Les sanctions américaines ont un impact très négatif sur le régime à Téhéran qui doit par ailleurs se conformer aux normes internationales en matière de transparence financière. Avec ces normes, il serait difficile pour Téhéran de continuer à soutenir ses groupes inféodés en Syrie, au Liban, en Irak et au Yémen. Mais, si le régime maintient sa position actuelle, les embargos économiques vont s'étendre et l'Europe, la Russie et la Chine n'auront d'autre choix que de prendre leur distance par rapport au régime en Iran.
Après le retrait des États-Unis de l'accord nucléaire iranien de 2015, connu sous le nom de Plan d'action global conjoint (JCPOA), les autres membres de l'accord ont souligné que Téhéran doit respecter les normes établies par le Groupe d'action financière (GAFI), un organisme intergouvernemental basé à Paris qui lutte contre le blanchiment de capitaux et le financement du terrorisme. Le non-respect des normes du GAFI peut entraîner l'inscription d'un pays sur une liste noire, et les membres du GAFI peuvent imposer d'autres sanctions qui pourraient entraîner l'interdiction complète des transactions financières. Les banques et les entreprises non américaines qui utilisent le système financier américain ne prendront pas le risque de défier Washington.
L'Union européenne, cependant, va de l'avant avec un fond spécialisé – un système de paiement destiné à permettre aux entreprises européennes, et à d'autres dans le monde, de faire des affaires avec l'Iran, sans être inquiété par les sanctions américaines. Mais l'Europe a retardé le lancement du fond spécialisé.
Beaucoup pensent qu’il y a deux factions politiques en Iran : les radicaux et les réformistes. En réalité, la différence entre ces factions ne réside que dans la façon de mieux préserver la survie du régime. Par exemple en octobre, lorsque le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, un prétendu «réformiste », a relayé un message de la Russie et de la Chine selon lequel Téhéran doit se conformer au GAFI, sinon Moscou et Pékin ne pourront pas continuer à faire des affaires avec l'Iran. Son adjoint, Abbas Araghchi, a fait la même appréciation ce mois-ci. Les radicaux – les affiliés aux Gardiens de la révolution (pasdaran), les hauts gradés de l'armée, l'establishment clérical et le pouvoir judiciaire – ont empêché l'adoption des normes GAFI. Ils craignent que la mise en œuvre du GAFI n'entrave le financement des groupes qui leur sont inféodés au Moyen-Orient.
Néanmoins, en raison des sanctions américaines, le régime est dans la tourmente, l'économie sombre dans la crise, et les nouvelles contre-mesures du GAFI ont le potentiel d'alimenter davantage les protestations populaires qui sont de plus en plus fréquentes en Iran. Partout au pays, les gens protestent, notamment les ouvriers, les enseignants, les conducteurs de camion et les étudiants.
Le régime est très vulnérable, car ces protestations peuvent se transformer en revendications politiques. Les manifestants ne cessent de scander : « Quittez la Syrie, pensez à nous. »... « Notre ennemi est ici, ils mentent que c'est l'Amérique. » L'année dernière, des slogans comme « A bas Khamenei » ont été entendus lors du soulèvement de décembre/janvier qui a secoué le régime. Les protestations populaires sont à la hausse et menacent le régime en son sein. Le peuple iranien a élevé la voix et appelle au changement de régime dans son ensemble.
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