière, artère vitale de l’économie iranienne. Dans un pays où plus de 90 % des marchandises sont transportées par la route, cette grève n’est pas un simple mouvement sectoriel, mais le symptôme d’une crise institutionnelle. Si le transport s’arrête, l’industrie s’arrête. Le transport routier n’est pas un simple moyen, c’est le système circulatoire vital de la production. »


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