Une routine à Téhéran : Des annonces sur les murs pour la vente des membres du corps, avec le groupe sanguin, l'état de santé, l'âge du donateur et le numéro de téléphone à contacter
Une routine trop banale en Iran : Des annonces sur les murs pour la vente des membres du corps, avec le groupe sanguin, l'état de santé, l'âge du donateur et le numéro de téléphone à contacter.Il s’agit d’une dernière issue pour bon nombre d’Iraniens pour joindre les deux bouts. Ce qui rend la situation encore plus tragique, c'est que chaque jour, de plus en plus des jeunes rejoignent ce marché sinistre. La vente de reins, de foie, de rétine, etc., constitue une bouée de sauvetage pour ces jeunes victimes des retombées de la corruption de l’État qui fait des ravages.Plus scandaleux encore : ce sont les hôpitaux officiels et des institutions liées au pouvoir en place qui réalisent d'excellents bénéfices en faisant office d'intermédiaires dans le processus de vente des organes du corps.
L’une de ces institutions est l’Association des patients du rein et de l'hôpital Khomeiny à Téhéran, qui a récemment publié une annonce pour la vente des organes du corps. Les responsables de ces centres médicaux n'ont pas nié cette implication.
L'achat et la vente des organes du corps est devenu si banal à Téhéran que certaines parties de la ville sont devenues des quasi-marchés pour les acheteurs et les vendeurs, et les murs sont gribouillés de centaines d'annonces manuscrites.
"Si vous passez par la place Vali-e Asr devant le palais de la justice, il y a une ruelle qui est devenue un marché pour la vente du rein. Ces dernières années, quiconque veut acheter ou vendre des reins se rend dans cette allée. Au cours de l’an dernier, en plus des reins, des annonces pour la vente de foie et de rétine apparaissent également sur les murs. La vente des organes du corps est devenue une méthode populaire pour surmonter la pauvreté dans des circonstances où les problèmes économiques ont plié le dos de la société", écrit le quotidien Arman, en novembre.
"Mon fils a une maladie rare. Les spécialistes donnent des points de vue différents sur sa maladie et personne ne sait quel est le problème de mon fils... Le mois dernier, j'ai vendu mon rein. L’intermédiaire a pris la moitié de l'argent. Maintenant, je veux vendre une partie de mon foie pour payer les frais du traitement de mon fils", dit l’un des vendeurs au quotidien Arman.
D'autres vendent leurs parties de corps simplement pour mettre de la nourriture sur la table de leur famille.
"Je me suis séparée de mon mari et je réside maintenant dans l'une des bidonvilles de Zahedan[sud-est de l’Iran]. Nous faisons tout pour payer nos dépenses. Nous voulons vendre notre rein et nous espérons pouvoir utiliser nos revenus pour acheter un magasin afin d'assurer l'avenir de nos enfants", dit une femme, dans la province du Baloutchistan, à Shiite News, un autre site Web proche de l'État.
Les responsables du régime iranien encouragent et approuvent ouvertement la vente des organes du corps. "Qu'y a-t-il de mal à ce qu'une personne pauvre change sa vie [en vendant ses parties du corps et] en gagnant 200 à 300 millions de rials [4000 à 6000€] ? ", demandeHossein Ali Chahriari, le président de la Commission de la santé du parlement du régime iranien, cité par le site d'information Bahar en mars 2017.
Chariati ne se soucie pas bien entendu, des racines de cette précarité qui se développe en Iran. Une vaste corruption des hommes d’affaires liés au sérail et aux Gardiens de la révolution, des dépenses astronomiques de l’État dans des guerres d’usure dans le Moyen-Orient et un système de hiérarchie qui n’a rien à voir avec les compétences, ont ruiné l’économie iranienne et plongé dans une précarité dangereuse une bonne partie de la population.
Le régime n'a pas seulement forcé les pauvres à vendre leurs organes, mais il en a aussi fait une activité lucrative pour ses centres médicaux officiels tels que l'hôpital Khomeiny.
La vente des organes du corps est devenue si banale que des intermédiaires ont créé des marchés numériques pour faciliter l'achat et la vente.
"Les vendeurs des organes du corps s'affairent à des activités inhumaines sur Instagram ", écritShafaf, un journal d'information public, en octobre.
En même temps, alors que 96 % de la population iranienne se débat dans la précarité, l'élite dirigeante du pays s’offre un luxe agaçant dans les hauts quartiers de Téhéran. De quoi jeter le feu sur la poudre ?
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