La Maison du soleil, une ONG, est contrainte de fermer sa porte à des milliers de femmes victimes de violences dans le quartier de Darvazeh-Ghar à Téhéran.
Les responsables de l’ONG ont annoncé sur les médias sociaux la cessation de leurs activités à la fin mars 2022. L’ONG héberge 2 500 femmes victimes de violences, dont 600 ont été réhabilitées.
Très peu de centres accueillent les milliers de femmes toxicomanes, sans abri et victimes de violences en Iran. Il n’existe pas de centres qui soutiennent et prennent en charge les mères et leurs enfants.
La fermeture de la Maison du soleil, l’un des plus anciens refuges de Téhéran, intervient alors que, selon l’Organisation nationale de la protection sociale, il n’existe que 27 refuges dans ce pays. Chacun d’entre eux peut fournir des services à un maximum de 10 femmes en danger.
Qu’est-il arrivé à la Maison du soleil ?
Leila Arshad et Sorour Monshizadeh ont fondé la Maison du soleil en 2007 pour venir en aide aux femmes toxicomanes, sans abri et victimes de violences dans le quartier de Darvazeh Ghar, dans le sud de Téhéran. Le sud de la capitale est dévoré par la misère.
En 2014, La Maison du soleil accueillait quotidiennement 100 femmes et 25 enfants. Cependant, à la fin de l’hiver 2014, le centre s’est concentré sur la fourniture de compétences sociales et professionnelles pour améliorer la vie des victimes de violence qui s’étaient remises de leur dépendance et élevaient leurs enfants.
Dans une interview accordée au quotidien officiel Hamshahri, Leila Arshad, directrice exécutive du centre d’assistance sociale, a déclaré qu’étant donné la pression que le centre subissait, il n’y avait pas d’autre choix que de fermer.
« Les restrictions auxquelles nous sommes confrontées augmentent chaque jour », a-t-elle déploré. « La prise de décision dans le domaine des maux sociaux a beaucoup changé, et on veut laisser le travail social aux grandes institutions et ne plus fonctionner comme avant. »
Évoquant le rôle des organisations concernées dans la création d’une telle situation pour les femmes touchées, elle a déclaré qu’on leur a demandé de « laisser les personnes particulièrement blessées derrière elles, car elles finiront par mourir ! »
« L’un des problèmes est que nous n’avons pas de mesures de prévention de niveau 1 et de niveau 2. Notre prévention est de niveau 3. Cela signifie qu’il faut agir après qu’un accident ou une blessure se soit produit. On nous suggère d’aller dans la vallée de Farahzad dans la région de Khalazir, à Azadegan, à Darvazeh Ghar et dans d’autres endroits pour aider les toxicomanes. Comment peut-on aider les toxicomanes là-bas si on ne leur donne pas de quoi manger et se vêtir ? ». (Le quotidien officiel Sharghdaily.com – 2 mars 2022)
Yassaman Khaleghian, une journaliste couvrant les questions sociales, a décrit le quartier de Darvazeh Ghar : » Vous devez avoir entendu parler du nom de Darvazeh Ghar…. Je n’ai pas de mots pour expliquer à quel point l’environnement de Darvazeh Ghar est traumatisant, et les personnes qui y vivent sont vulnérables. C’est un environnement destructeur rempli de toxicomanes qui s’injectent et prennent toutes sortes de drogues la nuit, en public, devant tout le monde… L’absence d’un lieu comme la Maison du soleil signifie que les conditions dans ce quartier deviennent de plus en plus effrayantes. »
Existe-t-il des refuges en Iran ?
L’absence de refuges pour protéger les victimes de l’environnement violent en Iran fait partie des milliers de problèmes qui empêchent d’apporter un soutien aux femmes victimes.
La plupart des villes iraniennes manquent de refuges. Lorsqu’ils existent, la plupart des gens ne savent pas où ils se trouvent.
Selon Habibollah Massoudi Farid, directeur adjoint des affaires sociales de l’Organisation nationale de la protection sociale, il existe 27 refuges en Iran (Agence Khabaronline – 21 juillet 2022).
D’après ces informations, les refuges ne peuvent accueillir qu’une femme iranienne de plus de 10 ans sur 2 millions.
Après la tragédie de Mona Heydari, qui a été décapitée par son mari et dont la tête a ensuite été exhibée dans les rues, les femmes réfléchissent davantage à ce qu’elles doivent faire. De nombreux militants des droits des femmes estiment que le meurtre de Mona Heydari aurait pu être évité si elle avait eu accès à un refuge local.
« Non seulement nous n’avons pas de refuge, mais n’importe laquelle des maisons de la ville peut être une maison de l’horreur », a déclaré une femme qui vit dans le canton de Taybad, dans la province du Khorassan du Nord. « Il ne se passe pas un jour ou une nuit sans que l’on entende des cris et des pleurs provenant de l’une des maisons, et nous voyons les femmes et les proches voisins avec des yeux et des lèvres meurtris. »
Le régime iranien empêche les organisations caritatives de fonctionner
L’une des caractéristiques de la dictature misogyne des mollahs est son hostilité et son conflit avec la société civile. En établissant une base et en confiant la moindre affaire au Corps des gardiens de la révolution, le régime veut résoudre les questions sociales de manière militaro-sécuritaire.
« C’est l’une des choses les moins professionnelles qui se font à Téhéran […]. Il y a actuellement des points de vue militaires et des forces de l’ordre sur la question qui pensent que ces centres devraient être fermés. Des centres comme Chouch et Harandi devraient être fermés et sortis de la ville. Ce sont des mesures non professionnelles qui sont prises » (The state-run ILNA News Agency – 9 mars 2022).
Le régime clérical iranien ferme et dissout les organisations caritatives en les accusant d' »agir contre la sécurité nationale. » En mars 2021, les autorités judiciaires ont émis un décret officiel pour dissoudre l’ONG, Ahl-e-Ali.
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