mercredi 15 janvier 2025

Des experts internationaux condamnent le maintien par l’Iran de la condamnation à mort de la militante kurde Pakhshan Azizi

 Un collectif d’experts indépendants en matière de droits de l’homme a exprimé sa profonde inquiétude quant à la récente décision de la Cour suprême iranienne de confirmer la condamnation à mort de Mme Pakhshan Azizi, une militante et travailleuse sociale kurde. Les experts ont condamné cette décision qui constitue une grave violation du droit international en matière de droits de l’homme.

Les charges retenues contre Mme Pakhshan Azizi n’atteignent pas le seuil des « crimes les plus graves » requis par le droit international pour l’application de la peine de mort », ont déclaré les experts. « Sa condamnation à mort constitue une grave violation des normes internationales en matière de droits de l’homme.

Mme Pakhshan Azizi a été appréhendée à Téhéran le 4 août 2023 par les services de renseignement iraniens. Elle a passé cinq mois à l’isolement dans le tristement célèbre pavillon 209 de la prison d’Evine, où des informations indiquent qu’elle a été soumise à de graves tortures physiques et psychologiques. Le 23 juillet 2024, la branche 26 du tribunal révolutionnaire de Téhéran l’a condamnée à mort pour « rébellion armée contre l’État (baghy) » et « appartenance à des groupes d’opposition », ainsi qu’à une peine de quatre ans d’emprisonnement pour son affiliation présumée au Parti de la vie libre du Kurdistan (PJAK). Cette condamnation à mort a été confirmée le 8 janvier 2025 par la section 39 de la Cour suprême.

Les experts ont souligné que les activités de Mme Pakhshan Azizi en tant que travailleuse sociale, y compris ses efforts humanitaires en faveur des réfugiés en Irak et en Syrie, étaient légitimes et ne justifiaient pas les accusations portées contre elle.

Il est alarmant de constater que sa détention a été marquée par des violations flagrantes des droits de l’homme, notamment des aveux forcés obtenus sous la torture, le refus d’accès à une représentation juridique de son choix et des restrictions sur les visites de sa famille. Plusieurs membres de sa famille auraient également été placés en détention temporaire et accusés d’atteinte à la sécurité nationale, apparemment dans le cadre des efforts déployés pour la contraindre à avouer.

« Le recours à la torture pour obtenir des aveux et le déni des droits à un procès équitable rendent la condamnation à mort de Mme Pakhshan Azizi arbitraire par nature », ont noté les experts.

Le cas de Mme Pakhshan Azizi reflète une tendance plus large et inquiétante en Iran. Plus de 900 exécutions ont eu lieu en 2024, avec une augmentation notable des exécutions de femmes. Le ciblage des militantes kurdes avec des accusations politiquement motivées a encore souligné la persécution systématique des femmes minoritaires dans le pays.

« Nous sommes profondément préoccupés par le ciblage spécifique des militantes kurdes », ont déclaré les experts. « Les poursuites engagées contre Mme Pakhshan Azizi illustrent l’intensification de la persécution des militantes des minorités en Iran et l’intention du régime de les réduire au silence en instaurant un climat de peur.

Les experts ont appelé les autorités iraniennes à :

  • Annuler immédiatement la condamnation à mort de Mme Pakhshan Azizi.
  • Mener une enquête impartiale sur les allégations de torture et de violations des droits à un procès équitable.
  • Cesser le harcèlement et le ciblage des femmes activistes et assurer leur protection.

Le groupe d’experts comprend notamment Mai Sato, rapporteur spécial sur la situation des droits de l’homme en République islamique d’Iran, Morris Tidball-Binz, rapporteur spécial sur les exécutions extrajudiciaires, sommaires ou arbitraires, Reem Alsalem, rapporteur spécial sur la violence contre les femmes et les filles, Nicolas Levrat, rapporteur spécial sur les questions relatives aux minorités, et Gina Romero, rapporteur spécial sur les droits à la liberté de réunion et d’association pacifiques.

Ils restent en contact avec le régime iranien sur cette question, demandant instamment le respect des obligations internationales en matière de droits de l’homme et un redressement immédiat de la situation.

Source: CSDHI 

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