La révolution antimonarchique du 11 février 1979 a été un moment décisif dans l’histoire de l’Iran. Elle a marqué la fin de décennies de dictature sous le régime du chah et le début d’une nouvelle ère d’espoir pour la liberté, la démocratie et la justice sociale. Les femmes ont joué un rôle essentiel dans la révolution, influencées par les idéaux progressistes des mouvements des Moudjahidine et des Fedayins.
Malgré l’oppression brutale de la police secrète du chah, la SAVAK, ces femmes ont lutté sans relâche pour un avenir meilleur pour elles-mêmes et pour leur pays. Elles ont enduré la torture, l’emprisonnement et même la mort dans leur quête de liberté. Ces femmes courageuses ont été des symboles de résistance, inspirant les générations à venir.
Jaleh Daii, Fatemeh Amini, Ashraf Rajavi, Asharf Ahmai, Zahra Nowruzi et Massoumeh Shademani étaient parmi les nombreux prisonniers politiques sous le chah qui ont souffert aux mains de la SAVAK.
Ces femmes et leurs sacrifices nous rappellent la puissance de l’esprit humain et l’importance de la lutte pour la justice. Leur héritage continue d’inspirer les femmes d’Iran et du monde entier jusqu’à ce jour.
Jaleh Daii, ancienne prisonnière politique sous le chah
Jaleh Daii, aujourd’hui membre du mouvement d’opposition OMPI, a été emprisonnée par la police secrète du chah à l’âge de 15 ans et a été témoin du traitement horrible réservé aux prisonniers.
Jaleh a été arrêtée en 1976. On lui a couvert la tête et on l’a emmenée dans l’un des centres de détention notoires de la police secrète, connu sous le nom de Komiteh Shahrbani.
Elle a déclaré : “Je me souviens avoir montée les escaliers et traversée les couloirs. Bien que ma tête soit couverte, je pouvais voir le sol. Je pouvais voir les jambes des prisonniers qui étaient assis sur le sol et attendaient dans le couloir. Ils avaient tous été fouettés et leurs pieds et jambes étaient ensanglantés et enflammés. Certaines jambes étaient infectées jusqu’au genou”.
Jaleh a passé quelques mois dans cet endroit épouvantable, puis a été transférée dans le quartier des femmes de la prison de Qasr, où étaient détenues au moins 100 prisonnières politiques de tous âges.
Jaleh raconte : “Toutes les prisonnières sans exception avaient été torturées et fouettées. J’ai vu beaucoup d’étudiantes mineures comme moi.”
Fatemeh Amini
Fatemeh Amini est devenue un symbole de la lutte des femmes pour la liberté et est morte sous la torture. Fatemeh Amini a commencé ses activités politiques en tant qu’intellectuelle éprise de liberté à l’école de littérature de l’université de Machad et a rapidement formé l’Association des femmes progressistes.
Après avoir obtenu son diplôme en 1964, elle a commencé à enseigner dans des lycées de filles.
En 1970, elle se rend à Téhéran où elle fait la connaissance de l’opposition clandestine OMPI, dont elle devient rapidement membre.
La police secrète du chah a arrêté Fatemeh Amini en 1974 et l’a emmenée sous la torture.
Fatemeh a été fouettée et torturée pendant des mois. Son dos a été brûlé avec un grilloir électrique pendant de longues heures. Bien qu’elle soit devenue paralysée sous la torture, elle n’a même pas donné son nom aux interrogateurs. Elle est finalement morte sous la torture le 16 août 1975.
Sa résistance sous la torture a constitué un modèle inégalé pour les jeunes filles éprises de liberté en Iran. Après la révolution antimonarchique de 1979, des dizaines de lycées ont été baptisés de son nom.
Ashraf Radjavi
Ashraf Radjavi a perdu l’ouïe suite à des tortures sauvages mais a continué à se battre pour la liberté jusqu’à ce qu’elle soit tuée par les mollahs en 1982.
Ashraf Radjavi avait obtenu une licence de physique à l’université de Téhéran. Mais son cœur allait vers les personnes démunies qui souffraient dans un pays assis sur une mer de pétrole.
Bien qu’ayant la possibilité de mener une vie agréable, elle a choisi d’aider les défavorisés.
C’est ainsi qu’elle fait la connaissance des Moudjahidines du peuple ou OMPI, une nouvelle organisation clandestine anti-chah, et qu’elle la rejoint en 1971.
Elle a été arrêtée deux fois, de 1972 à 1974 et en 1976, et a subi des tortures sauvages à cause desquelles elle a perdu l’audition d’une oreille.
Jaleh Daii explique que la première fois qu’elle a vu les cicatrices de torture sur le corps d’Ashraf Radjavi, elle n’a pas pu supporter de les voir et s’est évanouie.
Le régime du chah a condamné Achraf à la prison à vie mais le peuple iranien l’a libérée avec le dernier groupe de prisonniers politiques le 20 janvier 1979.
Ashraf a continué sa lutte pour la liberté. Pour cette raison, les mollahs ont terminé le travail inachevé du chah. Ils ont tué Achraf Radjavi le 8 février 1982.
Ainsi, la vie et la mort d’Achraf sont devenues la tradition d’une génération de femmes de l’OMPI en Iran qui dirigent la Résistance iranienne aujourd’hui.
Massoumeh Shademani
Massoumeh Shademani, connue sous le nom de Mère Kabiri, était une femme pleine d’entrain qui inspirait ses codétenues malgré les tortures brutales qu’elle subissait.
Massoumeh Shademani ou Mère Kabiri faisait partie du dernier groupe de prisonniers politiques libérés des geôles du chah une dizaine de jours avant la révolution antimonarchique de 1979.
Massoumeh Shademani avait 40 ans et cinq enfants lorsqu’elle a rejoint l’OMPI. Elle a été arrêtée en 1974, et emmenée sous une torture brutale. Ses interrogateurs savaient tout de ses activités, mais elle n’a pas dit un mot sous la torture.
Jaleh dit que les jambes de Mère Kabiri ont été déformées sous la torture et qu’elle pouvait à peine marcher.
Mais Mère Kabiri était toujours pleine d’entrain et inspirait ses codétenues. Le tribunal de première instance l’a condamnée à mort, un verdict qui a ensuite été commué en prison à vie.
Elle avait passé cinq ans en prison lorsqu’elle a été libérée par le peuple iranien lors de la révolution antimonarchique de 1979.
Deux ans plus tard, Mère Kabiri a été exécutée par le régime de Khomeini.
Ashraf Ahmadi
Ashraf Ahmadi est une autre femme iranienne courageuse torturée par la police secrète du chah. Elle avait quatre enfants et a été détenue pendant trois ans sous le régime du chah.
Ashraf Ahmadi a commencé ses activités au sein du OMPI en 1971. Son frère aîné était un prisonnier politique. La première fois qu’elle a été arrêtée en 1975, elle était enceinte et souffrait d’un problème cardiaque. Cependant, la police secrète, la SAVAK, l’a impitoyablement torturée pour lui soutirer des informations.
Ashraf est restée forte et résistante sous la torture et elle n’a donné aucune de ses vastes informations sur les activités de l’OMPI. Elle a été condamnée à 15 ans de prison mais a été libérée trois ans plus tard, juste avant le renversement du chah.
Ashraf Ahmadi a de nouveau été arrêtée par les mollahs. Elle fait partie des 30 000 prisonniers politiques massacrés en 1988.
Zahra Nowruzi
Une autre exemple vivante de résistance héroïque sous la torture dans les prisons du chah est Zahra Nowruzi ou Mère Rezai. Elle a perdu huit enfants et beaux-parents sous les deux dictatures.
En 1975, elle et ses filles ont été arrêtées par la SAVAK, la police secrète du chah.
Mère Rezai a expliqué un jour : “Au début, ils m’ont beaucoup torturée comme mes enfants. Ils m’ont fouetté la plante des pieds de telle sorte que ma chair s’est ouverte. Mon pied gauche était pire que le droit. La dernière fois qu’ils m’ont fouetté, je n’avais plus d’énergie en moi. Ils se sont arrêtés mais un des interrogateurs a continué à me fouetter sur la tête et le cou.
“Une autre nuit, ils m’ont appelé et ont recommencé à me fouetter. Mes pieds ont commencé à saigner. Je suis tombée sur le sol et l’interrogateur a appuyé son pied sur mon dos. Puis ils m’ont suspendu à la fenêtre par les poignets et ont retiré la chaise de sous mes pieds.
“Ensuite, ils ont détaché l’un de mes poignets et m’ont laissé pendre par un poignet. Mon bras et mon poignet avaient gonflé, alors ils m’ont fait descendre et m’ont jeté dans ma cellule. Mes pieds s’étaient gravement infectés.
“J’ai passé plusieurs mois dans une cellule d’isolement et une autre année dans la prison d’Evine sans avoir de nouvelles de mes jeunes enfants. Puis ils m’ont jugée et m’ont condamnée à trois ans de prison.”
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Ce ne sont là que quelques exemples parmi les nombreuses autres injustices commises par le régime du chah. La bravoure de ces femmes témoigne de l’impact des femmes iraniennes sur la révolution antimonarchique de 1979. Elles sont des symboles de résistance et continuent d’inspirer des générations à se battre pour la liberté, la démocratie et la justice sociale.
Au milieu des années 1970, les mères et les familles des prisonniers politiques et celles dont les fils et les filles avaient été exécutés par le chah ont formé le tout premier noyau des groupes de résistance.
Les derniers mois précédant la révolution antimonarchique de 1979 ont vu une vaste participation de jeunes femmes et de jeunes filles dans toutes les villes du pays.
Les femmes sont apparues comme une nouvelle force sérieuse dans la révolution de 1979, jouant un rôle remarquable. Elles ne pouvaient être arrêtées et étaient partout en phase avec les hommes.
L’ampleur de la participation des femmes à la Révolution de 1979 qui a renversé le chah était sans précédent dans l’histoire de l’Iran. Ce fut un grand pas en avant pour les femmes iraniennes qui ont poursuivi leur lutte désintéressée contre une dictature plus brutale sous les mollahs.
Les femmes iraniennes ont progressé au point de diriger la principale force d’opposition, l’OMPI , depuis plus de trois décennies, et d’inspirer le leadership des femmes de la révolution iranienne, aujourd’hui.
Les femmes iraniennes et le peuple iranien, en général, disent non à toutes les formes de dictature. Comme nous les avons entendus le chanter à chaque occasion en Iran et à l’étranger, “Non à l’oppresseur, qu’il s’agisse du chah ou du chef des mollahs”.
Les femmes iraniennes regardent vers l’avenir, pas vers le passé. Elles veulent une république démocratique, moderne et libre, avec la séparation de la religion et de l’État, l’égalité des sexes, pas de torture, pas d’exécutions, pas de police secrète et pas d’IRGC.
Source: CNRI Femmes
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