Une grève nationale massive de dizaines de milliers de chauffeurs routiers en Iran est entrée dans sa cinquième journée consécutive le 26 mai 2025, paralysant les chaînes d’approvisionnement et s’étendant à au moins 124 villes dans 30 provinces. Cette puissante manifestation de défiance souligne les conditions économiques intenables imposées par le régime clérical et la résistance croissante et organisée du peuple iranien.
Visiblement ébranlé, le régime a réagi par un mélange de menaces, d’arrestations et de propagande désespérée, révélant encore davantage son incapacité à répondre aux profonds griefs qui alimentent les troubles.
La position des camionneurs : une nation paralysée
La grève, qui a débuté le 22 mai 2025, a vu les chauffeurs interrompre leurs activités et refuser de charger leurs marchandises, protestant contre une série de difficultés économiques qui ont rendu leurs moyens de subsistance intenables. Leurs revendications sont claires : la fin des tarifs de fret extrêmement bas, l’allègement des réductions drastiques des quotas de carburant, des prix abordables pour les pièces détachées et les pneus essentiels, une couverture complète des assurances, la suppression des péages et commissions routières injustes, la sécurité de l’emploi et l’instauration de tarifs fixes et équitables. La corruption systémique, affirment-ils, exacerbe tous ces problèmes.
L’impact de la grève a été immédiat et généralisé. Des rapports font état de perturbations importantes sur les marchés de fruits et légumes à l’échelle nationale, d’une forte réduction du chargement de marchandises dans les principaux centres logistiques et même de pénuries de carburant dans certaines régions, notamment dans la province de Markazi. La manifestation a pris de l’ampleur, les chauffeurs de provinces comme Fars, Yazd, Ispahan et Hormozgan, qui n’avaient pas initialement rejoint le mouvement, y participant les jours suivants malgré la pression du régime. Dans certains cas, les chauffeurs ont bloqué des routes pour amplifier leur protestation. La portée géographique de la grève est vaste, englobant de grands centres urbains comme Téhéran, Ispahan, Chiraz, Machhad, Tabriz et Ahvaz, ainsi que des dizaines de villes plus petites, d’Ardabil au nord-ouest à Zahedan au sud-est.
Panique du régime : aveu d’échec et répression désespérée
L’ampleur et l’efficacité de la grève des camionneurs ont visiblement ébranlé le régime iranien. Des membres du Majlis (Parlement) ont publiquement exprimé de vives inquiétudes, admettant par inadvertance la gravité de la crise. Mohammadreza Rezaee, président de la Commission parlementaire du développement, a averti le 26 mai 2025 : « Si un chauffeur fait grève, ne serait-ce qu’une seule journée, des pertes de plusieurs milliers de milliards seront infligées à l’économie du pays… Les ennemis du pays sont aux aguets, et l’une de leurs cibles est la communauté des chauffeurs, car ce segment joue un rôle stratégique dans l’approvisionnement en carburant et en marchandises.»
Un autre député, Adel Najafzadeh, a dressé un constat sans appel : « Le parc de transport du pays s’effondre en raison du manque d’attention accordé ces dernières décennies, de l’absence de modernisation et de l’absence de soutien sérieux à la classe laborieuse des chauffeurs.»
Face à ce défi, le régime a recouru à ses tactiques bien rodées de répression et de culpabilisation. Des rapports provenant de Kermanshah, Kerman, Fars, du Kurdistan et de Bushehr font état d’arrestations de chauffeurs en grève. Les forces de sécurité ont tenté de briser la grève par des menaces, des intimidations, des agressions physiques et des promesses creuses, mais se sont souvent heurtées à la résistance acharnée des routiers.
Simultanément, les responsables du régime tentent de se déresponsabiliser. Reza Akbari, vice-ministre des Routes, a déclaré : « Un nombre limité de chauffeurs tentent de créer l’incendie, et ces actions sont le résultat de l’incitation de médias étrangers hostiles qui veulent montrer que les routes du pays sont dangereuses.»
Une réalité économique écrasante et un mécontentement général
La grève des routiers n’est pas un événement isolé, mais la manifestation la plus visible d’une crise économique profonde, enracinée dans ce que les manifestants qualifient de « pauvreté systémique et oppression gouvernementale ». La flambée des prix des biens essentiels comme les pièces détachées et les pneus, conjuguée à la réduction des aides publiques telles que les quotas de carburant et les assurances inadéquates, a poussé de nombreux routiers au bord du gouffre. Les chauffeurs de Sabzevar, dans le nord-ouest de l’Iran, qui ont rejoint l’action nationale, l’ont explicitement qualifiée de « soulèvement national contre la corruption et l’injustice ».
Ces souffrances économiques généralisées se reflètent dans les manifestations simultanées d’autres secteurs de la société iranienne. Le 26 mai 2025, des retraités du secteur pétrolier d’Ahvaz, dans le sud-ouest de l’Iran, se sont rassemblés pour réclamer des retraites plus élevées et l’accès aux services de base.
À Kermanshah, Téhéran et Sanandaj, les retraités de la Compagnie iranienne des télécommunications (TCI) ont repris leurs manifestations contre la faiblesse des retraites et la corruption généralisée du gouvernement. Leurs slogans, tels que « Ne dites pas que nous n’avons pas ce qu’il nous faut, nous en avons assez de ce slogan », remettent directement en cause le discours du régime sur la pénurie et son incapacité à subvenir aux besoins de ses citoyens.
À Hoveyzeh, dans le sud-ouest de l’Iran, les travailleurs licenciés de la compagnie de raffinage du gaz ont exigé leur réintégration, exprimant leur lassitude face aux « fausses promesses » du régime, même après qu’un ordre direct du gouverneur local de reprendre le travail ait été ignoré.
Un régime sur la défensive, une nation en émoi
L’ampleur et l’intensité de la grève des camionneurs, puissamment amplifiées par les protestations persistantes des retraités et des travailleurs, dressent le portrait lucide d’un régime aux prises avec sa propre mauvaise gestion économique et une corruption endémique. Les aveux d’échec au sein même de son parlement, conjugués à son recours à la force brute et à une propagande éculée, ne révèlent pas sa force, mais une profonde faiblesse et une peur profonde.
Le peuple iranien, des autoroutes aux places publiques, fait preuve d’un courage remarquable et d’une détermination de plus en plus unie. Ses revendications pour une justice économique fondamentale sont intrinsèquement liés à un désir plus profond de dignité, de responsabilité et de changement fondamental.
L’incapacité du régime à répondre à ces revendications légitimes, choisissant la voie de la répression, ne fait que galvaniser davantage la résistance. Ce mouvement national témoigne que le peuple iranien n’est plus disposé à subir passivement un système qui privilégie sa propre survie au détriment de son bien-être. La lutte continue témoigne de sa détermination à revendiquer ses droits et à forger un avenir libéré de la tyrannie et de la corruption.

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