mercredi 9 juin 2021

Editorial- Élection iranienne 2021 : Se raccrocher à la paille pour sauver un bateau qui coule

 Le Mahatma Gandhi a dit un jour : « Tout au long de l’histoire, il y a eu des tyrans et des assassins, et pendant un temps, ils peuvent sembler invincibles. Mais à la fin, ils tombent toujours – pensez-y, toujours. »

Dans cette conclusion, il n’y a aucun doute. Mais peu avant leur chute, les tyrannies optent généralement pour l’une des deux voies conséquentes. Certaines se rendent à la réalité et se sentent inutiles. Elles acceptent la défaite ou des réformes pacifiques. D’autres sont incapables de réformes et n’ont d’autre choix que de devenir encore plus tyranniques.

Le régime iranien appartient à cette dernière catégorie de parias internationaux. Avec l’ascension du meurtrier de masse Ebrahim Raïssi comme prochain président du régime, les mollahs ont essentiellement décidé d’intensifier leur guerre contre le peuple iranien.

Il y a là une grande leçon pour la communauté internationale : Pour le régime iranien, les calculs les plus conséquents sont internes. Le peuple iranien rejette depuis longtemps le pouvoir théocratique absolu comme étant totalement illégitime, criminel et incompétent. Les « élections » sont critiquées comme étant une farce, un simulacre, ou une tentative apathique et désespérée de revendiquer le moindre semblant de légitimité dans le pays et à l’étranger.

Mais, d’après toutes les indications, les Iraniens vont boycotter les élections présidentielles du 18 juin. Suite à l’appel de la présidente élue du CNRI, Maryam Radjavi, le réseau de l’OMPI et les unités de Résistance ont lancé une campagne nationale, exhortant les citoyens à ne pas voter, terrifiant Khamenei, qui a averti que le boycott de la farce électorale serait un péché cardinal !

De nombreuses mères éplorées de manifestants tués lors des soulèvements massifs de novembre 2019 ont publié des vidéos virales, exhortant le peuple à ne pas se rendre aux urnes et à plutôt « voter pour le renversement du régime ».

En effet, les appels au « renversement » sont la kryptonite du régime théocratique. En vertu de sa position d’autorité suprême du régime, le Guide Suprême des mollahs, Ali Khamenei, entend cet appel populaire plus que quiconque. Il est maintenant pris entre le marteau et l’enclume.

Le régime est en proie à une multitude de crises sans précédent. L’économie est dans un état de délabrement complet et total. La mauvaise gestion économique, la corruption astronomique et la poursuite de projets nucléaires et terroristes aux dépens du peuple iranien ont conduit des millions de personnes en dessous du seuil absolu de pauvreté.

Si Khamenei cède aux demandes du peuple en matière d’économie et de droits humains, par exemple, il devra également céder à la communauté internationale sur le terrorisme et le dossier nucléaire. Cela signifierait essentiellement qu’il a choisi la voie des réformes, ce qui conduirait finalement au renversement du régime tyrannique barbare en raison des nombreux crimes qu’il a déjà commis contre le peuple iranien.

D’un autre côté, si Khamenei choisit d’adopter une attitude plus agressive – ce qui, selon toutes les indications, semble être sa décision, compte tenu de la disqualification de tous les autres candidats sérieux à la présidence, à l’exception de Raïssi – il suscitera davantage de ressentiment populaire, de protestations, d’actes de rébellion et, finalement, de renversement. Dans tous les cas, il navigue sur un bateau qui coule.

Khamenei a choisi cette dernière voie, confirmant une fois de plus que le régime est incapable de se réformer. L’ascension de Raïssi sonne le glas du régime. Il a été un personnage clé dans le massacre de plus de 30 000 prisonniers politiques en 1988, suite à une fatwa émise par Khomeini pour massacrer tous les militants et sympathisans de l’OMPI qui refusent de dénoncer l’organisation. Des jeunes ont récemment utilisé le hashtag « Henchman of 1988 » pour décrire Raïssi, qui est ensuite devenu une tendance sur Twitter. Il est tellement méprisé que le peuple iranien n’a d’autre conclusion que le fait que le régime se prépare à une guerre totale contre la population.

Il y a ici des leçons cruciales pour la communauté internationale. Le régime est incapable de faire des réformes. L’opposition entre « modérés » et « radicaux » est obsolète. Le peuple iranien appelle au renversement de l’ensemble du régime. Khamenei a maintenant tracé une ligne dans le sable : quiconque s’insurge contre la dictature des mollahs aura affaire à l’homme de main Raïssi. Mais le peuple iranien n’abdiquera pas.

La communauté internationale doit tracer sa propre ligne dans le sable, tenir compte de l’observation historique pertinente de Gandhi, cesser de complaire et de négocier avec une tyrannie désespérée qui cherche à survivre par tous les moyens, et adopter une politique ferme à l’égard des mollahs illégitimes.

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