lundi 20 janvier 2025

L’Iran intensifie la répression des femmes, des dissidents et des minorités

 Une femme iranienne ne portant pas le voile obligatoire marche dans le centre de Téhéran, Iran, 10 juin 2024.

CSDHI – Dans son « Rapport mondial 2025 », Human Rights Watch met en garde contre l’aggravation de la situation des droits de l’homme en Iran. Citant des preuves et des rapports, l’organisation souligne l’intensification de la répression des femmes et des filles, l’augmentation des exécutions, l’absence de procès équitables, le harcèlement des militants, des étudiants, des journalistes et des familles en quête de justice, ainsi que la poursuite de la discrimination à l’encontre de la communauté LGBTQ+ de la part de la République islamique en 2024.

Augmentation « alarmante » du nombre d’exécutions

Notant que l’Iran était l’un des cinq pays ayant enregistré le plus grand nombre d’exécutions en 2023, Human Rights Watch a également exprimé sa crainte que ce nombre ne soit élevé en 2024.

Dans son rapport annuel, l’organisation de défense des droits humains note que la République islamique impose la peine de mort pour des crimes commis dans l’enfance, ou de vagues accusations relatives à la sécurité nationale et des crimes non violents.

Le rapport cite des statistiques fournies par les Nations unies, qui indiquent que plus de 400 exécutions ont eu lieu en Iran au cours du premier semestre 2024.

À l’époque, un certain nombre d’experts de l’ONU avaient exprimé leur inquiétude quant aux longues peines de prison et aux exécutions de femmes appartenant à des groupes minoritaires pour des accusations de « sécurité nationale ».

Violation de la liberté d’association et d’expression

Dans son rapport annuel, Human Rights Watch note la détention de dizaines d’avocats, de militants et d’étudiants, ainsi que le harcèlement des familles des personnes tuées ou exécutées dans le cadre des manifestations « Femme, vie, liberté ».

Le rapport décrit également la répression généralisée des étudiants et l’expulsion de professeurs, soulignant que l’affaire a permis de recueillir au moins 30 étudiants qui ont fait l’objet de décisions disciplinaires l’année dernière pour des « commentaires pacifiques ».

Le rapport souligne que les chiffres réels sont probablement plus élevés.

Répression systématique des minorités ethniques et religieuses

Le rapport annuel de Human Rights Watch note que la persécution des bahaïs par la République islamique a atteint le niveau de « crimes contre l’humanité » et qu’en 2024, les deux tiers des bahaïs étaient des femmes emprisonnées.

Human Rights Watch a également documenté le viol, la torture et l’agression sexuelle de dizaines d’hommes et de femmes détenus issus des minorités kurde, baloutche et azérie lors des manifestations nationales de septembre à novembre 2022.

Le rapport souligne également l’usage d’une « force excessive et meurtrière » par les agents de la République islamique contre les Koulbars, qui seraient majoritairement kurdes.

Violations généralisées des droits des femmes et des filles

Le rapport décrit l’intensification des lois sur le hijab obligatoire, l’adoption d’un projet de loi intitulé « Hijab et chasteté » et la discrimination à l’égard des femmes en ce qui concerne les lois relatives au mariage, au divorce, à l’héritage et aux décisions relatives aux enfants.

En novembre dernier, la rapporteuse spéciale de l’ONU, Mai Sato, a également souligné dans son rapport que la situation des femmes et des filles en Iran s’était détériorée du point de vue des droits humains.

Le rapport de Human Rights Watch se penche également sur l’augmentation des cas de « féminicides » en Iran, citant les données du groupe Stop Killing Women in Iran, qui indique que 93 tentatives de féminicides ont été enregistrées au cours du premier semestre 2024, soit une augmentation de 60 % par rapport aux 55 de la même période en 2023.

Répression des défenseurs des droits de l’homme et de la société civile

Le rapport annuel de Human Rights Watch, citant des dizaines de défenseurs des droits humains emprisonnés en Iran, dont de nombreuses femmes, a mis en garde contre des « peines sévères » pour réprimer la dissidence et faire taire les voix dissidentes.

L’organisation de défense des droits humains rappelle la condamnation de 11 militantes des droits des femmes et militantes politiques arrêtées à Gilan en août 2023. Au total, ces militants ont été condamnés à plus de 60 ans de prison.

Le rapport mentionne également les peines de six ans de prison prononcées à l’encontre de Niloufar Hamedi et Elaheh Mohammadi, deux journalistes arrêtées pour avoir couvert la mort de Mahsa Amini alors qu’elle était détenue par la police des mœurs.

Absence de procès équitable et conditions de détention déplorables

Human Rights Watch a mis en garde contre l’absence de procédure régulière dans les tribunaux, en particulier les tribunaux révolutionnaires, notant que les aveux obtenus sous la torture sont souvent utilisés comme preuves.

Le rapport annuel de l’organisation cite la torture et les mauvais traitements infligés aux détenus comme un exemple de la « répression systématique des manifestations antigouvernementales par le gouvernement ».

L’organisation de défense des droits humains ajoute que les juges des tribunaux révolutionnaires ont toujours refusé d’enquêter sur les allégations de torture et de mauvais traitements.

Discrimination et mauvais traitements à l’égard des immigrants

Le rapport de Human Rights Watch note une discrimination et une pression accrues à l’encontre des citoyens afghans qui ont fui vers l’Iran, soulignant que beaucoup d’entre eux n’ont pas de résidence légale et ont été victimes de discrimination, d’abus et d’expulsion.

L’organisme de défense des droits de l’homme a mis en garde contre la mise en œuvre d’un plan qui entraînerait une baisse annuelle de 10% de la population étrangère du pays et imposerait des amendes pour l’embauche de ressortissants étrangers sans permis.

En octobre dernier, l’AFP a cité Abdul Ghani Ghazizada, chargé d’enregistrer les expulsés d’Iran dans la ville d’Islam Qala, qui a déclaré qu’environ 3 000 Afghans, dont certains sont nés en Iran, sont renvoyés de force en Afghanistan chaque jour.

Discrimination et persécution à l’encontre des minorités sexuelles et de genre

Le rapport annuel de Human Rights Watch souligne les lois discriminatoires de la République islamique à l’encontre des minorités sexuelles et de genre, y compris la flagellation et les condamnations à mort pour homosexualité.

Source: CSDHI 

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