mardi 27 mai 2025

Prison centrale de Karaj : Trois prisonniers transférés à l’isolement pour exécution

 Un mai sanglant et les victimes des politiques de l’État

Dans le cadre de la vague d’exécutions en cours en Iran, trois prisonniers de la prison centrale de Karaj ont été transférés à l’isolement le dimanche 25 mai 2025 pour une exécution imminente. Les trois — Akbar Ebrahimi, Karam Rahmati (quartier 4) et Rahim Amiri (quartier 3) — ont été condamnés à mort pour des accusations liées aux drogues.


Selon des rapports provenant de l’intérieur de la prison, les autorités ont envoyé tous les autres détenus dans la cour sous le couvert d’un temps passé à l’extérieur. Pendant ce temps, les trois condamnés à mort ont été secrètement transférés dans des cellules d’isolement (communément appelées « cellules de la mort ») pour éviter toute résistance. Le même jour, les familles des prisonniers ont eu droit à leurs dernières visites, une triste tradition qui confirme l’exécution immédiate des détenus.

Les « lettres de repentance » forcées : un outil pour la fausse légitimité

L’un des aspects les plus troublants de ce processus est la rédaction forcée de « lettres de repentir ». En vertu d’une directive officielle du pouvoir judiciaire de la République islamique, tous les prisonniers condamnés à mort pour des crimes sociaux sont tenus de rédiger une déclaration de repentance avant l’exécution. Ces lettres de contrainte — écrites sous la pression psychologique, la coercition ou même des menaces — sont ensuite utilisées comme preuve de culpabilité, peu importe leur authenticité. Cette pratique viole ouvertement les normes juridiques et éthiques, réduisant le processus judiciaire à un peu plus qu’une représentation mise en scène pour justifier la violence de l’État.

Un mai record et sanglant : 169 exécutions en un mois

Selon les observateurs des droits de l’homme, au moins 169 prisonniers ont été exécutés en Iran pendant le mois iranien d’Ordibehesht 1404 (20 avril – 20 mai 2025) seulement. Ce chiffre fait de mai l’un des mois les plus sanglants de ces dernières années. Les experts en droits de l’homme affirment que bon nombre de ces exécutions ne visent pas à rendre justice, mais servent plutôt d’instruments de peur et de répression, ciblant particulièrement les populations vulnérables et marginalisées.

Injustice systémique : quand les victimes sont punies pour des crimes structurels

La majorité de ces exécutions sont liées à des délits liés à la drogue, un domaine profondément lié à la pauvreté, au chômage, à la corruption systémique et aux politiques économiques défaillantes. Dans de nombreux cas, les personnes exécutées ne sont pas les meneurs des opérations de trafic mais des individus appauvris poussés vers le commerce de la drogue comme moyen de survie.

Ces individus sont, en vérité, victimes d’un système plus large d’exploitation, dépouillés de possibilités économiques et poussés vers des stratégies de survie criminalisées. Au lieu de s’attaquer aux causes profondes du préjudice social, le gouvernement exécute ceux qu’il a déjà échoué, en les utilisant comme boucs émissaires dans une campagne plus large de répression.

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