vendredi 23 mai 2025

L’impasse économique et la mauvaise gestion déclenchent une nouvelle vague de protestations en Iran

 Une vague de protestations a déferlé sur l’Iran les 21 et 22 mai 2025, révélant la profonde colère populaire face à la détérioration des conditions de vie et à la mauvaise gestion du régime.

Des chauffeurs routiers aux boulangers, en passant par les agriculteurs et les ouvriers, des citoyens de divers secteurs et régions ont exprimé leur désespoir, signalant un tournant critique dans la crise socio-économique du pays.

Les manifestations du jeudi 22 mai 2025 ont été marquées par une grève nationale des chauffeurs routiers. Dans des villes clés comme Kermanshah, Arak, Bandar Abbas, Qazvin, Shiraz et Ilam, les chauffeurs ont participé, paralysant de fait les terminaux maritimes et les entreprises de transport, aucun chauffeur ne se présentant au chargement.

Cette action généralisée résultait d’une forte pression économique, notamment des augmentations exorbitantes des cotisations de sécurité sociale, atteignant apparemment 3,3 millions de tomans par mois, alors que les tarifs de transport stagnaient et que le prix des pièces détachées et du carburant flambait.

À Bandar Abbas, dans le sud de l’Iran, la situation s’était déjà intensifiée la veille, le 21 mai, lorsque des chauffeurs en grève avaient bloqué la route de Geno, incendiant un pick-up au milieu de la voie.

Une vidéo de la scène a enregistré des voix s’exclamant : « Des grèves ont commencé ici à Geno, Bandar Abbas, ils ont bloqué la route… les routes sont fermées.»

La crise s’est étendue au-delà des transports. Le 22 mai 2025, des coupures de courant fréquentes et imprévues dans l’une des régions agricoles et piscicoles d’Iran ont provoqué une catastrophe dévastatrice. Des dizaines de milliers de poissons ont péri, des étangs se sont asséchés et des arbres trentenaires seraient au bord de la destruction.

Les agriculteurs et les pisciculteurs ont exprimé leur colère face au « silence de mort des autorités et à leur insensibilité à leurs souffrances ».

La veille, le 21 mai, les habitants du village de Zarangoush, dans la province d’Ilam, dans l’ouest de l’Iran, exaspérés par plusieurs jours consécutifs sans eau, ont bloqué la route principale reliant Darreh Shahr à Ilam. Ils ont affirmé n’avoir d’autre choix que de manifester pour se faire entendre, s’interrogeant : « Combien de temps encore allons-nous vivre sans eau sous cette chaleur insupportable ?! Pourquoi personne n’est-il tenu responsable ?» Le rapport soulignait que dans cette province, « il semble que le seul moyen de se faire remarquer soit de bloquer les routes et de manifester dans les rues.»

Les boulangers en première ligne face au désespoir économique
Des boulangers de tout le pays sont également descendus dans la rue. Le 22 mai 2025, les boulangers de Sanandaj, dans l’ouest de l’Iran, ont protesté contre la hausse constante des coûts et les difficultés de subsistance. À Neyshabur, dans le nord-est de l’Iran, ils ont fermé leurs boutiques et se sont rassemblés devant le siège du Syndicat des boulangers, dénonçant des augmentations de coûts exorbitantes et un soutien insuffisant.

Ces actions faisaient suite à des actions similaires le 21 mai, lorsque des boulangers de Yazd, dans le centre de l’Iran, se sont rassemblés pour protester contre la forte hausse du prix de la farine. À Chiraz, dans le sud de l’Iran, des boulangers ont manifesté devant le siège du gouvernorat de Fars contre le projet « Nanino », qu’ils considèrent comme un obstacle.

Depuis près d’un mois, les boulangers de nombreuses villes, dont Qom, Ispahan, Ahvaz, Birjand, Kermanshah et Mashhad, protestent contre les subventions gouvernementales impayées, la hausse des coûts de production et des matières premières, et les coupures de courant dévastatrices. Ahmad Soleimani, président de l’Association des boulangers de Sabzevar, a déclaré que les subventions n’avaient pas été versées depuis le 3 mai, laissant certains boulangers avec moins de 10 millions de tomans par mois et rendant difficile le maintien en poste des travailleurs payés à peine 500 000 tomans par jour.

Le mécontentement se propage dans divers secteurs
Les manifestations du 21 mai 2025 ont révélé l’ampleur du mécontentement. À Ispahan, dans le centre de l’Iran, des retraités se sont rassemblés devant le bureau provincial des retraites pour réclamer une augmentation de leurs pensions, soulignant leur incapacité à couvrir leurs besoins essentiels dans un contexte d’inflation galopante.

Les ouvriers de la raffinerie d’Abadan, dans le sud-ouest de l’Iran, ont scandé « Le salaire ne suffit pas !» pour protester contre les bas salaires.
À Qom, dans le centre de l’Iran, les ouvriers de la laiterie Mihan se sont mis en grève et se sont rassemblés devant le siège de l’entreprise en scandant « Les prix sont en dollars, nos salaires sont en rials !»

Les producteurs de colza et de blé du Khuzestan ont manifesté devant le gouvernorat, exigeant le paiement immédiat des récoltes livrées. Les ouvriers du complexe de tabac Gilani à Rasht, dans le nord de l’Iran, ont protesté contre le fait de ne recevoir que la moitié de leur salaire mensuel dans un contexte de forte baisse de la production.

Un régime qui trahit son peuple
Sur fond de revendications économiques généralisées, des jeunes rebelles ont incendié une base des forces répressives du Basij à Téhéran le 21 mai, dernière d’une série de manifestations contre les centres d’oppression du régime.

Ces manifestations continues et variées dressent un tableau saisissant d’un Iran aux prises avec une crise économique grave et complexe. Il apparaît de plus en plus clairement au public que le régime au pouvoir manque à la fois de volonté et de capacité pour résoudre ces problèmes profondément ancrés.

Le peuple iranien subit les conséquences colossales d’une corruption endémique, d’une mauvaise gestion chronique et du détournement des ressources nationales vers des conflits régionaux et des ambitions nucléaires – entraînant des sanctions internationales paralysantes.

Les crises majeures, telles que les coupures d’électricité et les pénuries d’eau, s’aggravent, parallèlement à la flambée inexorable des prix des biens essentiels et à la baisse catastrophique du pouvoir d’achat des salaires. Cette situation désastreuse, conjuguée à l’absence persistante de véritable réaction des autorités, plonge de larges pans de la société dans le désespoir et accroît le risque de troubles civils plus vastes et plus intenses, la population ayant le sentiment d’avoir peu à perdre.

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