mercredi 21 mai 2025

Le secteur industriel iranien ravagé par la crise énergétique provoqué par le régime

 Des rapports et des aveux récents émanant du régime iranien dressent un sombre tableau du secteur industriel du pays, vacillant sous la double pression d’une grave crise énergétique et des conséquences désastreuses d’une campagne de privatisation mal gérée.

Ces défis interdépendants entraînent des fermetures d’usines, des pertes d’emplois importantes et un déclin économique plus large, même les responsables du régime reconnaissant la nature systémique des problèmes.

La crise la plus immédiate et la plus tangible à laquelle l’industrie iranienne est confrontée est la pénurie chronique d’électricité et de gaz. L’usine sidérurgique Aria d’Ardestan, par exemple, a récemment licencié 40 travailleurs en raison de ce qu’elle a qualifié de « déséquilibre de l’approvisionnement en électricité et de réduction des heures d’ouverture », comme l’a rapporté l’agence de presse officielle ISNA. Le directeur de l’usine a expliqué que les restrictions énergétiques imposées pendant six mois avaient réduit la production à seulement un cinquième de sa capacité.

Avec 170 travailleurs encore employés, le directeur a mis en garde contre de nouveaux licenciements si l’usine ne pouvait pas honorer ses obligations salariales. Pour aggraver les difficultés de l’usine, le gouverneur d’Ardestan a révélé qu’Aria Steel devait environ 250 milliards de tomans au service de l’électricité, dont la moitié est due à des amendes, soulignant ainsi l’impact direct de l’instabilité énergétique sur la viabilité opérationnelle.

Cette situation n’est pas isolée. Ehsan Qazizadeh Hashemi, membre de la Commission parlementaire des industries et des mines, a averti que « si les coupures de courant se prolongent, elles seront certainement préjudiciables à la production et le coût des produits finis augmentera ». Il a également souligné la nécessité d’alerter en amont les personnes en cas de coupure de courant et d’assurer une répartition équitable entre les différents secteurs, reconnaissant ainsi implicitement les défaillances actuelles en matière de gestion de l’énergie.

Le déficit énergétique impacte non seulement les grands complexes industriels, mais menace également le fonctionnement quotidien des services essentiels. Les boulangeries, par exemple, fournisseurs d’aliments de base, déjà confrontées à de nombreux défis liés au régime, sont confrontées à de nouveaux obstacles opérationnels et à une hausse des coûts due à un approvisionnement énergétique instable.

Le député Mohsen Zanganeh a reconnu, lors d’une séance parlementaire le 18 mai 2025, les « protestations répétées des boulangers », attribuant leurs « difficultés » à l’indécision du gouvernement sur les prix de la farine et du blé, à la réduction des subventions bancaires, à une augmentation de 20 % des coûts du travail et des cotisations sociales pour les employeurs, et à la réduction des quotas de farine. Bien que Zanganeh n’ait pas spécifiquement cité les coupures de courant dans sa liste de griefs des boulangers, toute interruption de l’approvisionnement énergétique – crucial pour les fours et autres équipements de boulangerie – aggraverait inévitablement ces difficultés. De telles perturbations entraîneraient une hausse supplémentaire des coûts de production, comme l’a largement averti la députée Qazizadeh Hashemi, ce qui pèserait davantage sur ces entreprises essentielles.

Selon certains membres de l’establishment, les racines de cette crise énergétique résident dans une mauvaise gestion systémique. Zabiullah Khodaeian, chef de l’Inspection générale, a identifié le « déséquilibre énergétique » comme l’une des graves crises économiques, l’attribuant à une « mauvaise gestion » et aux sanctions. Il a notamment souligné les piètres performances passées du ministère de l’Énergie, dont les politiques inadaptées, a-t-il déclaré, ont empêché…

Au-delà des difficultés énergétiques immédiates, la santé à long terme de l’industrie iranienne est également compromise par un processus de privatisation profondément défaillant. Malgré l’article 44 de la Constitution visant à transférer les entreprises publiques au secteur privé, la réalité est loin d’être celle de la revitalisation économique escomptée. Le journal Vatan-e Emrooz du 12 mai 2025 soulignait que de nombreuses entreprises privatisées avaient tout simplement fait faillite.

Cette évaluation a été clairement corroborée par Khodaeian, directeur de l’Inspection générale. Lors d’une réunion avec la Chambre de commerce, il a révélé que « plus de 70 % des entreprises transférées ont fait faillite ».

Il a souligné que ces entités « ont été principalement transférées à des institutions publiques non gouvernementales », un terme souvent utilisé pour décrire des organisations étroitement liées au régime, suggérant que le processus de privatisation a souvent servi à consolider le contrôle économique au sein de cercles privilégiés plutôt qu’à encourager une véritable entreprise privée. Cela, a-t-il soutenu, a « exacerbé la crise économique ».

Les preuves, tirées des médias d’État iraniens et des déclarations officielles, indiquent clairement que la profonde mauvaise gestion du secteur énergétique par le régime et sa gestion corrompue des privatisations démantèlent systématiquement la capacité industrielle iranienne.

Il ne s’agit pas d’un simple problème économique abstrait, mais d’un problème aux graves conséquences pour l’économie iranienne.

Les conditions de vie des Iraniens ordinaires, des ouvriers aux boulangers fournissant le pain quotidien, alimentent le chômage et les difficultés économiques généralisées. Ces aveux, provenant de l’intérieur même du régime, mettent en lumière une crise profonde que des mesures superficielles ne peuvent résoudre, et mettent en évidence des failles fondamentales dans la gouvernance et la gestion économique, qui continuent de paralyser le potentiel de la nation.

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