Reporters sans Frontières – L’Iran est 174ème au Classement mondial de la liberté de la presse en 2021. Ce pays demeure l’un des pays les plus répressifs pour les journalistes. Le contrôle de l’information y est implacable. Depuis 1979 à ce jour au moins 860 journalistes et journalistes-citoyens ont été arrêtés, détenus ou exécutés par le pouvoir iranien. Dans un paysage médiatique très largement contrôlé par le régime islamique, la répression à l’égard des journalistes, des journalistes-citoyens et des médias indépendants ne faiblit pas : les intimidations permanentes, les arrestations arbitraires, les condamnations très lourdes prononcées à l’issue de procès iniques par des tribunaux révolutionnaires font toujours partie du quotidien de la presse iranienne. Cette répression contre la liberté d’information ne se limite pas à l’intérieur des frontières du pays. Les correspondants iraniens des médias internationaux sont également sous forte pression. Les autorités iraniennes continuent également d’exercer un chantage sur les familles de journalistes emprisonnés, à travers des menaces, voire des arrestations et des condamnations à de lourdes peines de prison. Le régime n’hésite pas non plus à couper totalement internet pendant de longues périodes pour priver la population d’informations alternatives alors que les journalistes-citoyens, très actifs sur les réseaux sociaux, se retrouvent au cœur du combat pour une information libre. Malgré sa résistance, cette presse peine également à exercer sa mission d’informer, tant le régime met tout en œuvre pour dissimuler la réalité, voire l’ampleur des catastrophes que connaît le pays. Cela a été le cas au début de l’année 2020 à propos de l’épidémie de coronavirus. La République islamique est l’un des pires pays au monde en matière de répression de la liberté de la presse à la faveur de la pandémie, et un pays champion de l’« infodémie de désinformation », pour reprendre le terme des Nations unies.
La crise sanitaire aggrave les pires habitudes du régime iranien en terme de désinformation.
Dissimulation d’informations, désinformation, voire mensonge d’État…. les méthodes habituellement utilisées par la République islamique d’Iran lors des crises et des catastrophes sont de nouveau à l’oeuvre depuis le début de l’épidémie de coronavirus.
En février, les autorités ont ainsi commencé par démentir l’ampleur de la propagation du virus après la publication d’informations de médias proches du pouvoir qui faisaient état de deux décès liés au Covid-19 dans la ville sainte de Qom, avant de reconnaître, deux mois plus tard, que le foyer initial de la contamination était bien l’école coranique de la ville, qui accueille des étudiants religieux chinois. Une fois la vérité de l’épidémie admise, le régime a tout mis en œuvre pour limiter la libre circulation d’informations sur la crise sanitaire. Diffuser des informations non officielles sur la crise ont valu à de nombreux journalistes et journalistes-citoyens d’être convoqués et interrogés, voire inculpés, pour “propagation de rumeurs”. Des tweets sur la situation sanitaire en prison a même valu à l’un d’entre-eux d’être arrêté.
Au lieu d’informer sur la réalité de l’épidémie, le régime iranien cultive le manque de transparence et se sert de la crise sanitaire pour alimenter sa propagande anti-américaine et dénoncer les sanctions imposées par États-Unis. La volonté de montrer au monde que l’Iran gère mieux la crise sanitaire que les Occidentaux et la désinformation d’Etat (officiellement le pays compte près de 70000 malades, et seulement 4.500 décès) risque de mettre en danger la vie de millions d’Iraniens.
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