mardi 27 mai 2025

La campagne des mardis « non aux exécutions en Iran » fête sa 70e semaine

 Les forces de sécurité inspectent le périmètre extérieur de la prison de Chubindar à Qazvin, dans le centre-nord de l’Iran

Face à la hausse terrifiante des exécutions en Iran, une campagne courageuse a émergé des murs des prisons et s’est répandue dans tout le pays : « la campagne des mardis non aux exécutions en Iran ». Entrant dans sa 70 semaine, ce mouvement rassemble prisonniers, familles et militants dans des actes hebdomadaires de défiance contre l’utilisation incessante de la peine de mort par le régime comme outil de répression et de terreur.

Les organisateurs de la campagne ont lancé un appel fort et urgent : « Le silence n’est pas la solution. Nous devons crier haut et fort et nous élever contre cette injustice. »

La crise des exécutions s’intensifie
Selon les derniers chiffres cités par la campagne, plus de 170 prisonniers ont été exécutés au cours du seul mois d’Ordibehesht (du 21 avril au 21 mai 2025). Il ne s’agit pas d’une simple statistique, soulignent-ils, mais d’une campagne de violence systématique et croissante menée par l’État :

« Les exécutions de prisonniers dans les prisons du régime se poursuivent, mais s’accélèrent. Cette “folie des meurtres cautionnés par l’État” s’intensifie.»

La déclaration révèle une fréquence effrayante : « Toutes les 9 heures, deux prisonniers sont exécutés en Iran.»

Les minorités ethniques sont parmi les plus touchées. Environ 19 % des personnes exécutées le mois dernier étaient issues de la communauté baloutche opprimée d’Iran, ce qui met en évidence le lien entre la violence judiciaire et une discrimination ethnique de longue date.

« Le droit à la vie des minorités ethniques et religieuses est bafoué… Des compatriotes baloutches, kurdes et arabes, ainsi que des prisonniers d’opinion, sont envoyés à la potence sans discernement. »

Une campagne ancrée dans la résistance
En réponse à cette crise, la campagne « Non aux mardis des exécutions » a débuté par un acte de protestation populaire au sein des prisons iraniennes. Les prisonniers politiques, dont beaucoup de femmes, se rassemblent chaque mardi pour crier la résistance. Leurs actions coïncident avec des manifestations pacifiques devant les prisons, où familles et sympathisants se rassemblent pour exiger la fin des exécutions.

« Il est louable et nécessaire que des Iraniens bienveillants, en particulier ceux qui ont accès aux plateformes internationales, portent au monde le cri du peuple iranien « Non aux exécutions ». »

Le mardi 27 mai 2025, la campagne marquera sa 70e semaine. Dans un acte de protestation collective sans précédent, les prisonniers politiques de 45 prisons à travers l’Iran entameront des grèves de la faim coordonnées. Parmi celles-ci figurent certaines des prisons les plus tristement célèbres d’Iran : Evin, Ghezel Hesar, le Grand Téhéran, Karaj Central, Zahedan, Ourmia, Tabriz, Chiraz (Adel Abad), Ahvaz (Sepidar et Sheiban), Sanandaj, Mahabad, entre autres.

Cette action d’envergure et coordonnée témoigne de la profonde solidarité entre les prisonniers politiques et de la portée croissante de la campagne.

« Cette unité, à l’intérieur comme à l’extérieur des prisons, est admirable, et le slogan “Non aux exécutions” mérite de résonner dans les rues et lors de tous les rassemblements de protestation.»

La nature politique de chaque exécution
La campagne rejette la justification des exécutions par le régime, qui les assimile à la justice pénale ordinaire. Elle insiste plutôt sur le fait que :

« Chaque condamnation à mort en Iran aujourd’hui est politique, et non pas simplement une punition pour un crime.»

Le pouvoir judiciaire n’est pas neutre.

« Il n’existe pas de procès équitable dans les systèmes judiciaire et sécuritaire du régime. Chaque accusé est victime de la structure corrompue et dysfonctionnelle du régime. »

Les exécutions, prévient la déclaration, poursuivent un objectif clair :

« Le véritable objectif est de semer la terreur dans la société et d’empêcher les soulèvements populaires. À mesure que la crise s’aggrave dans le pays, la vague de répression et d’exécutions s’intensifie.»

Un appel mondial à la conscience
La campagne exhorte la communauté internationale à reconnaître la réalité de la situation en Iran :

« Ce comportement inhumain de la dictature à l’encontre du peuple et des minorités iraniens est un exemple flagrant de crimes contre l’humanité et de violations flagrantes des droits humains.»

Elle appelle les défenseurs des droits humains du monde entier à faire preuve de solidarité, en particulier ceux qui s’expriment dans les médias et les institutions internationales.

« Nous appelons sincèrement tous ceux qui se soucient des droits humains et aspirent à un Iran libre et juste à se tenir aux côtés des victimes de l’oppression en ces temps difficiles.»

Un mouvement pour la vie
« La campagne des mardis non aux exécutions » n’est plus seulement une campagne, c’est un mouvement. C’est une déclaration de vie dans un système fondé sur la peur et la mort. C’est une insistance sur la dignité, la justice et la responsabilité. Et c’est une force morale grandissante qui refuse de se taire.

Des grèves de la faim à Karaj aux manifestations devant Sanandaj, des chants des prisonnières d’Evin au deuil des familles baloutches de Zahedan, le message est clair :

« Non à l’exécution. Oui à la vie. Oui à la justice. »

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