mardi 20 mai 2025

Répression systématique du peuple iranien pendant le soulèvement de 2022

 Le 5 mai 2025, Gholamhossein Mohseni-Ejei, le juge en chef du régime au pouvoir en Iran, a fait une admission sans précédent : près de 90000 affaires criminelles ont été déposées pendant le soulèvement de 2022. Cette reconnaissance non seulement confirme la répression brutale du régime, mais sert également de preuve indéniable de l’ampleur et de la gravité des crimes commis par le régime contre une population qui réclame la liberté. Bien qu’elle ait pour but de justifier la répression, cette déclaration expose par inadvertance les rouages d’une campagne orchestrée de violence étatique.

Ce rapport, fondé sur cette admission et corroboré par d’autres preuves vérifiées, documente toute la portée de la répression du régime pendant le soulèvement de 2022 – des arrestations massives et des tortures, aux exécutions politiques, aux décès suspects en détention, et le harcèlement systémique des familles des victimes.

Arrestations de masse : Répression sans frontières

Des informations officielles et indépendantes indiquent qu’à la suite de l’éruption de manifestations lors du soulèvement de 2022, au moins 30000 personnes ont été arrêtées. La répression ne s’est pas limitée aux grandes villes ; des manifestations ont éclaté dans plus de 282 villes et villages des 31 provinces. Parmi les personnes arrêtées, plus de 40 % étaient des enfants et des adolescents de moins de 20 ans – dont beaucoup ont été enlevés par les forces de sécurité dans les écoles ou sur le chemin du retour.

Selon la mission d’enquête des Nations unies sur l’Iran (mars 2025), la plupart de ces arrestations lors du soulèvement de 2022 étaient arbitraires et constituaient des actes de violence. Les détenus étaient souvent maintenus en isolement prolongé, privés d’accès à un avocat ou de contact avec leur famille.

Les arrestations ne se sont pas limitées aux manifestants, mais à ceux qui ont simplement exprimé leur solidarité – en publiant des messages sur le Web, en assistant à des monuments commémoratifs ou en soutenant les familles des victimes. Des enseignants, des artistes, des athlètes et même des médecins qui soignent les blessés ont été détenus. Bon nombre de ces arrestations n’ont pas fait l’objet d’un mandat judiciaire et se sont accompagnées de sévices physiques graves.

Torture : institutionnalisation de la peur

De nombreuses preuves confirment l’utilisation systématique de la torture dans les centres de détention officiels et non officiels pour obtenir des aveux forcés, infliger un traumatisme psychologique et semer la terreur. Au moins 27000 personnes, dont plus de 1200 enfants, ont été soumises à la torture et aux mauvais traitements pendant leur détention.

Rapport détaillé d’Amnesty International de décembre 2023, intitulé « Iran : Sexual Violence and Torture as Tools of Repression », techniques documentées comprenant des passages à tabac sévères, des décharges électriques, des agressions sexuelles, des simulacres d’exécutions, des injections forcées de drogues, Négligence médicale et menaces contre les membres de la famille.

De nombreuses confessions télévisées utilisées pour justifier des condamnations à mort ont été obtenues sous la torture. Les détenus ont été jugés dans des procès fictifs, dont certains n’ont duré que quelques minutes, souvent sans représentation juridique.

Les exécutions comme stratégie politique

Des preuves documentées montrent que plus de 700 personnes ont été exécutées ou tuées pour leur participation ou leur soutien au soulèvement de 2022, dont au moins 93 femmes et 68 mineurs de moins de 18 ans.

Parmi les personnes exécutées figurent Mohsen Shekari, Majidreza Rahnavard, Mohammad Mehdi Karami, Seyed Mohammad Hosseini, Jafar Ghorbani, Saleh Mirhashemi, Majid Kazemi, Saeed Yaghoubi, Mohammad Ghobadlou et Omid Alimohammadi. Ces personnes ont été jugées au cours d’audiences de plusieurs minutes, condamnées sans avoir accès à un avocat choisi, sur la base de confessions obtenues sous la torture, et condamnées pour des accusations telles que « faire la guerre contre Dieu » ou « corruption sur terre ».

Selon le rapport d’avril 2024 d’Amnesty International, ces exécutions ont fait suite à des procès manifestement inéquitables. L’ONU a mis en garde à plusieurs reprises contre de graves violations du droit à un procès équitable et le risque imminent d’exécution pour au moins 14 autres personnes.

Dans de nombreux cas, les familles n’ont été informées que quelques heures avant l’exécution — ou pas du tout. Certaines n’ont pas pu être informées des lieux de sépulture de leurs proches.

Morts suspectes : Silence par meurtre

En plus des exécutions ordonnées par les tribunaux, des centaines de détenus sont morts dans des circonstances suspectes lors d’interrogatoires ou pendant leur détention.

L’organisation iranienne des droits de l’homme a signalé que les autorités dissimulaient souvent ces décès sous forme de suicides, falsifiaient les certificats de décès et procédaient à des enterrements secrets la nuit pour obscurcir les causes réelles.

Des victimes comme Nika Shakarami, Sarina Esmailzadeh, Hadis Najafi, Kian Pirfalak et Asra Panahi sont devenues les symboles de ces morts silencieuses. Les familles qui cherchaient la vérité ont été systématiquement intimidées, détenues ou mal informées.

Selon la Commission judiciaire du Conseil national de résistance de l’Iran, en mars 2023, au moins 3626 personnes demeuraient disparues de force.

Les familles : cibles secondaires de la répression

Le régime n’a pas seulement ciblé les manifestants, il a aussi cherché à se venger de leurs familles. Les parents, frères et sœurs et autres proches des manifestants tués ont été détenus ou persécutés simplement pour avoir cherché la vérité et la justice.

Amnesty International rapporte que des proches, en particulier des mères, ont été contraints de garder le silence par des menaces d’arrestation, la profanation de lieux de sépulture, l’interdiction de services commémoratifs et les convocations répétées des organismes de sécurité.

Institutions de l’État : Mécanismes de répression

Les propos du juge en chef Mohseni-Ejei fournissent des preuves directes que non seulement les forces de sécurité, mais aussi les institutions judiciaires, les écoles, la milice basij et les séminaires religieux ont été activement impliqués dans la répression.

Les étudiants ont été expulsés, convoqués ou menacés pour avoir participé au soulèvement de 2022, chanter des chansons révolutionnaires ou même publier en ligne. Les universités ont vu le renvoi de professeurs dissidents et la dissolution d’associations étudiantes indépendantes. Des centaines d’étudiants ont été suspendus ou convoqués par des comités de discipline.

Récits contradictoires : Manipuler les chiffres

Alors que Mohseni-Ejei a une fois admis 90000 cas, les médias affiliés au régime ont tenté de minimiser les chiffres. Par exemple, les médias liés aux Pasdarans affirment que seulement 22000 personnes ont été pardonnées et suggèrent que de nombreuses affaires ont été abandonnées sans procès.

Cependant, la mission d’établissement des faits de l’ONU note que bon nombre de ceux qui auraient été « pardonnés » n’ont jamais été officiellement reconnus coupables – ce qui laisse entendre que les pardons étaient en grande partie des exercices de propagande.

Conclusion

Le soulèvement de 2022 constitue une révolte nationale historique contre la tyrannie et un bilan accablant de la violence systématique du régime au pouvoir contre son propre peuple. Les admissions officielles, en particulier l’allégation de 90 000 cas criminels, ne sont pas seulement des statistiques mais l’incarnation du traumatisme infligé par l’État.

La communauté internationale doit prendre des mesures sérieuses : ouvrir des enquêtes, poursuivre les responsables et amplifier l’appel à la justice du peuple iranien. Ce rapport ne représente qu’un fragment de ce cri refoulé pour la liberté.

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